"Je vais tuer Hitler" : à la recherche de ce jeune juif qui a menacé le Führer

durée de la vidéo : 00h01mn33s
extrait du documentaire "Je vais tuer Hitler" ©Squawk

Joseph, jeune homme juif de 18 ans, est parti de sa maison sous l'Occupation allemande en France, en disant « Je pars, je vais tuer Hitler ». Il était le grand-oncle de Pauline Horovitz, réalisatrice, à l'initiative d'un documentaire qui part sur les traces du disparu.

Joseph s'en est allé une nuit pendant l’Occupation et il n'est jamais revenu. Son existence est devenue un secret de famille que la réalisatrice Pauline Horovitz a décidé de révéler dans un documentaire "Je vais tuer Hitler".

Il a disparu de l’histoire de la famille comme de l'Histoire tout court puisqu'il ne se trouve sur aucune liste de déportation et la seule archive où il apparaisse est une photo de famille quand il était enfant.

Qu’est-il devenu ? Et pourquoi plus personne n’a jamais mentionné son nom ?

Une enquête historique


Avec ce film, Pauline Horovitz tente de faire ressusciter un membre de la famille dont personne ne se souvient ou dont personne ne parle. L'histoire de Joseph pourrait être plus largement l'histoire de ces juifs de l’est, venus chercher une vie meilleure en France et qui ont disparu sans laisser de traces.

Afin de construire le personnage de Joseph et sa vie, questions, hypothèses et recherches nourrissent ce documentaire. En visite chez son père à Bordeaux, Pauline fouille dans les dossiers et photos de famille pour mettre un visage sur le jeune Joseph et chercher des indices pour lui redonner vie à sa façon.


Elle ne peut que partiellement compter sur la collaboration de son père qui a toujours tu, comme le reste de la famille, cette histoire comme tout ce qui pourrait dévoiler d'eux et sur eux une identité juive. Par contre, il est plus disert sur les souvenirs qu'il a gardé de sa grand-mère.

On est au courant mais on ne parle pas.

Jacques Horovitz

père de Pauline

On suit également la réalisatrice, qui joue son propre rôle dans le documentaire et passe plusieurs fois devant la caméra, jusqu'en Pologne, à Noskow, village d'origine de sa famille.

Une tentative compliquée puisqu'elle se retrouve dans un pays qu'elle juge hostile et se heurte aussi à des Polonais peu collaboratifs sur le terrain.

Un retour aux origines, où tout a commencé, en Pologne.

Pauline Horovitz

Réalisatrice

Jusqu'au moment où, à force d'acharnement et de recherches diverses, la trace de Joseph et de la famille apparaissent noir sur blanc dans des archives communales. Un moment de grande émotion pour Pauline qui comprend à cet instant que tout cela n'était pas vain.

Joseph est bien né à Noskow en 1921, et non en 1926 comme on lui avait pourtant dit, avant son arrivée en France avec sa famille alors que sa mère a échappé de peu à la déportation.

De là, découlent un certain nombre d'informations sur cet oncle mystérieux, comme le fait qu'il se soit engagé dans la légion polonaise à Parthenay dans les Deux-Sèvres pendant l'exode.

Une histoire de famille

Chaque famille a ses secrets. Dans les familles juives européennes, la Shoah a marqué un avant et un après. Dans la famille de Pauline Horovitz, le silence est toujours de mise et la Shoah reste un sujet tabou. Par hasard, il y a quelques années, elle a cependant appris l’existence de ce grand-oncle, Joseph, dont elle ignorait l’existence. C’était le plus jeune frère de sa grand-mère.
De lui, elle ne savait que trois choses : qu’il était apparemment né en 1926 en Pologne, qu’il était épileptique et qu’il était parti un jour de la maison familiale en disant : « Je pars, je vais tuer Hitler ».
Par contre, on lui avait toujours parlé de son grand-oncle Jacob, qui lui, a été déporté « officiellement », dans l’avant-dernier convoi parti de Drancy en 44, avec le père et le frère de Simone Veil. L'autre grand-oncle Joseph, lui, était passé sous silence.

C'est alors pour tenter de comprendre pourquoi on n'avait jamais parlé de ce dernier que l'idée de ce documentaire s'est imposée. Dans celui-ci, la réalisatrice nous immisce discrètement, mais ouvertement, dans l'intimité de sa famille et de son histoire et nous partage l'aboutissement de sa quête. Sa façon à elle de lutter contre l'oubli et d'immortaliser une histoire à travers l'Histoire.

Retrouver la trace de l’oncle Joseph parti tuer Hitler, c’est partir à mon tour, armée d’une caméra, tuer ce qui nous menace, l’oubli.

Pauline Horovitz

Réalisatrice

Un autre film de famille

Pauline Horovitz n'en est pas à son coup d'essai en termes de films de famille puisqu'elle a signé "Papa s'en va", lui aussi coproduit par France Télévisions et diffusé sur France 3 Nouvelle-Aquitaine. Elle relate dans ce documentaire, avec sa manière très personnelle d'observer et de filmer les protagonistes, l'histoire et le parcours de son père, gynécologue bordelais à la retraite, qui a décidé d'embrasser la carrière d'acteur à 70 ans. Ce documentaire a été récompensé deux fois au Vevey International Film festival avec le VIFF d'Or et le prix du public.

Elle a aussi réalisé une vingtaine de courts métrages et a signé récemment "Ma guerre des mondes", une série documentaire qui interroge les liens entre l’être humain et l’animal pour Arte.

Je vais tuer Hitler

Jeudi 25 janvier à 22.50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine 

Et aussi à voir ou revoir en replay sur  france.tv 30 jours après la diffusion

Un film de Pauline Horovitz

Une coproduction Squawk - France Télévisions

Avec le soutien du CNC, Centre National du Cinéma et de l’Image Animée et de la région Nouvelle-Aquitaine

Durée : 52 min

NB : Ce documentaire a fait l'objet d'une projection en avant-première au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme à Paris.

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