S'ils partagent tous le même constat catastrophique et les mêmes difficultés, les syndicats agricoles se différencient par leurs revendications et leurs modes d'action. Illustration en Corrèze, où les agriculteurs de tous bords ont rejoint les manifestations ce 25 janvier.
À 15 h 30, ce jeudi 25 janvier, des tracteurs alignés sur l'A20 à hauteur d'Ussac ont créé un nouveau point de blocage, marquant le ralliement des agriculteurs de la FDSEA de la Corrèze au mouvement de colère national.
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Deux cents agriculteurs, une cinquantaine de tracteurs, une trentaine de bennes et quelques bétaillères ont investi l'autoroute au nord de Brive. Les manifestants ont prévu de tenir le siège toute la nuit.
Dès le début de la matinée, le préfet de la Corrèze annonçait de fortes perturbations attendues dans l'après-midi dans toute l'agglomération de Brive, et invitait la population à "éviter le secteur, reporter les déplacements non nécessaires, et privilégier le télétravail."
#Manifestation | La mobilisation des agriculteurs a débuté sur l'A20.
— Préfet de la Corrèze (@Prefet19) January 25, 2024
L'autoroute est bloquée entre les échangeurs 47 et 50.
Mise en place de déviations :
Nord ➡ Sud par Saint Viance et Allassac
Sud ➡ Nord par Brive et Donzenac
👉 Évitez le secteur, limitez vos déplacements pic.twitter.com/8iyQwaeMv8
Dissensions syndicales
Issue d'une scission avec la FNSEA en 1991, la Coordination rurale, second syndicat français en métropole, annonce de son côté qu'elle mettra en place un barrage demain vendredi 26 janvier à la sortie de Brive.
Une opération escargot est prévue à 10h entre les sorties 52 et 51, avant d'installer un blocage sur l'A20.
Fin des traités de libre-échange avec les pays hors union européenne, baisse des prix du gazole non routier et revenu décent des agriculteurs, les revendications de la coordination rurale sont similaires à celles de la FNSEA, mais les dissensions avec le syndicat agricole majoritaire restent marquées : "Un paquet d'agriculteurs qui ne sont pas syndiqués ont compris le réseau qui se maille dans les campagnes entre le Crédit Agricole, la MSA, les assurances. C'est la FNSEA qui gère tout et aujourd'hui tout le monde en a ras-le-bol" déclare Alexandre Clare, membre de la Coordination rurale en Corrèze, qui dénonce notamment dénonce la double casquette du patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, également à la tête d’une multinationale agroalimentaire. "Ça fait 50 ans qu'ils sont au pouvoir et ça fait 50 ans qu'on est toujours dans la même misère".
Présent sur le barrage de l'A20, le président de la FDSEA Corrèze, Daniel Couderc ne s'émeut guère de ces attaques. Pour lui, à chacun sa bataille : "Ils mènent leurs opérations. Nous, on est sur nos revendications et on défend nos revendications".
Il est temps que le gouvernement assume ses responsabilités, et écoute tous les syndicats
Jonathan AuzouPorte-parole Confédération Paysanne Corrèze
Ni blocage, ni fumier, à Argentat-sur-Dordogne, la Confédération paysanne manifeste sans fracas. Un petit panneau, qui propose une autre direction pour l’agriculture française.
"Nous aussi, on a un message à faire passer. Nous aussi, on en a marre de ne pas vivre de notre métier. Nous aussi, on est contre le libre-échange. Nous aussi, on veut que la loi Egalim soit mise en place rapidement. On fait le même diagnostic que nos collègues, et on propose une nouvelle direction pour l'agriculture, celle de l'agriculture paysanne", déclare Jonathan Auzou, porte-parole Confédération Paysanne Corrèze, qui précise que son revenu s'élève aujourd'hui à 4,6€ de l'heure, aides de la PAC inclues.
Les exigences climatiques, énergétiques et de santé obligent les paysans à modifier leur façon de produire. Tout le monde le sait.
Jonathan AuzouPorte-parole Confédération Paysanne Corrèze
Le constat est le même pour tous les agriculteurs, pas les solutions. "Les pesticides, les engrais, l'agrochimie, on sait que ça ne marche pas, mais on continue, on accélère, regrette cet adhérent de la confédération paysanne. Quand ils disent (la FNSEA, ndlr) qu'ils veulent une pause sur les normes environnementales, c'est du délire".
Face à la fronde des agriculteurs, des réponses du gouvernement sont attendues ce vendredi 26 janvier.
Récit : Céline Serrano avec les équipes de reportage de France 3 Limousin et France 3 Pays de Corrèze.