Colère des agriculteurs : les éleveurs limousins manifestent aussi contre un accord de libre échange avec l'Amérique du Sud

La France ne s'oppose pas à la signature d'un accord de libre échange entre l'Europe et l'Amérique du Sud. Les éleveurs limousins craignent de voir arriver une viande de piètre qualité sur le marché. Elle ne répondrait pas aux mêmes normes sanitaires et environnementales et serait donc moins chère.

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Si vous parlez espagnol, vous avez forcément une vague idée de ce que peut être le "Mercado Común del Sur", couramment abrégé Mercosur. Ce marché commun du sud est une communauté économique qui regroupe différents pays d'Amérique du Sud. 

La circulation des citoyens et les échanges économiques sont ainsi facilités entre ces pays sud-américains. Le Mercosur est un peu l'équivalent de la communauté Européenne, à la différence près que le Brésil et l'Argentine exportent à eux seuls autant de maïs que l'ensemble de l'Europe. Nous avons donc affaire à des géants économiques.

En quoi cela concerne les éleveurs de Limousines ?

Le problème est que des négociations pour un accord de libre échange se poursuivent entre la commission européenne et le Mercosur, sans que la France s'y oppose.

Le Sénat s'en est d'ailleurs ému il y a quelques jours, en votant une résolution posant des "lignes rouges fermes" à l'adoption de cet accord. Christian Redon-Sarrazy, Sénateur (PS) de la Haute-Vienne, les a détaillées devant le ministre de l'Agriculture

Si la viande bovine pouvait circuler librement entre l'Amérique du Sud et l'Europe, la part d'importation du bœuf Mercosur passerait de 13 à 26% sur le marché Européen.

On a bien vu ce qui est arrivé il y a 30 ans avec le mouton néo-zélandais. Le prix de référence en France est devenu celui de la viande étrangère.

Pascal Lerousseau

Président de la chambre d'agriculture de la Creuse

Mais alors, direz-vous, la viande Limousine n'a absolument rien à voir avec celle produite en Amérique du Sud et le consommateur ne s'y trompera pas. Les experts en marketing pourraient même dire qu'il s'agit d'un marché de niche : une viande de luxe que l'on achète pour se faire plaisir. 

En fait, la réalité est tout autre. La part des viandes limousines labellisées ne concerne que 8% de la production de viande limousine. Selon Pascal Lerousseau, président de la chambre d'agriculture de la Creuse, "la labellisation coûte très cher et entraîne beaucoup de contraintes. Ça dégoûte les éleveurs. L'essentiel de la viande limousine est de qualité, mais vendue sur le marché comme toutes les autres".

Soutien à l'industrie ou à la petite agriculture ?

Un accord bilatéral de libre échange permettra aussi à la France de vendre ses produits en Amérique du Sud.

Selon Christian Redon Sarrazy, "la priorité du gouvernement est que les grands groupes industriels puissent échanger leurs produits avec ces pays, au détriment de la petite agriculture française. Ce raisonnement oublie les gens qui vivent sur le territoire."

On regrette que ce gouvernement tienne un discours différent à Bruxelles, à Paris et en Creuse. Tous les autres pays défendent leur agriculture. Les grands patrons ont mis Macron au pouvoir, et il faut maintenant qu'il renvoie l'ascenseur

Pascal Lerousseau

Président de la chambre d'agriculture de la Creuse

Pierre Venteau est l'ancien député "En Marche" de la Haute-Vienne. Il est désormais directeur de l'association "Pomme Poire", et est en quelque sorte devenu lobbyiste agricole.

Il note que les exploitations agricoles sont de moins en moins nombreuses en France : "on a perdu 800 000 vaches en quelques années. Or, la consommation de viande est encore très importante. Le Mercosur va déstabiliser le marché en faisant baisser les prix, à un moment où les agriculteurs n'en ont vraiment pas besoin."

La viande bovine, un produit à part

Toute tendance confondue, et alors que les agriculteurs intensifient leurs actions sur le terrain, il est de bon ton de les soutenir. Ce vendredi 26 janvier 2024, le premier ministre devrait faire une série d'annonces.

L'abandon d'un accord de libre échange avec le Mercosur fait partie des revendications. 

Rien de mieux que le commerce pour asseoir la souveraineté européenne. Mais la viande Mercosur ne répond pas aux mêmes normes environnementales, sanitaires et de tracabilité que nous.

Pierre Venteau

Ancien député "En Marche" de la Haute-Vienne

Alors pour Christian Redon-Sarrazy, des clauses miroir sont nécessaires : "comment l’Union européenne, pourrait-elle ratifier un accord commercial (...) tout en prônant un renforcement des normes sociales et environnementales à l’échelon mondial et en se contentant d’une déclaration sans caractère contraignant en la matière en annexe du traité Mercosur ?"

Selon nos informations, les négociations en cours entre la commission européenne et le Mercosur, iraient dans le sens des éleveurs français. La viande bovine serait considérée comme un produit sensible, avec des quotas et des normes sanitaires très strictes pour la viande importée en Europe. 

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