Une journée ensoleillée remplie d'émotions sur le lac du Causse, en Corrèze. Une entreprise française de fabrication de prothèse organisait, en partenariat avec l'association Handisport départementale, une journée d'initiation pour les personnes en situation de handicap.
Dans le petit groupe, ce matin-là, des hommes et des femmes qui, pour la plupart, n'avaient plus fait de sport depuis le jour de leur amputation.
Norbert découvre aujourd'hui le paddle. "Je présume que ce n'est pas facile pour un bipède classique, mais pour un amputé... On va voir", sourit ce dernier avant de péniblement tenter de se poser sur sa planche en équilibre sur l'eau.
Un peu plus loin, Jérôme a, lui aussi, envie de tester toutes les activités proposées. Et ce qui lui fait de particulièrement de l'œil, c'est le vélo électrique. Mais avant cela, changement de prothèse. "Ça correspond à la morphologie du membre résiduel du patient. Et puis le serrage est plus important, surtout sur ce type de prothèse, qui est en fait une prothèse à vide d'air, de ventouse.", détaille Mathieu Boursin, orthoprothésiste et responsable de l'agence Proteor à Limoges. "Il faut que ce soit parfaitement adapté à la morphologie des patients."
"Ça fait longtemps que je n'ai pas fait de sport"
Une fois la prothèse fixée, le jeune homme de 31 ans peut enfourcher son vélo, prêt à sillonner les abords du Lac du Causse. "Ça fait bizarre, parce que ça fait longtemps que je n'ai pas fait de sport. Mais je ressens de bonnes sensations au niveau du moral, c'est assez incroyable", confie Jérôme, très ému sur son vélo.
Norbert revient de sa sortie paddle. "Ça me met aussi un peu plus face à mon handicap, parce qu'il faut trouver son équilibre. Et là, clairement, le manque d'équilibre est évident, ça doit l'être aussi pour un valide ; là, mon déséquilibre est d'autant plus exacerbé. Mais bon qui n'essaye pas, ne peut pas savoir !", confie Norbert dans une sorte de bilan à chaud après sa sortie.
L'entreprise de fabrication de prothèses, Proteor, est à l'initiative de cet d'évènement. Leur but : créer du lien entre les patients et leur faire redécouvrir des sensations oubliées. "Aujourd'hui, c'est vrai qu'ils sont dans un contexte sécurisé, ils peuvent essayer divers sports que, peut-être, ils n'oseraient pas faire seuls à la maison, par peur de la chute, ou de l'adaptation de la prothèse par rapport à l'activité qu'ils veulent faire", raconte Mathieu Boursin.
Ils étaient vingt-trois à partager cette expérience avec leurs proches. Désormais, ils n'ont qu'une hâte : s'essayer à de nouvelles pratiques sportives.
Si la pratique est convaincante, reste un problème pour certaines prothèses adaptées : leur coût. "Les prothèses remboursées par l'assurance maladie sont déjà très performantes, avec des composantes de très bonne qualité, qui permettent de pratiquer un sport loisir de manière correcte. Après, c'est vrai qu'un patient qui va vouloir faire un peu de compétition et vraiment s'engager dans un sport en particulier, il faudra peut-être des pièces et des composantes très spécifiques et là, le financement ne sera pas pris en charge par l'assurance maladie.", précise Mathieu Boursin.
Les associations de soutien aux personnes handicapées plaident donc pour leur prise en charge. D'autres entreprises fabriquent des prothèses adaptées au sport comme Ottobock ou Össur.
(Avec Eva Pressiat )