Mariages. Une charte contre les débordements à Brive-la-Gaillarde

Lors du dernier conseil municipal du 10 mai dernier, le maire de Brive a présenté la charte des mariages. En la signant, les futurs époux s’engagent à ce que leur mariage soit célébré sans aucun débordement, ni en mairie, ni dans la rue. Comment en est-on arrivé là ?

Du cotillon au klaxon, en passant par le tir de mortier, la charte des mariages de Brive aborde toute une série de limitations et d’interdictions, pour les futurs mariés et leurs invités.

La charte

Les jets de confettis, de cotillons, de riz ou de pétales sont interdits dans l’enceinte de la mairie. Leur usage modéré sera toléré à la sortie de la salle d’honneur. 

La charte des mariages de Brive

La charte règlemente le lancer de confettis, mais aussi la ponctualité des mariés, ou le recours au klaxon. "De manière générale, tout débordement ou bruit excessif (utilisation intempestive et continue d’avertissements sonores, de cornes de brume, fumigènes, pétards) troublant la tranquillité publique et ne respectant pas les riverains est totalement interdit avant, pendant et après la cérémonie et pourra faire l’objet de poursuites."

Il est aussi indiqué que l’énoncé des textes officiels doit se faire dans le calme et que les banderoles et drapeaux sont interdits dans l'enceinte de la mairie.

 

Pas un cas unique

Brive n’est pas la seule ville en France à avoir adopté une charte des mariages. On en trouve une à Nice, Clamart, Port de Bouc, Bron, Lille, Sélestat, Conflans Sainte-Honorine, Toulouse… ou encore Limoges.

La charte des mariages existe depuis 2019 dans la capitale limousine. Elle a été mise en place pour éviter les retards des mariés, des perturbations comme le bruit dans l’hôtel de ville.

Comment les mariés comprennent-ils cette charte ? À Limoges, une jeune femme, mariée récemment, explique avoir été étonnée à la lecture de la charte, et s’être dit "c’est quand même dommage d’être obligé d’en arriver là."

Pourquoi une charte

À la mairie de Brive, on explique la charte en raison de débordements constatés lors de mariages. "À la marge" indique Carine Voisin,  "sur 150 mariages que nous célébrons par an, il y en a peut-être dix où il y a des débordements."

Mais c’est déjà trop.

L'élue prend l’exemple d’un mariage célébré à la fin du mois d’avril. "22 infractions ont été constatées dans la ville pour un même mariage : non-port de la ceinture de sécurité, circulation sur la voie de gauche, rodéo urbain, vitesse excessive…"

"Il y a des comportements qui sont dangereux pour la population, et que nous ne pouvons pas accepter, précise Carine Voisin, c’est souvent le cortège qui enfreint les règles, pas les mariés."

En cas de non-respect de la charte, des sanctions sont prévues, et le mariage peut être suspendu. 

La liberté d’expression

Mais la charte des mariages ne va-t-elle pas à l’encontre de la liberté d’expression ? À Argenteuil, dans le Val-d'Oise, c’est ce que pense un opposant municipal. Omar Slaouti (DVG) a porté plainte, et en septembre dernier, la justice a annulé la charte.

Pour une raison de forme, car elle avait été votée en conseil municipal, incompétent en la matière, contrairement à Brive, qui a pris un arrêté pour la faire appliquer. Mais l'élu d'Argenteuil ne désarme pas. 

"Pour l’opposant, ce règlement s’inscrit dans la continuité de la loi contre le séparatisme qui stigmatise certaines catégories de la population, dont les Musulmans", rapporte le journal Le Parisien dans son édition du 23 septembre 2022.

Stigmatisation de certains habitants ?

À Brive, la municipalité se défend d’avoir voulu stigmatiser des habitants en fonction de leurs origines géographiques et de leurs traditions. "Tous les mariages de toutes les cultures sont très beaux, nous ne faisons aucune stigmatisation, explique Carine Voisin, nous voulons juste que les mariages respectent les règles du vivre ensemble."

Du côté de l’opposition, Paul Roche ne voit aucune polémique dans cette charte. "On souhaite que les lois de la République soient appliquées, que le mariage reste un moment de convivialité », explique l’élu PS, qui lors du conseil municipal a relevé l’interdiction de "déployer des banderoles ou drapeaux dans l’enceinte de la mairie ou ses abords", en demandant ce qu'il adviendrait si un joueur du CAB voulait se marier avec un drapeau de son équipe.

La charte entrera en vigueur le 1ᵉʳ juillet. À partir de ce jour, les mariés signeront un engagement pour le bien vivre ensemble pour une journée. Et un autre pour une vie. 

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