"C'est un ami cher" : l'élan de solidarité d'une commune pour Sam, un Nigérian sous OQTF

La ville d'Uzerche, en Corrèze, se mobilise pour Sam, un ressortissant nigérian faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. Si la préfecture invoque "une insertion sommaire de l’intéressé", plusieurs associations décrivent au contraire une intégration réussie.

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Trois fois par semaine, Samuel Alatise vient donner de son temps à la ressourcerie d’Uzerche, en Corrèze. Dans ce lieu où les objets du quotidien sont récupérés pour être revendus, il trie les bibelots, porte les meubles, range les bibliothèques. Depuis trois ans, il est un bénévole actif, devenu important pour l'équipe. "Pour faire tout ce qu'il y a à gérer ici, on a besoin de bras forts, sourit Frédéric Durand-Drouhin, membre fondateur de l'association "Aux pas perdus". Sam est costaud, et c'est vrai qu'il fait partie des gens indispensables."

Problème : "Sam" est un ressortissant nigérian, faisant aujourd'hui l'objet d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Passé par l'Italie, il est entré illégalement en France en février 2021. "J'ai quitté mon pays parce que j'étais obligé de le quitter le plus vite possible pour ma sécurité", explique-t-il, laconique. Solidaires, plusieurs associations et particuliers d'Uzerche se mobilisent pour protester contre son expulsion et alerter l'opinion publique.

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La ville d'Uzerche, en Corrèze, se mobilise pour Sam, un ressortissant nigérian faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. Si la préfecture invoque "une insertion sommaire de l’intéressé", plusieurs associations décrivent au contraire une intégration réussie. ©Laurent Du Rusquec, Olivia Brisse

Une insertion "très sommaire" selon la préfecture

Dans son courrier signifiant l'OQTF, la préfecture de Corrèze invoque "une insertion à notre société  [n'ayant] qu'un caractère très sommaire et récent". Elle ajoute que celle-ci "n'établit pas de circonstances faisant obstacle à son retour dans son pays d'origine." Contactés, les services de l'État n'ont pas souhaité commenter cette décision.

Décrit comme serviable et sérieux, Samuel semble pourtant faire l'unanimité dans la commune. Elisabeth Boudinet, par exemple, l’a rencontré à la ressourcerie. Elle souhaite à présent l’embaucher dans son entreprise familiale de couverture. Elle ne parvient pas à recruter des couvreurs, faute de candidature. Ouvrier du bâtiment au Nigeria, Samuel est, selon elle, le candidat idéal. Elle se heurte à un casse-tête administratif. "On a déposé une autorisation de travail, mais on nous dit qu'il n'a pas ses visas. Et lui, il n'a pas de travail, donc il ne peut pas avoir de visa. On en est là !", s'agace-t-elle. "C'est fatigant pour tout le monde. Pour lui, parce que je comprends qu'il soit anxieux, et pour nous, car c'est une perte de temps incroyable. Nous, on l'aurait embauché depuis deux ans si on avait pu avoir les papiers."

Je l'ai invité à Noël, en Bretagne, chez mes parents, et puis on fait plein d'activités ensemble. Il est tout le temps là, il est chez nous.

Martin Carolo, membre de l'association "La Calade"

Cette impasse a poussé l'association "La Calade" à lancer une pétition en ligne "contre l'expulsion et pour la régularisation de Samuel". Ce lundi 9 décembre, près de neuf cents signatures ont été recueillies, et plus de cent témoignages en sa faveur ont été collectés. "Sam, c'est clairement un ami cher, Martin Carolo, membre de "La Calade". Je l'ai invité à Noël, en Bretagne, chez mes parents, et puis on fait plein d'activités ensemble. Il est tout le temps là, il est chez nous. On mange, on se réjouit, on fête... C'est un ami, quoi !"

Grâce à un recours porté devant le tribunal administratif de Limoges, l’OQTF de Samuel s'avère temporairement suspendue. Une décision est attendue au cours du premier trimestre 2025.

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