Sept membres de partis politiques et d'un syndicat basque étaient convoqués ce mercredi 2 octobre à 9 heures au commissariat d’Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques. Les militants ont été placés en garde à vue pour avoir facilité l'entrée irrégulière de 36 migrants en mars dernier lors de la Korrika, une course transfrontalière entre la France et l'Espagne qui défend la langue basque.
"La solidarité est un acte fondamental qui transcende les lois restrictives et les frontières, et qui ne doit pas être criminalisé". Ce mercredi 3 octobre au matin, le porte-parole du syndicat basque LAB, s'adresse à une foule nombreuse, venue soutenir les sept militants pro migrants convoqués par la police ce matin.
La solidarité n'est pas un délit
Fervents défenseurs de la langue basque, ces manifestants s'inquiètent de cette garde à vue et de la suite que donnera la justice à cette affaire. Aider une personne migrante, est "un devoir que chaque citoyen doit pouvoir exercer librement sans craindre des représailles judiciaires", affirme le syndicaliste basque.
Le motif n'est pas officiel ni indiqué sur leur convocation, mais les militants concernés sont membres de quatre organisations : Ehbai, LFI, Etorkinekin (pro migrant) et le syndicat LAB (Langile Abertzaleen Batzordeak, un syndicat de salariés du courant de gauche abertzale). Tous ont revendiqué en mars dernier avoir aidé des personnes d'origine africaine à passer de l'Espagne à la France, lors de la course de la Korrika.
Comme elles, une vingtaine d'associations avaient expliqué avoir aidé une trentaine de migrants à passer la frontière entre l'Espagne et la France. Ces personnes étrangères se seraient mêlées aux participants pour se fondre dans la foule, et pénétrer sur le sol français par le pont Saint-Jacques d'Hendaye.
Il est inacceptable que dans une démocratie comme la France, des personnes soient poursuivies de justice pour avoir simplement tendu la main à celles et ceux qui en ont besoin.
Eñaut Aramendiporte-parole du syndicat LAB (64)
Les organisations politiques et syndicales, dont les membres ont été interpellés, demandent au gouvernement "de cesser cette répression injustifiée de la solidarité et de reconnaître le travail des militants qui protègent les personnes vulnérables".
VIDÉO. Voir le reportage sur la garde à vue des sept militants pro migrants et pro basque à Hendaye le 2 octobre 2024 ►►►
Annie Poveda, conseillère municipale à Urrugne et conseillère département à la commission des solidarités humaines, était présente devant le commissariat d'Hendaye pour soutenir les militants. "Visiblement, sur notre territoire, la solidarité est un délit et sept personnes se retrouvent derrière les grilles du commissariat, en garde à vue. Nous en saurons davantage dans la journée, mais si c'est le cas, j'espère que la mobilisation sera encore plus importante", lance l'élue locale.
La garde à vue des sept militants pro migrants a été levée dans l'après midi , les militants seront à nouveau convoqués le 28 janvier.
Sous réserve des exemptions prévues à l'article L. 823-9, est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende le fait, pour toute personne, de faciliter ou de tenter de faciliter, par aide directe ou indirecte, l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d'un étranger en France.
► Voir le reportage sur l'action de ces militants pour la langue basque,