En Corrèze, une quarantaine de migrants en situation irrégulière ont reçu une lettre de la préfecture indiquant qu'ils devaient libérer leur hébergement d'urgence. La raison avancée est la suroccupation des logements. Un collectif a décidé de leur venir en aide.
Nadia (son prénom a été modifié) a quitté la Côte d'Ivoire il y a quatre ans. Là-bas, elle se dit en danger. Quand elle quitte sa terre natale, sans ressources, elle traverse trois pays en un an. Arrivée en France, elle accouche de sa fille, aujourd'hui âgée de trois ans. Depuis, toutes les deux occupent un hébergement d'urgence à Tulle. Mais il y a une semaine, Nadia a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). "J'ai passé pratiquement quatre ans à faire les démarches, du bénévolat, prendre des cours de français, aller dans des associations, tout ce qui était nécessaire pour me régulariser, raconte-t-elle. Après toutes les démarches que j'ai faites, tout est tombé à l'eau."
C'est alors que tombe une deuxième mauvaise nouvelle pour Nadia. Dans la foulée, l'Ivoirienne reçoit une lettre de la préfecture de Corrèze lui enjoignant de quitter son logement. Pour elle, qui était sur le point d'être embauchée comme agent d'entretien, c'est un choc : "Là, moi, je veux juste travailler, subvenir à mes besoins, les besoins de ma fille. Être comme les autres, quoi. Je ne demande rien d'autre."
Une quarantaine de migrants concernés en Corrèze, dont une douzaine à Tulle
À l'instar de Nadia, à Tulle, trois familles, soit une douzaine de personnes, sont sommées de déménager dans les plus brefs délais. Pour justifier ces expulsions, la préfecture invoque une "suroccupation" des hébergements d'urgence. Dans un communiqué, elle assure travailler "à l'accélération des parcours de sortie de l'hébergement d'urgence vers des solutions de logement aidé (CHRS, logement social, intermédiation locative, etc.) afin de libérer des places". Cependant, concernant les clandestins, elle précise que "les personnes en situation irrégulière et qui ne remplissent pas les conditions de régularisation ne peuvent accéder au logement aidé", et que les services de l'État entameront "les procédures afin de mettre à exécution les obligations de quitter le territoire".
À l'annonce de la délivrance des OQTF, un collectif citoyen s'est formé pour leur venir en aide. "On nous dit qu'il faut libérer des places d'accueil d'urgence pour accueillir d'autres personnes, alors que [les personnes expulsées] pourraient quitter ces places pour être en totale autonomie si elles avaient l'autorisation de travailler", déplore Dominique Grador, du collectif "Corrèze Solidarité".
Une réunion prévue en préfecture le 7 novembre
En Corrèze, une quarantaine de migrants sont visés par des injonctions de quitter leur hébergement d'urgence. Une réunion avec la préfecture est prévue le 7 novembre. Le collectif veut proposer un parrainage de ces personnes réfugiées par des citoyens. En attendant, Nadia et les autres familles espèrent pouvoir conserver leur habitat.