Coronavirus : un pompier corrézien en mission à Mayotte

Thomas Dufour, sapeur-pompier professionnel à Brive, a passé 15 jours en tant qu’infirmier dans l’un des départements français les plus touchés par le Covid-19. Une expérience marquante, même pour cet habitué des situations de crise.
 

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"Je voulais juste me rendre utile." A 33 ans, Thomas a le discours modeste, mais la solidarité chevillée au corps. Alors, quand il a vu l’appel au volontariat lancé par le Ministère de la Santé, il a décidé de revenir provisoirement à ses premières amours. "Avant de devenir pompier professionnel en 2012, j’ai été infirmier pendant plusieurs années, notamment en réanimation et aux Urgences. J’ai donc fait acte de candidature pour une mission ponctuelle. En plus je suis célibataire, ça a facilité mon choix."

Thomas est membre de deux associations humanitaires, PUI (Pompiers de l’urgence internationale), basée à Limoges, et Echo (Echange et coopération hospitalière internationale), basée à Tulle. Avec elles il est déjà parti plusieurs fois en Afrique (Cameroun, Sénégal) pour des missions d’entraide.

Un CV qui a donc, bien sûr, séduit immédiatement les responsables de la Santé chargés des renforts. Restait à obtenir l’aval de sa hiérarchie. "Je les remercie, ils ont dit oui tout de suite, puisqu’en Corrèze nous étions relativement peu touchés."

Thomas part donc pour Paris dans un premier temps, sans connaître son affectation, puis avec dix-neuf autres volontaires, il s’envole, direction Mayotte le 12 avril, après avoir subi un test négatif au Covid-19.

Dans le 101e département français (270 000 habitants), au cœur de l’océan Indien, la situation est en effet très tendue. La densité de population y est la plus élevée du pays après la région parisienne, et le PIB par habitant quatre fois moins élevé que dans le reste de la France, avec un taux de chômage de plus de 25%. Beaucoup de pauvreté donc, que Thomas a pu constater de visu. "Dans certains quartiers, les gens vivent ensemble, entassés dans des bidonvilles, c’est très compliqué de respecter le confinement dans ces conditions."

Le pompier briviste est affecté dans un hôpital de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte. D’abord au service pédiatrique, puis dans la filière Covid aux Urgences et enfin au déchocage. En première ligne, dans des conditions difficiles. 

Il faisait très chaud et humide, plus de 30°, et avec la protection complète que l’on porte, c’est assez épuisant.


Même pour des organismes très entraînés, il faut puiser dans ses ressources pour tenir le choc des journées de 12h de travail, de 7h à 19h.

Une fatigue physique, mais aussi morale. "J’ai vu la situation se dégrader pendant mon séjour, avec une augmentation constante à la fois du nombre de cas et de la gravité de l’état des patients. La situation est vraiment particulière, très compliquée pour les soignants sur place."
 


Mayotte toujours en rouge sur la carte du déconfinement


Heureusement, les équipements ne manquent pas. "Pendant que j’étais là-bas, un bateau de l’armée est notamment venu livrer du matériel de secours", explique Thomas. Mais malgré son expérience des zones en crise, impossible de ne pas être touché par la situation. "C’est tellement unique, on ne pouvait pas s’y attendre, et difficilement s’y préparer."

À Mamoudzou, Thomas loge avec les autres réservistes dans un hôtel réquisitionné. Bien évidemment, il n’a pas eu le temps de profiter des charmes des plages de l’océan Indien, mais retient aussi l’aventure humaine. "On a été très bien accueillis par les soignants locaux, ils étaient très contents d’avoir du renfort."

Un renfort qui se poursuit à l’heure actuelle, puisqu’une nouvelle rotation de réservistes a pris le relai, la situation étant toujours aussi tendue à Mayotte sur le front de la pandémie. Thomas, lui, est rentré en Métropole le 25 avril. De nouveau testé négativement au Covid-19, il a pu rassurer sa famille, forcément un peu inquiète à son départ.

Le pompier-infirmier termine sa quatorzaine confiné chez lui en Corrèze, il reprendra le travail à Brive dès lundi 11 mai, en restant vigilant. "Je sais que mes collègues restés ici ont été moins sollicités ces derniers temps, mais avec le déconfinement notre activité va augmenter, il va falloir se réadapter à une vie normale, entre guillemets".
 


En attendant de se porter à nouveau volontaire pour d’autres missions en terrain d’urgences. "L’envie d’aider sera toujours plus forte que beaucoup de choses", conclut Thomas Dufour, qui illustre parfaitement une des devises chères aux pompiers, "Courage et dévouement".


 
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