Début juillet, le maire de Malemort s'était opposé de façon spectaculaire à l'installation illégale de gens du voyage sur sa commune, les renvoyant sur l'aire de grand passage aménagée à Saint-Pantaléon-de-Larche. Mais la communauté y dénonce des conditions d'accueil insalubres voire dangereuses.
C'est l'une des images fortes de ce début d'été. Le 6 juillet dernier, le maire de Malemort, Laurent Darthou, s'allongeait devant les caravanes des gens du voyage pour empêcher leur installation sur la plaine des jeux des Bouriottes.
L'élu les renvoyait vers l'aire de grand passage aménagée pour les accueillir à Saint-Pantaléon-de-Larche, une commune toute proche.
Devant le refus de la communauté, qui dénonce depuis plusieurs années les conditions d'accueil sur cette aire, un compromis avait été trouvé : les caravanes avaient pu s'installer sur un terrain de sport à Donzenac.
Insalubre et dangereuse
Quelques jours plus tard, l'une de nos équipes s'est rendue sur cette fameuse aire de passage de Saint-Pantaléon-de-Larche.
Sept familles de la communauté des gens du voyage y sont actuellement accueillies. Dans un décor peu enviable : au pied de l'incinérateur de déchets, sur un terrain boueux d'où sortent de façon aléatoire des fils électriques. Des conditions d'accueil spartiates, que certains considèrent même dangereuses.
"On ne demande pas grand chose", déplore Colette, l'une des occupantes, "Juste avoir de la protection pour nos enfants. Là, la route est juste à côté ! L'incinérateur c'est pareil, y'a pas d'hygiène ! Même les hommes, quand ils viennent brancher ça, ils peuvent s'électrocuter.", dit-elle en montrant de tableau d'alimentation électrique un peu vieillot.
Trop petite, et classée en zone inondable, l'aire de passage de Saint-Pantaléon-de-Larche n'est pas aux normes, d'où la rétissence des familles à s'y installer, même provisoirement.
Fermée par décision de justice en 2011, elle a été réouverte en 2017 avec l'objectif de trouver rapidement une autre solution.
Quatre ans plus tard : toujours rien.
Mais le maire de St Pantaléon-de-Larche justifie sa décision : "Les risques d'inondation existent toujours, c'est vrai. Mais si j'ai donné mon accord à une certaine époque, pour que ça dure le moins longtemps possible, c'est simplement pour que mes collègues maires aux allentours ne se retrouvent pas avec des caravanes sur les terrains de foot ou de rugby..."
Quelle règlementation pour les aires d'accueil des gens du voyage ?
C'est la loi du 5 juillet 2000, dite "loi Besson ", qui a défini un premier cadre règlementaire à l'accueil et l'habitat des gens du voyage.
Cette loi prévoit l'adoption dans chaque département d'un schéma fixant les secteurs géographiques où les communes doivent réaliser des aires permanentes d'accueil et des aires de grand passage pour les gens du voyage.
Les communes de plus de 5000 habitants ont l'obligation d'aménager une aire sur leur territoire, ou à défaut de contribuer financièrement à la réalisation d'un emplacement sur une autre commune.
La loi du 7 novembre 2018 et deux décrets de 2019 sont venus, par la suite, préciser les conditions d'aménagement des lieux d'accueil des gens du voyage : une surface d'au moins 4 hectares, un sol stabilisé restant porteur et carrossable en cas d'intempéries, un raccordement à l'eau et à l'électricité, un accès routier, l'éclairage public, et un dispositif de recueil des eaux usées.
La nouvelle règlementation prévoit que le préfet peut déroger à la surface minimale de 4 hectares pour tenir compte des dispositions foncières et des spécificités topographiques.
En quête d'un nouveau terrain
Consciente du problème liée à l'aire de Saint-Pantaléon-de-Larche, la communauté d'agglomération de Brive dit rechercher activement un nouveau terrain. Mais les candidatures ne sont pas légion, entre frilosité des maires et contraintes géologiques.
"Trouver un terrain de 4 hectares, ce n'est pas facile", explique Hélène Lacroix, vice-présidente en charge de l'habitat et des gens du voyage à l'agglomération de Brive, "Il faut l'eau et l'électricité pour pouvoir vidanger les caravanes, donc ça ne peut pas être en milieu naturel. A la limite en zone agricole, mais il n'y en a pas non plus beaucoup..."
La collectivité a jusqu'à l'été 2023 pour trouver un terrain et mettre en service une nouvelle aire de grand passage sur son territoire.