Claude Chirac est une femme discrète. Elle se dévoile en politique lors de son engagement aux élections départementales de 2021 dans le canton de Brive 2. Dans un entretien à France 3 Limousin, elle se confie sur son enfance loin de la politique, son amour pour la Corrèze et son avenir.
Discrète, après des années à oeuvrer pour son père, Jacques Chirac, Claude Chirac débute aux urnes à son tour. Pour les élections départementales elle se présentait sur le canton de Brive 2, au coeur du fief corrézien de ses parents. Elle l'emporte avec plus de 70 % des voix avec son binôme Julien Bounie.
Pour France 3 Limousin, elle s'est prêté au jeu de l'interview. Portrait.
Une enfance loin du pouvoir politique
Dès son enfance, Claude Chirac est bercée loin de la vie politique de ses parents. Lorsqu'elle a dix ans, son père a été deux fois député de la Corrèze, deux fois secrétaire d'Etat, a brigué deux mandats de ministre et s'apprête à devenir Premier ministre.
Bernadette prend en charge l'éducation de ses deux filles, Laurence et Claude. "Ce qui caractérise notre enfance et notre adolescence, c'est que mes parents ont tenu à nous laisser en dehors de leurs engagements politiques. Nous avons grandi, autant que possible, en dehors de cet univers. Étant mère à mon tour, je me rends compte que ce sont des décisions qui se prennent entre parents."
Claude Chirac fait des études à l’Institution Sainte-Marie, à Neuilly puis à l’Institut de La Tour, dans le 16e arrondissement parisien. Elle rentre ensuite à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), mais n’en sort pas diplômée, puis se tourne vers des études d’économie, à l’université Panthéon-Assas.
12 ans au service de son père
La vie politique la rattrape et elle passe rapidement de la lumière, à l'ombre bienveillante de son père. Entre la politique et Claude Chirac, tout commence en 1989, lorsqu'elle rejoint Jacques Chirac à sa permanence politique. Il est alors le maire RPR de Paris. Discrètement, elle le conseille, l'oriente.
Six ans plus tard, Jacques Chirac est élu président de la République. Sa fille devient sa conseillère en communication. Elle l'accompagne aux moindres de ses représentations, déplacements officiels et privés.
A ses côtés, elle vit les élections présidentielles de 1995 et 2002, mais aussi des événements plus ternes pour l'ère Chirac, comme la défaite de 1988 ou encore la dissolution de l'Assemblée nationale en 1997.
Quelque temps à l'écart de l'Elysée
En 2007, Claude Chirac s'éloigne de l'Elysée, embauchée par la famille Pinault, proche de Jacques Chirac. Elle accepte la direction de la communication de PPR (aujourd'hui Kering) et rejoint le comité exécutif du groupe de luxe.
En 2012, elle devient présidente de la Fondation Chirac qui vient en aide aux "personnes en situation de handicap mental, psychique et aux personnes atteintes de troubles autistiques. Elle œuvre à la recherche sur l'amélioration de l'accompagnement des personnes en situation de handicap" comme expliqué sur le site de la Fondation.
En 2016, sa soeur Laurence est emportée par une méningite. Elle décède après s'être battue contre l'anorexie mentale qui la hantait depuis plus de quarante ans. "Ou bien la famille explose, ou bien elle est excessivement unie. Nous sommes probablement excessivement unis", confiait Claude Chirac à l'époque. Mais cet événement fragilise les parents Chirac et les plonge dans la maladie et le mutisme, d'abord Jacques puis sa femme, Bernadette, jusqu'au décès de l'ancien président corrézien en septembre 2019.
Un soutien politique
Encore loin de s'imaginer en politique, Claude Chirac, comme son père, apporte son soutien au Corrézien François Hollande pendant la campagne à l'élection présidentielle de 2012.
Quatre ans plus tard, elle soutient Alain Juppé, candidat pour la primaire de la droite et du centre. L'ancien maire de Bordeaux, en campagne en Dordogne et en Corrèze, avait été accueilli par Claude Chirac et son mari, Frédéric Salat-Baroux, ancien secrétaire général de l'Elysée sous Jacques Chirac, à la Maison Hestia, dépendant de la Fondation Chirac.
Son premier engagement en "politique"
En 2021, Claude Chirac, au nom familier de tous, débute aux urnes. Un temps, c’est d'ailleurs son fils, Martin, que beaucoup voyaient à prendre la relève de Jacques Chirac. Mais en septembre 2020, Claude Chirac évoque pour la première fois une éventuelle entrée en politique, pourquoi pas en Corrèze. A la question "est-ce une page qui se tourne ?", elle répond : "Non, c'est plutôt une continuité. Après avoir longuement réfléchi, j'ai pensé que c'était le moment d'ajouter un sens très fort à ma vie, de me lancer dans cette belle aventure".
Ce n’est pas à Ussel, fief historique de ses parents, ni à Meymac, où son père était conseiller général pendant vingt ans (jusqu’en 1988), mais sur le canton de Brive 2 qu'elle est finalement candidate aux élections départementales de 2021, sous les couleurs de Corrèze Demain. Elle est soutenue par le président du département, Pascal Coste, qu'elle estime particulièrement. "Cet engagement, il n'y est pas pour rien. C'est une grande chance et une grande fierté d'intégrer une équipe qui est celle de Pascal Coste. J'admire beaucoup sa capacité à servir la Corrèze, c'est un grand président de département", nous confie Claude Chirac.
Longtemps éloignée de la Corrèze, Claude Chirac n'en est pourtant jamais vraiment partie tant l'héritage Chirac y est ancré. Au cœur du canton de Brive 2, l’école Firmin-Marbeau, où son arrière-grand-père, Louis-Joseph Chirac, fut successivement instituteur, puis directeur et où sa mère, Bernadette était elle-même suppléante de la conseillère départementale sortante, depuis 2015. Ces attaches historiquement familiales ont poussé la discrète à reprendre le flambeau aux côtés de son colistier Julien Bounie, dans ce canton aux quelque 12 750 électeurs, qu'elle semblait déjà connaître.
Pour elle, il s'agit d'un engagement humain avant d'être un engagement politique. Avec ce nouveau mandat, l'éternelle Corrézienne souhaite mettre à profit deux caractéristiques qui lui sont propres : son "attachement viscéral au département" et sa "fibre particulière au service de l'intérêt général". "Je ne suis pas sûre de me retrouver dans l'expression "se lancer en politique", un mandat départemental est un mandat de proximité où les sujets touchent la vie quotidienne. Ce sont des sujets qui m'intéressent particulièrement".
"Je ne suis ni Jacques, ni Bernadette"
La Corrèze, c'est la terre de ses racines, de son enfance. Elle lui rappelle le souvenir d'une "période extrêmement heureuse". Consciente de l'empreinte que ses parents ont laissée sur le territoire corrézien, Claude Chirac sait qu'elle a tout à prouver : "J'essaierai d'être à la hauteur de leur histoire. Par définition, je ne suis ni Jacques, ni Bernadette. Je ne veux pas m'inscrire dans une continuité de ce qu'ont fait mes parents pour la Corrèze, je me projette dans une ambition, que je vais essayer d'atteindre au mieux. Je veux simplement être à la hauteur de ces responsabilités."
Mon engagement, c'est parce que c'est maintenant et c'est ici en Corrèze.
Inconcevable pour elle, de ne pas répondre présente à l'appel de ce territoire qui l'a vue grandir, "je ne suis pas sûre que j'aurais fait ce choix si ça avait été ailleurs et pour autre chose" insiste Claude Chirac. Aux yeux de cette amoureuse du territoire, la Corrèze a de belles années devant elle, "les territoires comme la Corrèze peuvent prendre un essor important. La Corrèze peut saisir des opportunités et avoir des puissances de développement qui n'existaient pas avant. Nous allons vers une époque qui risque d'être très favorable".
C'est d'ailleurs au plus proche des Corréziens que Claude Chirac et Julien Bounie ont tenu à vivre cette campagne. "C'était passionnant. Nous n'avons fait que du porte-à-porte. Nous n'avons pas rencontré tout le monde bien sûr, mais beaucoup d'entre eux. Parfois, les gens vous claquent la porte au nez, parfois il faut trouver les mots, les bonnes manières de nouer le dialogue, et à certains moments les gens sont aussi très heureux de nous rencontrer", raconte-t-elle.
Et après ?
Un avenir brillant pour la Corrèze donc. Et pour Claude Chirac ?
Une première marche a été franchie ce dimanche 26 juin 2021 pour Claude Chirac et son équipe. Interrogée sur son avenir en politique, elle répond "une deuxième ou une troisième marche ? Je n'en ai aucune idée. Je pense que ce n'est pas son sujet aujourd'hui." Son objectif ? Être à la hauteur des attentes de ses électeurs, "je fais ça pour la première fois, c'est déjà beaucoup". Systématiquement, elle recentre le sujet sur le collectif. Être au centre de l'attention, très peu pour elle. "C'est le travail collectif qui fait le résultat. Laisser une empreinte, ça m'est étranger. Ce qui est important, c'est de ne pas décevoir et de faire le mieux possible". Quelques instants après l'annonce de la victoire du binôme qu'elle forme avec Julien Bounie, pour Corrèze Demain, Claude Chirac nous confiait : "J'ai appelé ma mère. Pour tout vous dire, elle m'a dit : "j'en ai les larmes aux yeux"".
Et demain ? La réponse n'est pas écrite d'avance. Mon objectif, c'est avant tout d'être à la hauteur de ce mandat"
Pour l'heure, un déménagement définitif en Corrèze n'est pas prévu pour Claude Chirac et ses proches, mais elle l'assure, ses visites seront de plus en plus fréquentes. "Je ne m'en suis jamais cachée, j'ai des responsabilités et une famille à Paris. Donc j'y garderai forcément un pied, mais évidemment que j'aurai un pied en Corrèze. Le centre de gravité de ma vie va se déplacer."