Foire du livre de Brive : avec les auteurs dans le train du cholestérol

Le train qui conduit les auteurs à la foire de Brive est parti à 8h48 de Paris. Ambiance et rencontres dans cette bulle remplie d’intellectuels brillants, mais qui se laissent parfois aller à quelques confidences.

A l’entrée du quai, je demande à un cameraman qui est déjà monté dans le TGV spécial à destination de Brive. Il me répond : « Je ne sais pas. Je ne connais aucun visage. Je sais que c’est quelqu’un d’important quand le commissaire de la foire du livre s’approche de lui et qu’il y a un attroupement ! »

Pas facile effectivement de reconnaître les auteurs, y compris les plus médiatisés. D’autant que les personnalités les plus connues se font très discrètes. Jean François Kahn, Laurent Joffrin, ou encore Alex Vizorek passent devant les photographes incognito.

La foire du livre est un savoureux mélange de jeunes auteurs, d’auteurs plus confirmés, de people ou encore d’hommes politiques. François Busnel, le journaliste président de la foire de Brive 2022 s’en amuse : « Le public a raison d’aller voir les people. Mais il aurait encore plus raison de lire les livres. Quand j’étais plus jeune, je suivais les recommandations de mes idoles. Je me souviens d’Eddy Mitchell qui présentait « La dernière séance » et qui était un de mes  dieux. Quand Il a dit dans une de ses émissions lisez Raymond Chandler, et bien je l’ai lu. Ce qui serait formidable serait que les people se mettent à la lecture pour prescrire. Certains le font. Je pense à Eddy, Alain Souchon ou Benjamin Biolay. »

Amélie Nothomb, grande habituée de la foire du livre relativise la présence des personnalités qui attirent la lumière : «mon premier Brive, c’était il y a 30 ans. Par définition, je n’étais pas une people, puisque personne ne savait qui j’étais. C’était mon premier roman. Et il s’est trouvé à Brive, de très nombreux lecteurs pour s’intéresser à cette jeune inconnue. Donc, non Brive n’est pas que l’antre des people. Chaque année, il y a des primo romanciers totalement inconnus qui débarquent et qui trouvent leur public. »

Matthias Malzieu, le chanteur du groupe Dionysos en fait partie. Il est sagement assis dans son siège. On a envie de l’appeler monsieur et pas vraiment de s’autoriser une quelconque familiarité. Pourtant,  lors de son dernier passage en Limousin, on se souvient de ce slam légendaire pendant son concert au festival Urban Empire à Limoges. Il se rend à Brive pour présenter « Le guerrier de Porcelaine ». Dans ce roman, il raconte l’histoire de son père lors de la seconde guerre mondiale : « on est tous multiples. Vous êtes journaliste, mais vous n’êtes pas que journaliste. Je vais dans la foule avec l’électricité et l’adrénaline de mon groupe. J’aime aussi ce moment de calme où je me retrouve avec mon ordinateur et que j’écris des livres. J’ai besoin des deux. Pour moi, c’est complémentaire et lié.»

Le train du cholestérol

Au milieu du train, une trentaine de personnes d’affairent dans le wagon cuisine. Au menu, un bloc de foie gras, un samossa de rôti de veau accompagné d’une roquette sauce béarnaise. Et pour finir une petite tarte aux myrtilles. Le tout étant arrosé de vin rouge et blanc au choix.

La distribution des plateaux commence dès le matin 10 heures. Il y a environ 350 personnes à servir en quelques heures.

La magie du train du cholestérol, c’est Jean Louis Debré, ancien président du conseil constitutionnel et ami de toujours de Jacques Chirac, qui vient s’assoir à côté de vous. Il m‘explique que lorsqu'il était en fonction, il hésitait toujours à manger ou boire à cause des journalistes du Petit journal  qui étaient toujours à l’affût de la bonne image. Pourtant, son dernier livre s’intitule «quand les politiques nous faisaient rire ». Il y raconte maintes anecdotes au sujet de Jacques Chirac.

Je viens à Brive depuis des années et des années. Je me dis même parfois que j’écris des livres pour aller à Brive. D’abord il y a une ambiance, on retrouve des amis. On va dîner chez Francis. Il y a une alchimie particulière qui fait qu’être à Brive, c’est être dans un autre monde, un monde de fraternité. Et puis pour moi la Corrèze a un son particulier. C’était le département de Chirac, et je vois beaucoup de corréziens. J’ai été très frustré de ne pas venir à cause du covid.

Jean Louis Debré, ancien président du conseil contitutionnel

Une bulle de tranquillité

Assis lui aussi tranquillement au fond de son siège, Olivier Véran est détendu et très facilement accessible, malgré une chargée de communication qui s’inquiète : « c’est du in ou du off votre discussion avec le ministre ? ».

L’actuel porte-parole du gouvernement et ancien ministre de la santé vient de sortir un livre qui s’intitule : «Par-delà les vagues ». Il y raconte la crise du Covid telle qu’il l’a vécue : « Je me mets à nu dans le livre. On vit les choses pleinement même quand on est en responsabilité avec les souffrances, le stress, l’intensité, les doutes. Ce livre est aussi une manière de rapprocher les citoyens de ceux qui les représentent. Parfois, ils ont le sentiment qu’on est comme désincarnés, différents, changé par nos fonctions. En réalité, on est profondément humains, et c’est une qualité importante quand on prétend s’intéresser à l’intérêt général. Mon dicton : toujours me laisser toucher, sans jamais me laisser couler. C’est important de ressentir, important d’enrager, important parfois d’avoir peur. Il faut garder les émotions à vif, car sinon on devient pour le coup très désincarné, et je ne suis pas sûr que ce soit de nature à nous aider à prendre de bonnes décisions. Il faut être capable de faire la part des choses. C’est ce qu’on appelle la capacité de résilience. »

Humour

L’humoriste de France inter Alek Vizorek est assis avec les auteurs de sa maison d’édition. Son livre s’intitule « L’histoire du suppositoire qui voulait échapper à son destin. »

C’est pas mon milieu l’édition. C’est rempli de gens brillants et intelligents qui boivent de l’eau. Donc j’essaie de m’intégrer tant bien que mal »

Alex Vizorek, humoriste et auteur

Sa complice de la radio Charline Vanhoenacker semble avoir beaucoup moins de mal à s’intégrer. Elle nous a fait hurler de rire, mais après réflexion ne souhaite plus qu'on publie l'objet de notre fou rire de peur d'avoir quelques problèmes. Tout ce qui se passe dans le train du livre, reste dans le train du livre ! 

Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek doivent animer une conférence sur le rire lors de la foire.

Le train du livre doit arriver en début d’après-midi en gare de Brive.

 

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