Pendant le grand rendez-vous littéraire corrézien, auteurs et éditeurs séjournent pour quelques nuits à Brive. L'occasion de profiter des nuits corréziennes. Voici quelques souvenirs livrés par le patron de l'une des trois discothèques de la cité gaillarde et quelques réactions recueillies ce samedi 11 novembre sur la piste de danse.
Christian Dayre est un enfant de la balle. Le monde de la nuit corrézien, il le fréquente depuis toujours, car ses parents étaient les propriétaires de l’établissement La Charrette à Brive. Une discothèque qu’il a lui-même dirigée avant de partir pour le Cardinal il y a douze ans. Le « Cardi », un établissement bien connu des Corréziens, mais aussi des auteurs et libraires de la Foire du livre de Brive, où ils ont coutume de passer quelques soirées. Retour sur une belle histoire de fête en Corrèze avec les souvenirs de ce "patron de boîte".
Est-ce que les nuits corréziennes ont évolué pendant la Foire du livre de Brive, au cours des douze années où vous avez dirigé "le Cardi" ?
Christian Dayre, membre associé du Cardinal : Ça a évolué, mais dire que ça a changé beaucoup… On voit moins de personnalités connues… Un peu moins… Les réseaux sociaux et les téléphones portables font que les auteurs se risquent moins en discothèque. On en a encore. (Un sourire ironique dans la voix).
Il y a une dizaine d’années, l’anonymat était meilleur. Après, ici, les gens ne sont pas après le star-system. On est une petite ville, on n’est pas dans les showbiz. Les Corréziens sont assez respectueux, ils aiment voir les people, mais ils les laissent tranquilles.
Pour connaître les auteurs présents ce samedi soir 11 novembre dans l'établissement, regardez la vidéo ci-dessous :
Comment est née cette tradition ?
Au début, les gens arrivaient tôt. La mairie de Brive prévoyait un repas commun le vendredi soir organisé par les amis du Brive et ils se retrouvaient tous au "Cardi". Aujourd’hui, il n’y a plus de repas officiel, et les gens sont répartis dans les restaurants de Brive (la Truffe, Chez Francis, notamment) et ce sont les attachés de presse qui les amènent en discothèque. Il y a moins d’élan commun…
Ça s’est porté au Cardinal, car il y a plus une ambiance rétro, un peu à l’ancienne. On va dire que c’est un établissement qui ne ressemble pas à un autre et qu’on ne trouve plus dans les grandes villes… Surtout à Paris. Ils y retrouvent ici quelque chose de différent. On passe de la musique des années 80, de la musique pour s’amuser, c’est festif ! C’est ce décalage qui leur plaît, je pense.
Des souvenirs marquants ?
J’en ai quelques-uns incroyables, mais il y a des choses que je ne peux pas dire (rires). Je ne suis pas médecin, mais je suis quand même tenu par mon professionnalisme…
J’ai eu des choses marrantes avec des auteurs très sympathiques. Il y a des auteurs très sympathiques qui s’amusent beaucoup : l'écrivain Alain Mabanckou vient à chaque fois qu’il est là. Il adore danser et on passe de très bonnes soirées avec lui.
Il vient beaucoup moins, mais Frédéric Beigbeder qui était un fêtard à une époque, on a passé des bons moments au Cardinal. Une fois, je sais qu’il s'est mis aux platines. Il a fait un set. Il n’a pas mis tout le monde sur la piste, mais il a fait un set… (rires). Une fois pour la Foire du livre, je partais à La Charrette, il est monté dans le coffre de mon utilitaire. Arrivé en discothèque, il m’a dit "C’est la première fois que je fais ça, c'est une belle expérience !" Ce sont des souvenirs un peu rigolos.
Ce n’est pas moi qui le dis, mais Christine Angot raconte, je crois dans l’un de ses bouquins, qu’elle a rencontré Doc Gynéco sur les banquettes du Cardinal, un jour de Foire du livre… Et ça a terminé dans un hôtel…
J'ai bien aimé Jean Teulé, parce qu’il était humainement très sympathique. L’année où il a été président, j’ai souvenir, je crois, qu’il avait fait faire une chenille à toutes les personnes présentes dans la discothèque.
On croise aussi des politiques ?
Pas beaucoup. L’année dernière, on a eu Olivier Véran. Le politique avec lequel j’ai eu le plus d’attachement et qui a été le plus marrant : Jean-Louis Debré. Il faisait des selfies à l’entrée avec des jeunes et il m’a dit : "C’est la première fois qu’un président du Conseil constitutionnel se retrouve à faire des selfies avec des jeunes à la sortie d’une boîte de nuit !".
Mais je n'ai jamais vu François Hollande, ni Julie Gayet, ni le couple Chirac…
Plus sérieusement, la Foire du livre est une période importante pour le chiffre d’affaires ?
C’est un moment qui nous change du quotidien, mais économiquement, on ne fait pas de recettes supplémentaires. Au contraire, notre clientèle vient un peu moins, car beaucoup de tables sont réservées pour les auteurs. Mais ça permet au Cardinal d’avoir une réputation médiatique, et simplement de valoriser la Foire du livre qui est un événement important pour la notoriété de la ville de Brive.