Un quart des auxiliaires de puériculture de l'agglomération de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, était dans les rues de la commune, ce mardi 19 novembre au matin. Elles dénoncent de mauvaises conditions de travail apparues avec le temps dans cette profession indispensable... Et pourtant si peu reconnue.
Elles battent le pavé d'un pas déterminé, scandent des chansons et portent dans les airs des pancartes dénonciatrices de leurs mauvaises conditions de travail. "Méprisées, malmenées, mal payées", peut-on lire sur l'une d'entre elles. "Pas de bébés à la consigne. Ce ne sont pas des sardines", est-il inscrit sur une autre. Vêtue de leurs tuniques bleues et roses, une soixantaine d'auxiliaires de puériculture de l'agglomération de Brive-la-Gaillarde s'est réunie, ce mardi 19 novembre.
Elles dénoncent un ras-le-bol général : "Aujourd’hui, nos conditions de travail se sont fortement dégradées, souffle Mélanie, auxiliaire de puériculture dans l'agglomération de Brive. On nous demande toujours plus, mais avec moins de moyens, poursuit celle qui a une dizaine d'années de métier derrière elle.
C'est dur physiquement et mentalement.
MélanieAuxiliaire de puériculture dans l'agglomération de Brive
"La norme, aujourd'hui, c'est un professionnel pour cinq enfants qui ne marchent pas, raconte Mélanie. Elle poursuit, aussitôt : il faut s'imaginer avec cinq enfants à charge. Il y en a un qui pleure parce qu'il a faim, un deuxième qui crie parce qu'il veut dormir, un troisième parce que sa couche est pleine et ainsi de suite", liste l'auxiliaire, précisant qu'autour d'elle, les pleurs ne cessent jamais. En même temps, c'est le seul moyen d'expression pour les enfants, mais ce n'est pas facile de répondre à tous ces besoins en même temps lorsqu'on est seule."
En dehors de ces cris constants, Mélanie fait aussi état d'un mal physique. "On travaille dans des endroits où tout a été pensé pour les enfants et notamment le mobilier, raconte la professionnelle. C'est-à-dire qu'on est tout le temps en train de se baisser, soit pour leur donner à manger sur des petites tables, soit pour jouer sur les tapis avec eux. S'occuper de jeunes enfants est aussi un métier qui est dur physiquement, même si je me bats toujours pour eux."
L'heure du doute
Après dix ans d'expérience dans le métier, Mélanie ne reconnaît plus toujours la profession qu'elle a pourtant embrassée par vocation. "Quand j'entends aujourd'hui que la profession veut s'étendre à des personnes qui n'ont pas été formées, je vois rouge, confie-t-elle. Nous, on a passé des diplômes pour exercer ce métier. Parce que s'occuper de son propre enfant à la maison n'a rien à voir avec le fait de s'occuper d'autres enfants dans des crèches", rappelle Mélanie.
Ces conditions de travail conduisent certaines auxiliaires de puériculture à repenser leur place au sein de la profession. Aurélie, qui a quelques années de travail de plus que Mélanie, explique être complètement épuisée. "Même si j'adore mon métier, et c'est d'ailleurs ça qui me fait continuer aujourd'hui, je ne sais pas combien de temps, je vais encore pouvoir tenir."
Éviter les dérives
"Ce matin, soixante auxiliaires de puériculture de l'agglomération de Brive sont présentes dans les rues, explique Carine Bielly, secrétaire CGT de Brive Agglo CCAS. Soit un quart de l'effectif total."
Une présence importante, qui s'explique par leur ras-le-bol général : "aujourd'hui, elles luttent pour leurs conditions de travail. Notamment par rapport au taux encadrant-enfant qui ne correspond pas à leurs attentes. Elles veulent un décret qui viendrait modifier cette situation."
Revoir ce taux à la baisse permettrait, selon la secrétaire CGT, de baisser plus généralement les risques de dérives qui sont présents au sein de la profession. "Quand elles gèrent plusieurs enfants, c'est difficile de répondre à tous les besoins, explique Carine Bielly. On sait aujourd'hui que des dérives existent dans les crèches privées, c'est un phénomène national, insiste-t-elle. Je n'ai pas envie que cela arrive dans les crèches publiques."
Une prime mensuelle de cent euros ?
Si les auxiliaires de puériculture sont présentes dans la rue ce mardi matin, c'est aussi pour espérer recevoir le bonus attractivité. "Cette prime mensuelle de cent euros dépend du bon vouloir du maire de la commune, explique la secrétaire CGT de l'agglomération de Brive-la-Gaillarde. Elles devraient pourtant toutes l'avoir, puisque sur ces cent euros, les collectivités ont seulement à leur charge 34 euros, le reste étant financé par la Caisse nationale des allocations familiales. Pour elles, ce serait une reconnaissance du travail accompli."