Ce début octobre 2023 est d'ores-et-déjà le plus chaud enregistré par les spécialistes, avec des températures qui dépassent encore les 30° degrés. Cette nouvelle illustration du réchauffement climatique n'est pas sans conséquences sur la nature. Dans les jardins, des floraisons sont décalées.
Les clichés, bucoliques et charmants, montrent de jolies petites fleurs blanches sur des branches d’arbustes. Ces photos, légendées « Des mirabelliers en fleurs », ont été prises par un habitant de Saint-Geniez-ô-Merle, au sud-est de la Corrèze. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Sauf que ces mirabelliers en fleurs datent du 1ᵉʳ octobre 2023.
J’ai 64 ans et je n’ai jamais vu ça, c’est vraiment étrange. Ces mirabelliers ont été ramenés de Moselle par mon grand-père, je les remis en place et j’ai ajouté d’autres pommiers et d’autres arbres pour faire un petit verger. Je ne les avais jamais vus en fleurs en cette saison.
Michel Boyer, propriétaire d'un petit verger corrézien
Sur ce petit plateau corrézien, situé à la limite du Cantal et qui culmine à 500 mètres d’altitude, les températures sont d’ordinaire plus fraiches qu’en ville. Il n'est pas rare, en cette période de l’année, d'avoir quelques petites gelées. Dans ces conditions, les mirabelliers ne fleurissent pas. D'où la surprise de cet habitant qui a souhaité partager ses photos pour mettre l’accent sur cette anomalie qui rappelle les effets du réchauffement climatique.
C’est un message d’alerte pour tout le monde, ceux qui veulent écouter. Parce que c’est très inquiétant.
Michel Boyer
Des cycles de floraison perturbés
Des arbres fruitiers qui refleurissent, des cassissiers qui refont des feuilles ou encore des fleurs printanières qui ressortent de terre… Olivier Giraud en voit également. Ce pépiniériste est installé à Chaptelat, en Haute-Vienne, depuis trois ans.
C’est pas normal. D'ordinaire ces floraisons se déroulent au printemps, en mars ou avril. C’est la météo très fluctuante, avec l’alternance de périodes de chaud et de froid, qui perturbe le cycle de floraison des plantes et des arbres.
Olivier Giraud, fondateur de Pépiplant
Autre exemple de ce dérèglement, le laurier lin (également appelé « viorne tin ») qui fleurit normalement en hiver, est actuellement en fleurs.
Pas de danger, mais des ventes décalées
Pour ce professionnel, ces floraisons décalées ne sont pas forcément dangereuses pour les végétaux, mais elles ont tout de même des conséquences :
Sur des vieux arbres, ça n’a pas d’incidence, ils refleuriront au printemps. Mais ça peut fatiguer des arbustes plus jeunes.
Olivier Giraud, Pépiplant
L’autre conséquence visible de cette météo exceptionnelle chez ce pépiniériste, c’est la clientèle : « Normalement en octobre, c’est le début de la période des ventes. Mais là, avec l’été qui a tendance à se décaler, les gens attendent que le sol soit plus humide et que les températures redescendent. Donc, on attend un peu plus ».
Le conseil de ce pépiniériste : préparer les trous pour les plantations et attendre encore. En espérant que l’automne finisse par arriver.