Selon une étude publiée par l'Insee, un quart des éleveurs vivent sous le seuil de pauvreté. À l’inverse, les céréaliers et les viticulteurs sont les agriculteurs qui ont le meilleur revenu.
Le niveau de vie des agriculteurs continue de se dégrader, c’est le résultat d’une enquête réalisée par l’Insee sur le revenu de ces professionnels. Les éleveurs sont les agriculteurs les plus mal lotis en France, avec les revenus agricoles et le niveau de vie les plus faibles.
Un constat confirmé par Pierre Cazes, un jeune éleveur installé à Espartignac en Corrèze.
Nous sommes très loin du SMIC, d’autant plus que ce qu’il faut aussi mettre en perspective c’est que la moyenne de temps de travail d’un agriculteur c’est entre 65 et 70 heures par semaine.
Pierre a repris l’exploitation d’un tiers, en location, il y a trois ans. Avec 6 000€ de revenus annuel, cette activité ne lui permet pas de subvenir aux besoins de son foyer.
Il explique, "aujourd’hui je contribue de manière très faible au revenu du ménage. J’ai deux enfants nous vivons aujourd’hui sur le salaire de ma compagne. Après ma situation est particulière, je suis jeune éleveur. Au début les charges sont toujours plus importantes. D’ici 10 ou 15 ans, ça devrait s’éclaircir".
Selon l'enquête, le revenu médian des ménages agricoles en 2018, s'élevait à 19 580€ pour le département de la Corrèze, 18 800€ pour la Haute-Vienne et 17 270€ pour la Creuse.
Hausse du coût des matières premières
Passionné et déterminé à œuvrer pour "nourrir les Français avec des aliments de qualité", Pierre est aujourd'hui inquiet quant à son avenir.
On est en train de vivre une augmentation des charges sans précédent. Le coût des matières premières (alimentation de nos animaux et gazole), atteint des tarifs jamais connus jusqu’à présent.
Même constat du côté de Jean-Luc Latet, éleveur laitier à Neuve-de-Vergt, près de Périgueux. Il a déclaré à nos confrères de France Bleu, "on a jusqu'à 40% d'augmentation aujourd'hui sur les charges. Je ne dors pas. On calcule, on se demande comment on va arriver à la fin du mois, payer les factures. C'est compliqué."
Des disparités en fonction des activités des agriculteurs
Autre point mis en exergue par l’enquête : les nombreuses disparités en fonction des activités des agriculteurs. Les revenus "sont particulièrement bas dans les territoires d'élevage de bovins viande" et souvent "plus élevés dans les territoires viticoles et dans ceux combinant diverses grandes cultures".
Un écart lié à l’essence même de l’activité selon Pierre Cazes, "en élevage, une personne a une capacité de travail limitée. On peut mettre de la mécanisation, un éleveur ne pourra dans tous les cas gérer qu’au maximum une centaine de mères. A l’inverse dans les grandes cultures, ils sont capables d’investir dans du matériel, qui leur permettra d’augmenter leur surface de travail de 15 à 20% et donc par conséquent leurs revenus".
Ainsi selon l’étude, les revenus sont comparativement nettement plus élevés chez les céréaliers ou les viticulteurs. Ainsi en 2018, "les revenus générés par l'activité agricole des ménages des territoires viticoles sont 1,9 fois supérieurs à ceux des territoires d'élevage bovin".
Quelles aides avec la nouvelle PAC ?
Et la situation semble loin de s'améliorer pour ces éleveurs qui craignent une forte baisse des aides, notamment avec le nouvel arbitrage de la PAC (politique agricole commune).
A première vue, la nouvelle PAC sera à la défaveur des éleveurs. Concernant mon exploitation, la perte de ces aides européennes pourrait représenter entre 2 500 et 4 000€ par an, c’est-à-dire une grande partie de mes revenus. Aujourd’hui notre production de qualité est reconnue mais pas valorisée ni payée à sa juste valeur.
Adoptée en juin dernier, la réforme de la PAC doit s'appliquer à partir de 2023.