Le mildiou, une maladie bien connue des jardiniers, s'est attaqué en juin au vignoble de Corrèze. Le champignon plonge les producteurs dans une période d'incertitude, à trois semaines du début des vendanges. En cause, le climat humide de ces dernières semaines.
Les aléas climatiques se suivent et se ressemblent pour Philippe Leymat, vigneron à Branceilles et président de la cave des Milles et une Pierres. En avril, le gel tardif a ravagé la moitié de sa récolte. En juin, le mildiou, ce champignon bien connu des jardiniers, a détruit 20% du raisin rescapé. Philippe Leymat saisit tristement une grappe : "Ça, on le voit par les grains desséchés, c'est 100% de mildiou. Là, tous les grains étaient viables, et ils ont tous été touchés, donc ils sont tous morts."
"Deux années de suite"
Cette persistance du mildiou est due un mélange de chaleur et de pluie ininterrompues du début juin à la mi-juillet. Ce cocktail est amer pour la vigne. En bio ou en conventionnel, le champignon n'a pas de distinction et a frappé durement les sept producteurs de la cave des Milles et une Pierres pour le deuxième été consécutif.
"Jusqu'à maintenant, à Branceilles, on était habitué à avoir un problème, un an sur deux, soit de mildiou, soit de gel et une autre année qui allait bien. Là, ce qui est compliqué et nous met en difficulté, c'est le fait que ce soit deux années de suite, insiste Philippe Leymat. Là, aujourd'hui, c'est difficile de quantifier réellement les pertes pour 2024, mais c'est clair qu'elles vont être significatives. On sait, par exemple, que sur les blancs, on risque très rapidement d'être en rupture de stock."
Un an de travail anéanti
Sur les coteaux de la Vézère, ce sont les cépages de rouge qui paient le plus lourd tribut à la maladie. Le mildiou a épargné les cabernets francs, mais a brûlé 100% du merlot et deux tiers des pinots noirs. "C'est dramatique économiquement puisqu'on aura très peu de vins pinots cette année, on aura du mal à faire du rosé, du rouge, en tout cas, comme on le souhaite. Financièrement, c'est une perte importante", se désole René Maury, vigneron et président du Domaine des Coteaux de la Vézère.
C'est même dramatique psychologiquement, parce que nous avons travaillé pendant des mois et des mois et fin juin, le mildiou s'est abattu sur nos vignobles.
René Mauryprésident du Domaine des Coteaux de la Vézère.
Les blancs comme les chenins sont relativement indemnes, la seule consolation pour le vigneron. Il y aura donc bien des vendanges cette année, mais plus tardives qu'à l'accoutumée. Il faudra attendre la rentrée pour les rouges et fin septembre début octobre pour les blancs, une situation inédite depuis sept ans.