L'eau est au cœur d'un conflit entre les gens du voyage et la municipalité de Brive. L'alimentation a été coupée il y a plusieurs jours sur une aire de passage où une communauté s'est installée depuis quelques semaines.
Depuis dix-huit jours, le groupe de gens du voyage n'a pas d'autres solutions que d'utiliser des bidons en plastique pour avoir un peu d'eau. "On ne fait pas la cuisine, on ne fait rien avec ça. C'est juste pour la douche ou laver le linge", déplore un homme issu de la communauté.
On ne fait pas la cuisine, on ne fait rien avec ça.
un membre de la communauté des gens du voyage
"On ne nous veut pas"
L'eau potable est un bien nécessaire devenu précieux. La mairie de Brive leur a coupé le robinet, il y a plus de deux semaines, afin de les faire partir. C'est une décision illégale.
"Il faut de l'eau, c'est la nature. On n'est pas des bêtes quand même", lance une mère, son enfant dans les bras. "Ma famille à moi, ça fait quatre-vingts ans qu'on est ici. Elle a toujours vécu là, j'ai grandi ici, moi aussi. Partout où on va, on ne nous veut pas", se désole l'un d'entre eux.
Partout où on va, on ne nous veut pas.
un membre de la communauté des gens du voyage
Depuis lundi, le tribunal administratif de Limoges a décidé, par un référé, de donner quarante-huit heures à la vingtaine de gens du voyage pour quitter les lieux. La décision est justifiée par le risque d'électrocution et d'incendie lié aux raccordements de fortune. Mais, ces personnes travaillent pour la plupart à Brive. Les enfants sont scolarisés dans les écoles de la ville.
"Là, on est pris un peu à la gorge. Partir, partir...on verra bien ce qu'on va faire. On ne sait pas trop bien où aller", avoue un membre de la communauté.
"Une violation claire des droits humains"
En octobre, l'autre aire d'accueil sur laquelle était ce groupe a été fermée. La mairie avait déjà coupé l'eau et l'électricité. La défenseure des droits à Paris avait alors rappelé les droits humains à la municipalité de Brive. Mais, Dominique Eyssartier, adjointe au maire en charge de la sécurité, assume ces décisions : "Ils savaient pertinemment qu'ils n'avaient pas le droit de rester sur place, et qu'ils devaient trouver un autre terrain. Il n'y en a pas qu'à Brive, il y a des terrains à Tulle, à Ussel, à Malmort. Il y a d'autres endroits", affirme-t-elle.
L'association nationale des gens du voyage citoyens dénonce un traitement inhumain "Dix-huit jours sans eau, c'est une violation claire des droits humains, des textes européens et nationaux, en vigueur qui protège le droit à un accès à l'eau, souligne William Acker, déléguée nationale de l'association. Ils se sont mis sur ce terrain, parce que leur aire d'accueil a fermé pour travaux, depuis octobre dernier. Ils n'ont eu aucune solution de relogement ou d'accueil temporaire qui a été proposé."
Le groupe de gens du voyage va contester cette décision de justice. Pour l'instant, ils ont l'intention de rester sur cet emplacement.