Après deux semaines sans avion, en raison du retrait de l'exploitant de la ligne, les vols vont reprendre entre Brive et Paris à partir du 16 septembre. Ils seront assurés par la compagnie Chalair, déjà implantée en Limousin, en attendant le résultat de l'appel d'offres prévu le 2 octobre prochain. Que va-t-il se passer ensuite ? On fait le point.
En 2023, la ligne entre Paris et Brive a transporté 28 500 passagers. Pour certains navrés de l'arrêt brutal des vols, comme s'en inquiétait Alexandra Froidefond, cheffe d'une entreprise basée à Brive. "J'espère que cette ligne va fonctionner rapidement parce que là, c'est nécessaire", nous disait-elle le mois dernier.
L'Obligation de Service Public, qu'est-ce que c'est ?
Car l'avantage de l'avion est indéniable dans le monde des affaires. De Brive, il permet de rejoindre Orly en 45 minutes, contre 4 heures 20 en train, jusqu'à la gare d'Austerlitz.
Sauf qu'en août dernier, la compagnie aérienne Amélia annonçait mettre fin au contrat de délégation de service public remporté en 2022 et qui courait jusqu'au 4 janvier 2026. En cause : une hausse du prix du kérosène et moins de passagers que prévu. Une manière également de faire grimper le montant de la subvention accordée par les collectivités territoriales et l'État, au titre de l'OSP, l'Obligation de Service Public.
L'OSP, l'obligation de service public, concerne les territoires enclavés, loin de la capitale par la route ou le train. Dans un rapport du Sénat "contribution du transport aérien au désenclavement et à la cohésion des territoires", sont cités en France métropolitaine le Cantal, l'Aveyron et Limoges.
Qui sera désigné ensuite ?
Dans le cadre des OSP, des compagnies aériennes candidatent pour exploiter une ligne. Celle qui est choisie perçoit une subvention de l'État et des collectivités territoriales, afin de compenser le fait que ces lignes "OSP" ne sont pas rentables, en raison du peu d'habitants des territoires dans lesquels sont implantés les aéroports, comme celui de Brive vallée de la Dordogne.
La compagnie Amélia qui exploitait la ligne Brive Paris jusqu'au 3 septembre, devait ainsi percevoir 18 194 998 euros sur quatre ans, soit 4 478 889 € pour l'année en cours.
Après l'annonce du retrait d'Amélia, une nouvelle consultation a été lancée pour l'exploitation de la ligne. En attendant le résultat, la compagnie Chalair a été choisie pour assurer la période transitoire. Elle exploitera la ligne à partir du 16 septembre, et jusqu’au 25 octobre.
À partir du 27 octobre, la compagnie aérienne choisie par le comité syndical qui gère l'aéroport prendra le relais pour les quatre ans à venir. S'agira-t-il de Chalair ? Trois compagnies se sont portées candidates, mais il semble difficile d'imaginer que Chalair puisse être favorite pour une période transitoire d'un mois et demi et recalée pour un contrat de quatre ans. D'autant que sur son site, la compagnie annonce "nouvelle ligne : Brive-la-Gaillarde", sans précision de durée.
Chalair : un nom connu en Limousin
Ce n'est pas la première fois que Chalair exploite une ligne en Limousin. La compagnie, basée à Caen, est présente sur l'aéroport de Limoges, elle assure la liaison Limoges-Lyon depuis 2014, avec Obligation de Service public depuis 2019, renouvelée pour la période de 2023 à 2027.
L'obligation de service public entre l'aéroport de Limoges Bellegarde et Paris existe depuis 2019. Chalair a alors remporté l'appel d'offres, pour un montant de 10,1 millions d'euros de subventions, mais au terme des quatre ans de contrat, le syndicat mixte de l'aéroport de Limoges-Bellegarde a retoqué sa nouvelle offre, la jugeant trop élevée, à douze millions d'euros. Chalair a alors expliqué avoir perdu plus d'un million d'euros sur cette ligne, en dépit de la subvention.
Depuis, il n'y a plus de liaison aérienne entre Limoges et Paris.
La compagnie Chalair est aussi connue en Limousin pour des déboires judiciaires. Condamnée en première instance pour complicité de travail dissimulé, concernant la ligne Limoges-Lyon, en septembre 2023, la compagnie a fait appel du jugement du tribunal correctionnel. Après un nouveau procès en avril dernier, la cour d'appel de Limoges rendra sa décision le 18 septembre prochain.
Ce 18 septembre, le délibéré a été repoussé au 16 octobre 2024.