Jean Bouyssou est le maire de Marcillac-la-Croze, petite commune de deux cents habitants en Corrèze. Il nous parle de son quotidien. Une réalité difficile qu'il a également partagé lors du carrefour des collectivités territoriales à Brive. Lors de ces face-à-face, les élus ont pu exprimer pour la première fois leur mal-être grandissant.
Jean Bouyssou, retraité de 74 ans, fait partie de ces élus qui n'en peuvent plus. Ce maire de la commune rurale de Marcillac-la-Croze n'aurait jamais soupçonné l'ampleur de la tache quand il a accepté son mandat.
Un rythme effréné
Il occupe ce poste à plein temps, en commençant ses journées à huit heures. "Il m'est arrivé de faire des semaines à 45 heures, avoue-t-il. Quand il y a une coupure de courant, on appelle le maire. Je connais certains de mes confrères qui ont toujours une tronçonneuse dans la voiture au cas où un arbre est tombé. J’admire ceux qui ont une activité professionnelle et qui assurent leur fonction de maire."
Les semaines sont longues et les moments de répit sont rares. "Je n’aurais jamais pensé que c’était à ce point-là. Je l’ai découvert. Mais j’ai du mal à me libérer totalement. Je n’ai pas eu de congé depuis plus d’un an."
Je n'ai pas eu de congé depuis plus d'un an.
Jean Bouyssou, maire de Marcillac-la-CrozeFrance 3 Limousin
Pour ne rien arranger, les taches se complexifient entre les exigences des administrés, la rigueur administrative et les démarches numériques. Les dossiers ne manquent pas : budget, état civil, école, préfecture, communauté de communes. "J’essaye d’éviter de solliciter trop la secrétaire, elle a déjà beaucoup à faire dans le temps qui lui est imparti. Malheureusement, elle ne peut y consacrer que vingt-et-une heures par semaine."
Une envie d'aider les autres
Jean Bouyssou a été élu à l'insu de son plein gré. Son arrière-arrière-grand-père a été maire deux fois, à la fin du XIXe et début du XXe, et son grand-père également. C'était une occasion de marcher dans les pas de ses ancêtres. La tache ne lui paraissait pas insurmontable et s'inscrivait dans la continuité de sa vie.
Dès le début de son mandat, il s'est attelé avec son équipe municipale à la démolition et la reconstruction de l'école de la commune. "Ma motivation profonde, c’est l’esprit de service, c’est ce qui m’a toujours animé dans ma vie."
Les grandes villes sont totalement différentes des petites collectivités rurales. J’aimerais que les gens prennent conscience de la fonction d’un maire dans une commune rurale.
Jean Bouyssou, maire de Marcillac-la-CrozeFrance 3 Limousin
Partager ses difficultés
L'habitant de Marcillac-la-Croze a pu rencontrer ses collègues et exprimer un ras-le-bol partagé par d'autres élus lors du carrefour des collectivités territoriales de Brive. Beaucoup ont dénoncé les difficultés des petites communes " C’est H24, c’est 7j/7, jours fériés et dimanche inclus. Ça peut être pour des broutilles comme des choses plus graves", témoignait une maire de 124 habitants. "Les grandes villes sont totalement différentes des petites collectivités rurales, constate Jean Bouyssou. J’aimerais que les gens prennent conscience de la fonction d’un maire dans une commune rurale."