Ce 25 avril, des dizaines de milliers de Portugais qui vivent en Limousin fêtent cet événement. Il y a 50 ans, la dictature salazariste prenait fin au Portugal. Les militaires organisaient un coup d’État. Cette "Révolution des œillets" s'est déroulée sans effusion de sang. Ceux qui ont connu cette époque n'ont pas oublié la cruauté de la dictature et le bonheur de retrouver leurs libertés.
Ce fameux 25 avril 1974, Fatima Jacinto avait tout juste 18 ans. De ce jour historique, la Briviste se souvient de toutes les scènes, de chaque détail : "j'étais au Portugal, dans un petit village qui s'appelle Quintas da Torre. Je me souviens de ce jour comme si je venais de le vivre. Mon père était un lève-tôt et lorsqu'il a mis la radio à cinq heures du matin, on a entendu Grandôla, Vila Morena (cette chanson portugaise a servi de signe de ralliement pour commencer la révolution, devenue l'hymne des commémorations du 25 avril 1974, NDLR)".
Une révolution sous forme de coup d’État. Les capitaines d’Avril – ces militaires de la dictature salazariste - ont "abattu" le régime avec des œillets au bout de leurs fusils.
Abattre la dictature qui dominait le Portugal depuis les années 30, mais aussi "finir avec les guerres coloniales en Afrique", explique Manuel Dias-Vaz, sociologue à l'Université de Bordeaux. "Le Portugal était le dernier des empires coloniaux en Europe". Des colonies qui nécessitaient des officiers "à tout prix", se souvient Fernando Valentin, Briviste d'origine portugaise. "Après quatre mois de formation militaire, certains soldats repartaient dans les colonies. Les jeunes ne voulaient pas y aller. Beaucoup même migraient à cause de cela."
On était toujours obligés de regarder autour de nous, de se demander qui était là, de réfléchir à ce que l'on disait.
FatimaBriviste d'origine portugaise
Un million de jeunes envoyés dans les trois colonies. Des centaines de milliers de Portugais contraints de s’exiler. Et pour les autres, la peur de parler, comme se souvient Fatima : "On était toujours obligés de regarder autour de nous, de se demander qui était là, de réfléchir à ce que l'on disait. La police politique était partout, et comme ils étaient en civil, on ne s'en rendait pas compte".
Ne pas oublier ces décennies de dictature et cette révolution pacifique, exemplaire pour le monde libre, c’est le sens du travail qu’accomplit aujourd’hui Magalie Pereira, étudiante en sciences de l'éducation à l'Université de Limoges. Elle participe avec d’autres à un travail de mémoire pour transmettre l’histoire du pays de ses parents : "Pour moi, c'est surtout un symbole de liberté. Chacun s'en est saisi et chacun s'est dit, "je ne vais peut-être pas pouvoir faire grand-chose, mais à ma petite échelle, je vais être là également, même symboliquement, et je vais donner ce que je peux donner". Au final, cela a fonctionné".
Au Portugal, pour les jeunes générations, le 25 avril est surtout un jour férié. La dictature et le coup d’État font partie du passé. Même si le signal déclenchant la révolution est devenu l’hymne de la Nation.