En Corrèze, deux enfants de huit et dix ans disent avoir subi des maltraitances au sein de leur ancienne famille d'accueil ainsi que des viols de la part d'autres jeunes placés. Leur père porte plainte. La famille d'accueil mise en cause a été suspendue à titre conservatoire.
"Bonjour, Monsieur le président de la République. J'ai un message à vous faire passer. J'ai vécu une chose terrible, j'ai besoin de votre soutien, car je n'ai plus confiance en la justice." Écrits au feutre rouge sur une feuille de papier, ces mots sont ceux d'une petite fille de huit ans. Elle et son frère de dix ans disent avoir subi des viols au sein de leur ancienne famille d'accueil.
Les faits dénoncés mettent en cause deux adolescents, également placés, avec qui ces deux enfants partageaient leur quotidien. Dès qu'ils ont livré ce témoignage, le père est allé relater ces propos à la police et a porté plainte le 30 octobre dernier au commissariat de Brive.
Ils ne prenaient que deux douches par semaine. Ils ne mangeaient pas à leur faim.
En 2020, les deux enfants, alors âgés de quatre et six ans, avaient été placés par l'aide sociale à l'enfance, ne gardant que des contacts très sporadiques avec leurs parents. Quatre ans plus tard, de retour chez eux, les langues se délient.
Ils racontent des maltraitances, du harcèlement et diverses humiliations de la part de la famille d'accueil. "Ils ne prenaient que deux douches par semaine, relate le père. Ils ne mangeaient pas à leur faim. Ils avaient interdiction d'aller dans le salon et dans la cuisine. Les enfants ont mis du temps à parler, on a dû prendre un psychologue."
Bouleversé par ces confidences, il est aujourd'hui en colère. "C'est terrible, confie-t-il. On se dit : 'Pourvu qu'ils mentent !' On soupçonnait ces faits-là, on a averti l'aide sociale à l'enfance depuis un an et demi, mais on nous disait : pas en Corrèze !"
"Je pense que ce n'est pas manigancé"
La famille s'est entourée d'une avocate parisienne, spécialiste des violences faites aux enfants. Selon cette dernière, la véracité du récit des enfants ne fait aucun doute. "Les deux enfants sont concordants, affirme Maître Janine Bonaggiunta. Concordants avec des différences de langage. Donc, je pense que ce n'est pas manigancé. Quel intérêt cela présenterait pour les parents qui ont envie de passer à autre chose, de tourner la page et de tirer un grand trait sur cette vie passée qui leur a causé beaucoup de dégâts ?"
À ce jour, selon nos informations, les deux enfants n'ont toujours pas été entendus par la police nationale.
Contactés, les services de l'Aide sociale à l'enfance n'ont pas souhaité s'exprimer. De son côté, le parquet n'a pas donné suite à l'heure où nous publions ses lignes.
Dans l'attente du traitement de la plainte, le conseil départemental a d'ores et déjà pris une mesure conservatoire de suspension à effet immédiat à l'encontre de la famille d'accueil.