Il y a quinze mois, l'abattoir d'Ussel en Corrèze est passé tout près de la fermeture. Gestion défaillante, procédures sanitaires mal respectées, le site n'a dû sa survie qu'à une reprise en main énergique par une nouvelle direction. Ce jeudi, un ultime contrôle devrait entériner la fin de la mise en demeure d'un outil dont la pérennité, à moyen terme, devra passer par de très gros investissements.
Cyril Dumas est président du Groupement des usagers de l'abattoir d'Ussel. Basée à Giat dans le Puy-de-Dôme, son entreprise fait abattre plus de mille porcs par an à Ussel. Pour ce transformateur qui produit notamment du saucisson, l'abattoir à quarante-cinq minutes de route est un outil vital. Sa fermeture aurait engagé la survie même de sa société.
"C'était une grande peur, oui. Mais on a réussi à trouver un directeur qui s'implique et qui a toutes les connaissances aussi bien techniques que financières pour gérer un outil comme celui-là".
Sauvé une première fois de la fermeture
2019 : cet abattoir était vendu à ses principaux usagers, mais il y a quinze mois, l'affaire finissait dans le mur. Le bien-être des animaux, les conditions sanitaires, la gestion chaotique même de l'établissement poussait la préfecture à prononcer une mise en demeure. Le directeur a été débarqué en urgence, huit des vingt-cinq salariés licenciés, les procédures revues de fond en comble. L'abattoir échappait de peu à la fermeture.
"La preuve qu'on amène de la maîtrise est fondamentale. Ça passe par des autocontrôles menés au quotidien par les chefs de chaînes, par le service qualité, par moi-même et des opérateurs qui ont été formés l'année dernière", explique Stéphane Chalier, nouveau directeur de l'abattoir d'Ussel.
Finie la course au tonnage, on ne sort plus ici que trois mille deux cents tonnes de carcasses, mille de moins qu'il y a quelques mois, mais en gardant une spécificité unique à plus de cent kilomètres à la ronde : un abattoir multi-espèces : "On est très polyvalents et c'est notre atout principal de pouvoir traiter l'ensemble de ces espèces. C'est une souplesse et une capacité à être réactif d'une journée à l'autre", explique encore le directeur.
Pour les éleveurs du plateau, pour les circuits courts, pour les boucheries rurales, l'outil est parfait. Pour Ussel, ça reste une verrue en centre-ville.
"Aujourd'hui, un battoir n'a plus lieu d'être en centre-ville. Que faut-il mettre comme argent pour le maintenir et passer le relais à un nouvel outil, à un autre endroit, pas un autre territoire, mais un autre endroit, ça, c'est notre objectif", explique Christophe Arfeuillère, maire LR d'Ussel.
Quel nouveau projet ?
Mal situé, vieux de soixante ans, l'abattoir est condamné à moyen terme. La tutelle a prévenu. Pour le moment, il est sauvé, mais il faudra faire quelque chose : "Si on s'oriente vers une nouvelle construction, il va falloir que ce soit un outil qui soit aux normes dès le départ et qu'il soit rentable. Ça reste une activité économique et ça ne peut pas être déficitaire sur le long terme", confirme Etienne Desplanques, préfet de la Corrèze.
Monter un projet, garantir sa viabilité, la communauté de communes se dit prête à se lancer.
"Tout abattoir qui se construit en France aujourd'hui, doit avoir la caution bancaire des abatteurs en matière de tonnage. Ça veut dire que la société s'engage à abattre tant de tonnes qui donnent la garantie financière de la construction de cette unité agro-alimentaire", explique Pierre Chevalier, président de Haute-Corrèze Communauté.
Des études de faisabilité et des recherches de subventions vont être lancées prochainement. Premières esquisses du projet en fin d'année.