Les locataires d'un HLM à Brive font avec les moyens du bord pour tenter de combler le manque d'isolation de leur logement. Le bailleur, Brive habitat, a mis en place une plateforme téléphonique pour améliorer la prise en charge des problèmes techniques.
Trop froid l'hiver, trop chaud l'été... À Brive, dans un logement social, des locataires se plaignent d'une mauvaise isolation. Au point que cette mère de famille, Alexandra Sanchez, doit opter pour le système D : « Pour limiter la chaleur l'été, on met des cartons contre les fenêtres, et l'hiver, on met aussi du polystyrène et un amas de couettes pour éviter qu'il fasse trop froid dans les chambres, surtout dans celles des enfants, où on atteint vite les 10-15 degrés l'hiver et plus de 30 degrés l'été », raconte Mme Sanchez.
Du carton, du polyester et des couettes pour lutter contre le froid
Locataire depuis un an et demi, Alexandra a alerté Brive habitat, son bailleur social… Sans résultat. « On nous a dit que les fenêtres ne pouvaient pas être changées, que c'était à cause des joints, qu'il fallait qu'on remette de la mousse. On ne peut rien faire, voilà ce qu'on nous a dit », déplore-t-elle.
À l’heure actuelle, il y a un combat contre les passoires énergétiques. Nous habitons dans un logement social. Si on passe par là, c'est que nous n'avons pas les moyens de faire autrement et nous avons des factures d'électricité et de gaz qui montent très vite, car ce n'est pas isolé correctement.
Alexandra Sanchez, locataireà France 3 Pays de Corrèze
Selon la locataire, aucun diagnostic de performance énergétique (DPE) n'a été présenté pendant la visite de l'appartement ou lors de la signature du bail. Depuis, la famille n'a toujours pas réussi à l'obtenir, ne sachant pas dans quelle catégorie leur habitation est classée.
Pourtant, le directeur de Brive habitat, Pierre Guicharnaud, affirme que leur logement est classé en catégorie C. Les travaux d'isolation pour cet appartement ne sont donc pas une priorité : « La lutte contre les aspects énergétiques concerne les bâtiments classés E, F, et G. Il y en a plus de 600 à Brive habitat sur un patrimoine de 3 500 logements, ce qui fait environ 18%. Ces bâtiments sont donc prioritaires », explique-t-il.
Trois centimètres d'eau dans le cellier
Sur le palier d’en face, chez la voisine, c'est un autre problème : Pascale attend depuis six ans que son cellier soit remis en état, après des problèmes d'infiltration. « Il y a eu des infiltrations et je me suis retrouvée dans ce cellier avec au moins trois centimètres d'eau. Il y a eu des tentatives de solutions, qui n'ont pas abouti, car cela n'a pas été fait dans la logique des choses. On a commencé par refaire la peinture avant d'identifier l'origine de l'infiltration », explique Pascale Moreau.
Depuis, la locataire appelle régulièrement son bailleur social. Mais personne ne lui répond. « Je me sens abandonnée. Il n'y a pas d'interlocuteur. J'appelle le responsable de secteur, mais il ne répond jamais, ou le responsable de l'immeuble, mais il se repose sur le responsable de secteur. Donc il n'y a aucun aboutissement. »
Selon le directeur de Brive habitat, l'affaire est entre les mains des assureurs et devrait être solutionnée.
Mieux connaître ses droits avec l'ADIL
Pour connaître ses droits et tenter de faire avancer les choses, Pascale a assisté à une table-ronde organisée par l’Agence départementale d'information sur le logement (ADIL). Une réunion pour informer les locataires sur les dispositifs d’aide, notamment en cas de litige avec leur propriétaire.
L'avocate et bâtonnière du barreau de Brive, Maître Laurence Boucherat, recommande d'abord d'opter par une conciliation : « On peut saisir la commission départementale de conciliation et voir un conciliateur pour faire avancer les choses et discuter. Mais si, de l'autre côté, il n'y a toujours pas de réponse, même après des mises en demeure, à ce moment-là, on peut saisir le tribunal qui pourra exécuter une obligation de faire sur les réparations, voire mettre à la charge des bailleurs des dommages et intérêts, si les désordres sont subis depuis très longtemps. »
Il faut se défendre, ne pas avoir peur ni de pousser la porte du tribunal ni du prix. En effet, pour des personnes qui sont logées par des bailleurs sociaux, ils peuvent avoir recours à une aide juridictionnelle ou à une protection juridique qui peut prendre en charge les honoraires de l'avocat.
Maître Laurence Boucherat, avocate et bâtonnière du barreau de Briveà France 3 Limousin
Depuis mars 2023, Brive habitat a mis en place un standard téléphonique, notamment dédié aux aspects techniques. Une manière d'améliorer la traçabilité des appels et la prise en charge des demandes des 3 700 locataires du bailleur social.