On compte en Limousin plus de 1 000 plantes exotiques (un quart des espèces en Nouvelle-Aquitaine). Certaines sont devenues invasives et menacent les écosystèmes. Des actions sont mises en place pour tenter de les éradiquer.
Le rendez-vous a été fixé au sud-est de Brive. Armés de bêches et de fourches, une dizaine de bénévoles s’apprêtent à s’attaquer à l’envahisseur.
Plantes compétitives..
Présentation de la cible : "Le raisin d’Amérique se reconnait assez facilement avec sa tige rouge, ses grandes feuilles et ses grappes de fleurs qui deviennent des grappes de fruits".
Le chantier est expérimental, car c’est la première fois que la plante envahit cette parcelle. Il y a encore quelques mois, c’était un espace boisé. Mais, située sous des lignes à haute tension, elle a fait l’objet d’une coupe préventive.
"Le raisin d’Amérique, c'est une plante opportuniste, très compétitive (...). C'est la première à sortir quand il y a une perturbation. Le truc, c'est qu'il se reproduit par les graines. Si on déracine tout comme ça, il y a un fort risque que les fruits et les graines tombent au sol et que ça recommence chaque année" explique Bruno Labrousse, chargé de mission au Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine.
Le chantier se déroule donc en deux phases : la cueillette des fleurs puis l’arrachage des pieds, car l’ennemi est coriace : "Larges feuilles, elle assomme tous ses voisins, elle pousse très vite. Elle a une stratégie de développement cette plante. On le voit, elle est faite pour ça dans sa structure" constate Dominique Gaudefroy, bénévole et président de l'association "Jardin sauvage". Ses racines sont aussi impressionnantes qui s'étendent sur le côté avant de s'enfoncer dans le sol pour survivre au givre l'hiver.
Protéger la biodiversité
Sur ce site naturel protégé, les bénévoles s’activent. L’objectif est d’empêcher que l’espèce ne colonise complètement les lieux et ne réduise ainsi la biodiversité.
"On est sensibilisé, car on se balade beaucoup, on voit les proportions que ça prend dans la nature. Il y a aussi la problématique des milieux qui se ferment. Des plantes qui aiment avoir de la lumière et qui n'en ont plus" confie Laurence Debrach, bénévole et membre de l'association "Jardin sauvage".
En Limousin, on compte une dizaine de plantes invasives : Berce du Caucase, Renouées asiatiques, Jussie, Robinié ou encore Ambroisie. Toutes sont arrivées dans la région à cause de leur attrait esthétique.
"Ce sont des espèces qui ont été importées, clandestinement ou pas, pour les parcs et jardins. Et puis un jour les propriétaires en ont eu marre, ils ont mis ces espèces dans le fond du jardin et elles sont propagées" explique Laurent Chabrol, responsable pôle biodiversité au CPIE de Corrèze.
Et si certains pensent qu’il faut laisser faire la nature, ça n’est pas l’avis de ce spécialiste : "On a des espèces qui arrivent d’un coup. Elles n'ont pas co-évolué avec le reste de la faune, les bactéries, les champignons du sol, qui sont très dynamiques et qui perturbent les équilibres, résultats de milliers d’années d’évolution".
Comment rejoindre la lutte ?
Ces plantes invasives n’ont pour l’instant causé la disparition d’aucune variété indigène. Mais dans certains secteurs, elles ont pourtant déjà remplacé les espèces autochtones. Dans certains étangs de Haute-Vienne, des espèces aquatiques ont disparu sous la pression de certaines espèces comme le myriophylle du Brésil par exemple.
Face à ces envahisseurs, qui risquent de proliférer avec le réchauffement climatique, la vigilance est de mise. Et des actions, comme ce chantier bénévole, sont amenées à se multiplier. Un observatoire en Limousin propose aux bénévoles de rejoindre la lutte.