Plusieurs magasins de lingerie en France, fermés comme beaucoup de commerces jugés non essentiels par le gouvernement, ont décidé de réagir... avec humour. Sous l'impulsion du collectif "Action Culottée", deux gérantes de Brive et d'Objat ont donc envoyé à Jean Castex... des petites culottes !
"Les fleuristes, libraires, coiffeurs ou encore disquaires ont été relégués en commerces dits « essentiels ». Mais la culotte ? N’est-ce pas une question d’hygiène et de protection (...) Nous ressentons tous un très fort sentiment d’injustice !". C'est ainsi que le collectif "Action Culottée" a décidé de défendre les magasins de lingerie indépendants. Depuis le 19 avril 2021, plusieurs enseignes ont donc rejoint le mouvement avec une mission : adresser une petite culotte... à Matignon.
Parmi ces nombreux détaillants, deux se situent en Corrèze. La gérante d'un magasin à Objat enverra son courrier demain matin. "Je ne sais pas encore quel modèle envoyer, mais il sera très certainement coloré !", nous confie Charlène Féral. "J'ai la chance d'avoir une clientèle fidèle et d'être très présente sur les réseaux sociaux, ce qui renforce ma capacité à faire du clik and collect, mais là, on reçoit les nouvelles collections d'été, les maillots de bain...", on sent alors l'impatience de pouvoir rouvrir son magasin, peut-être à partir de la mi-mai...si tout va bien et si le gouvernement confirme sa volonté d'alléger les restrictions.
Sophie Feix, elle, a posté l'enveloppe ce 20 avril 2021. Le courrier est parti avec à l'intérieur, une petite culotte bleue avec des fleurs blanches. Ce qu'elle espère ? Elle aussi mise sur une réouverture vers la mi-mai. "Au magasin, nous sommes prêts. Les nouvelles collections sont arrivées. Les tiroirs débordent. Si nous n'écoulons pas cette marchandise, cela risque d'être compliqué, surtout si les soldes d'été ne sont pas repoussés". En attendant, Sophie accueille ses fidèles clientes sur le pas de la porte. "J'essaie de transformer mon site internet en site marchand, mais ce n'est pas facile. Alors, en attendant, j'envoie beaucoup de photos, je prête aussi des modèles pour les essayages."
Charlène et Sophie font partie d'un groupement de détaillants en lingerie. L'initiative "Action Culottée" est née parmi les adhérent(e)s. "Oui, nos commerces sont essentiels" clament les deux détaillantes corréziennes. "Nous sommes capables d'accueillir nos clientes, de gérer la jauge de nos magasins, de garantir la sécurité de tous, avec intelligence."
Les petites culottes envoyée à Paris, au 57 rue de Varenne, sont accompagnées d'un courrier explicant les revendications :
- le reclassement des sous-vêtements en produit "essentiel” et de ce fait, la réouverture des boutiques concernées.
- alternativement, l’autorisation de rendez-vous client physique et individuel est une bonne solution.
- ou encore, encadrer les promotions avant les soldes d’été.
"Comment espérer survivre si après 2 mois de fermeture les grandes enseignes et géants du web se mettent comme en 2020 à proposer leurs collections à prix cassé ? Choisissez une date de soldes et faites-en sorte que les promotions ne commencent qu’à la date définie ! Cela est vital pour nos entreprises !", peut-on lire sur la lettre.
Le collectif réclame également des mesures financières et fiscales pour faire face aux pertes de salaires notamment.
Sans oublier ces questions sur l'utilité de la culotte :
N’est-ce pas la première chose que nous enfilons le matin pour nous habiller, même vous, Monsieur le Premier Ministre ?
La réponse se fera peut-être attendre, et nous ne saurons sans doute pas quels modèles Jean Castex préfèrera entre le string, le tanga ou le shorty !
Avertissement : sur sa carte interactive, le collectif recense les enseignes participantes à cette opération. Mais attention, nous avons relevé au moins une erreur qui concerne une gérante qui, bien que d'accord sur le fond, ne l'était pas sur la forme, et n'a donc pas prévu d'envoi pour le Premier ministre.