Le 27 mars 2020, le Fédération Française de Rugby a annoncé l'arrêt définitif des compétitions de rugby amateur pour la saison 2019-2020. Une nouvelle qui fait du bruit dans le milieu rugbystique limousin où 86 clubs sont concernés.
Depuis le 13 mars dernier et pour que chacun respecte le confinement, les compétitions sportives ont été temporairement suspendues.
Vendredi 27 mars 2020, la Fédération Française de Rugby a annoncé dans un communiqué l’arrêt des championnats amateurs pour la saison 2019-2020. Cette année, « aucun titre de champion de France ou de Ligue ne sera décerné » mentionne la FFR sur son site internet.
? COVID-19 : arrêt des compétitions de rugby amateur pour la saison 2019-2020.
— France Rugby (@FranceRugby) March 27, 2020
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Fédérale 3 : le Rugby Causse Vézère est "dégoûté"
En Limousin, le rugby est aussi impacté par cette annonce avec 86 clubs concernés. Parmi eux, le Rugby Causse Vézère qui évolue actuellement en Fédérale 3.Cette information, François Leymarie, Président du club l'a reçue amèrement dans un premier temps :
Égoïstement, c’est la meilleure saison qu’on ait fait depuis des années, c’est sur qu’on est très frustrés. Aujourd’hui, je me range derrière l’avis médical. Je ne suis pas expert, mais j’imagine que s’il y a confinement, on ne peut guère faire autrement.
Mais François Leymarie et les coachs du RCV pensent déjà à la saison prochaine et contactent un à un les joueurs, qui visiblement souhaitent continuer sous les couleurs vertes et bleues pour la saison 2020-2021. Le RCV fidélise ses membres depuis plusieurs années, "on a très peu de départ depuis 4 ou 5 ans. Aller chercher de nouveaux joueurs, c'est bien, mais si tu ne gardes pas les tiens, ça ne sert à rien."
Le meilleur moyen pour reprendre la saison prochaine, c'est de garder nos joueurs. Ils sont globalement tous partants pour reprendre avec nous à la rentrée. La reprise se fera vraisemblablement mi-juin ou fin juin pour préparer la saison.
Deuxième de la poule pour cette saison annulée, les joueurs du RCV visaient les qualifications pour les phases finales qui devaient se jouer au mois de mai. Coup dur donc, de devoir renouveler une année de victoires pour une équipe tout juste arrivée en Fédérale 3. "En début de saison, nous visions le maintien. On s'est pris au jeu, on a travaillé, on a tapé des équipes comme Bourges, qui a quatre fois notre budget."
Les joueurs sont dégoûtés et écoeurés, forcément. Ils ont fait de gros déplacements, réussis pour la plupart. Quand on part à 700 kilomètres, après 9 heures de bus... On pense aux phases finales qui peuvent arriver, c'est génial! C'est pas tous les ans qu'on peut les faire.
Pourtant, François Leymarie n'est pas inquiet quant à l'ambition de ses joueurs pour l'année prochaine. "En deux ans, ils ont su nous montrer leurs motivations. Le fruit de la réussite, c'est d'abord l'adhésion aux projets du coach."
Concernant les retombées financières, le Président du club n'est pas plus inquiet malgré les conséquences de l'arrêt du championnat depuis le 13 mars dernier. Le RCV est un des plus petits budgets de Fédérale 3. En plus des quelques mécènes qui financent le club, ce dernier organise des événements qui ont également du être annulés en raison de la crise sanitaire actuelle.
Nous avions un énorme repas prévu avec Argentat la semaine dernière. Près de 400 personnes étaient conviées. Avec le match retour contre Tours, nous aurions également pu faire une belle soirée. Ce sont forcément des recettes qui vont manquer.
Le bureau du Rugby Causse Vézère a évalué la perte sèche sur la fin de saison. Elle serait entre 25 000 et 32 000 euros en comptant notamment les matchs annulés sur plusieurs week-ends à domicile et les recettes des buvettes.
Fédérale 2 : Malemort XV à quelques matchs des phases finales
Toujours en Corrèze, le club Malemort XV évolue en Fédérale 2. La Présidente du club, Pascale Clarat salue la décision de la Fédération Française de Rugby de suspendre la compétition cette année.
C'est avant tout une très bonne décision pour la santé de tout le monde : les licenciés, les joueurs, les spectateurs, les bénévoles. C'était nécessaire et indispensable.
Pour Pascale Clarat, reprendre la compétition après un arrêt des entraînements et des matchs de près de deux mois était une idée risquée : "c'est dangereux physiquement pour nos joueurs de reprendre dans de telles conditions".
D'après elle, les joueurs étaient déjà préparés à ce que la saison s'arrête au vu de l'évolution que prenait le confinement. Alors chaque semaine depuis début mars, le préparateur physique de l'équipe, Pascal Peyramaure envoie un programme à son équipe pour qu'ils puissent "se maintenir en forme".
Ils ont le droit de sortir à un kilomètre de chez eux, et pendant une heure. Ce qui est compliqué c'est que d'habitude, ils s'entraînent tous les jours.
Pour la Présidente, Malemort XV devrait limiter la casse économiquement. "Nous sommes un des plus petits budget du championnat. Nous arrivons à boucler nos fins d'années sans problème, c'est tout ce qu'on souhaite cette année également en restreignant un peu le budget de l'année prochaine." Bien que subventionné par la municipalité et la région, l'EVMBO compte aussi et surtout sur les recettes des matchs et des divers évênements organisés pour compléter leur budget.
Nous avions des manifestations prévues avant la fin de la saison actuelle, notamment le tournoi de l'école de rugby qui n'avait pas eu lieu depuis six ans. Nous devions également organiser un loto. Le 13 juin, nous organisons le tournoi des "Vieilles Chouettes" qui permet aux vétérans de se retrouver, on espère qu'il pourra avoir lieu et que la fête sera bonne.
Sur la question des sponsors, Pascale Clarat se range du côté des entreprises, "nous n'avons pas de retour des sponsors pour l'instant. Ça risque d'être compliqué, mais il est normal que les entreprises se sauvent avant de penser aux associations qu'ils soutiennent, sans parler que de rugby ou de sport."
Après une saison 2018-2019 difficile et dans une "poule de la mort", les joueurs de l'EVMBO ont réussi à rebondir la saison dernière au point de pouvoir se qualifier pour les phases finales. Cet arrêt de la saison est en apparence une mauvaise nouvelle pour l'équipe. Pour autant, la Présidente reste sereine quant à la motivation des "garçons".
Cette saison, l'équipe une était quatrième, l'équipe B était troisième, on avait accès aux qualifications. On aurait fait les phases finales et ça aurait été génial pour les gars. Ils vont repartir dans la même optique et aussi motivés que cette dernière saison.
Elite 2 : coup dur pour le rugby féminin à Limoges ?
Contacté par téléphone, Eric Laylavoix, entraîneur des Gazelles de l'USAL Limoges voyait trois scénarios possibles : le gel total de la compétition, l'arrêt de la phase de qualification avec un maintien des phases finales ou le report de la compétition en juin ou juillet.Au niveau amateur, on sait très bien qu'aujourd'hui, repousser la compétition à juin ou juillet c'est compliqué et sans garanti au niveau sanitaire.
Pour le coach, cet arrêt de la compétition laisse un goût amer chez ses joueuses "la saison se finit mal finalement. Je ne sais pas quelles conséquences cet arrêt peut avoir sur le groupe la saison prochaine." Les Gazelles étaient elles aussi en lice pour les phases finales. Deuxième du championnat Elite 2 avec le même nombre de point que les premières du classement La Valette Le Revest La Garde Le Pradet, les joueuses de rugby de l’USAL ne sont pas inquiètes quant aux prochaines directives de la FFR. Dans le meilleur des scénarios, elles pourraient atteindre l’Elite 1.
Nous attendons les directives de la semaine prochaine pour en savoir plus sur l’accession au niveau supérieur. Aujourd’hui, je ne sais pas du tout comment ça va se décider et s’il y aura une montée.
En plus de l'aspect sanitaire et sportif, Eric Laylavoix mentionne un possible mal financier : "la multitude de petits partenaires avec lesquels nous travaillons vont-ils pouvoir se relever à l'issue du confinement ?". Pourtant, il reste confiant quant à la capacité du club à rebondir dès le début de la saison prochaine.
Le club a retrouvé une situation très saine au niveau économique. Forcément, cette situation impacte, mais je ne pense pas que l'USAL soit en péril aujourd'hui.
L'entraîneur et les Gazelles se tournent aujourd'hui vers la saison prochaine. "Depuis le début du confinement, je leur envoie régulièrement des activités ludiques pour changer la routine des exercices traditionnels." Confinées en appartement en ville ou dans des maisons à la campagne, les joueuses s'adaptent au rythme à distance. Pour Eric Leylavoix, elles doivent avant tout garder une "bonne santé morale".
Maintenant qu'on sait que la saison est arrêtée, on prépare la saison prochaine. On fait le tour des filles pour voir si elles repartent avec nous cette année. Mais cette situation peut fragiliser la dynamique qui avait été acquise jusqu'à maintenant dans la pratique du rugby féminin à Limoges.
Les clubs de rugby devraient avoir des nouvelles de la FFR d’ici au 3 avril prochain pour connaître les modalités permettant de statuer sur les éventuelles montées et relégations pour les compétitions nationales.
Paroles de supporters
Cet arrêt c'est normal, pour la protection des supporters. C'est dommage car la saison est finie et le club était en bonne place pour les phases finales. C'est dommage aussi pour les fidèles supporters qui viennent tous les week-end au stade et ça ne nous fait plus de sortie le dimanche du coup. Romane, Rachel et Elise, supportrices du Malemort XV.Pour le bien des joueurs et des supporters qui viennent au stade c'est bien de respecter les consignes du gouvernement. C'est vrai que les matchs du dimanche nous manquent. Retrouver cette ambiance du rugby que l'on a plus en tant qu'anciens joueurs, ça manque aussi. Quand on voit les résultats du club en ce moment, c'est dommage de ne pas pouvoir jouer les phases finales. On ne sait pas comment ça va se passer pour la montée ou la descente. On est impatient de supporter notre équipe de nouveau et de retrouver les bords du terrain. Damien, supporter du Rugby Causse Vézère.