Corrèze : nouvelle manifestation contre les coupes rases

Dimanche 10 juillet, une journée de sauvegarde des forêts de feuillus a été organisée par le groupe forêt du syndicat de la montagne limousine. L'occasion d'une nouvelle manifestation contre les coupes rases, qui trop souvent remplacent des forêts de feuillus par des plantations de résineux.

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La parcelle  près de Saint-Setiers fait peine à voir. Une trouée dans le paysage forestier. L'andain, c'est à dire l'amoncellement de souches et de branchages rectiligne : c'est tout ce qu'il reste de la forêt de feuillus. Elle a été rasée au mois de mai dernier. Environ 150 manifestants se pressent en bord de route. Ils sont venus clamer leur opposition à cette gestion controversée de la forêt. 

"Il y a de plus de plus de coupes rases et un manque de respect de tout ce qui vit dans la forêt. On en a pourtant besoin. C'est une industrialisation des forêts", déplore un manifestant. 

"Je connais le plateau de Millevaches depuis toujours et je l'ai vu se dégrader d'années en années. J'ai amené mon mari un jour voir un site magnifique dont j'avais le souvenir d'enfance et je n'ai plus retrouvé qu'un versant dévasté par les coupes rases", se désole une manifestante.

La parcelle a été acquise en 2020. C'est une ancienne friche agricole. Le propriétaire se défend de l'avoir rasé gratuitement. L'idée, pour lui, est de replanter des essences plus rentables et durables comme le Douglas tout en conservant 20% de feuillus. 

"Nous ne voulons pas effectuer de coupe rase ! Nous souhaitons privilégier les prélèvements par éclaircies sélectives et extraire les gros arbres en fin de vie, en favorisant la régénération naturelle. Mais la nature quelquefois ne fait pas bien les choses, l’homme doit trouver des solutions pour vivre avec elle et, en cas de maladies, d’infection, de sécheresse, de tempête, il faut prendre des décisions contre dame nature, pour l’aider à se reconstruire et à se refaire une beauté ! Croyez-vous que d’effectuer une coupe rase d’arbres scolytés (les scolytes sont des insectes parasites des arbres) fasse plaisir à un paysan de la forêt ?",  explique dans un communiqué Jean-Maurice Aubertie, propriétaire des parcelles.

"Un véritable saccage" pour le syndicat de la montagne Limousine. Son groupe forêt pointe le fait que le site classé Natura 2000 abrite un ruisseau affluent de la Vienne en partie bouché après la coupe. Un cours d'eau dont la végétation des rives a été durablement détériorée. 

Plusieurs plaintes ont été déposées à l'encontre du propriétaire notamment par l'office français de la biodiversité. 

"Comme il y a eu une coupe rase avec dessouchage et andainage, il y a ensuite un lessivage du sol et un ensablement de la rivière. On le voit bien ici, la coupe a eu lieu il y a quelque semaines et déjà on a un gros ensablement. Avec les grosses pluies orageuses, tout part dans le ruisseau", constate Rémi Gerbaud, membre du Syndicat de la Montagne Limousine. 

Les coupes se multiplient et vont continuer. Pour rappel, l'essentiel du plateau de Millevaches était non boisé avant la seconde guerre mondiale. Des résineux y ont été plantés en nombre dans les 50. Des forêts de feuillus s'y sont également développées. Une forêt désormais arrivée en maturité et donc exploitée. En 2018, 1600 hectares était coupés chaque année. Une sylviculture et des intérêts économiques qui se heurtent aux habitants. 

Ces derniers mois les manifestations se multiplient pour réclamer une gestion de la forêt moins brutale. Le syndicat de la montagne limousine, souvent à la manœuvre, veut empêcher que les coupes rases ne se poursuivent. Il vient de se doter d'un outil de vigilance forestière, un outil participatif de veille foncière pour permettre de l'agir pour la préservation des forêts de feuillus. 

"C'est une application pour téléphone, également accessible par ordinateur qui permet à tout un chacun de signaler des projets de coupe rase avant qu'ils n'aient lieu" confie Rémi Gerbaud. L'objectif est de préserver les forêts de feuillus, des sites d'intérêt patrimonial. Quand le syndicat est mis au courant, il peut intervenir auprès du propriétaire pour proposer de faire autrement, en pratiquant des éclaircies, voire en rachetant la forêt s'il le faut. Des groupements d'acheteurs vont se lancer à l'automne dans ce but.

En attendant la plainte à l'encontre du propriétaire suit son cours. L'affaire devrait donc passer prochainement devant les tribunaux. 

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