L'exploitation forestière intensive, et les coupes rases, sont à l'origine de la pollution à l'aluminium de plusieurs captages d'eau potable sur le plateau de Millevaches, selon une étude de l'Université de Limoges. Une consommation excessive d'aluminium pourrait entraîner des maladies neurodégénératives.
Drouillat est un petit hameau situé à 900 mètres d'altitude sur la commune de Peyrelevade (Corrèze). Depuis deux ans, la quinzaine d'habitants est approvisionnée en eau potable par la mairie, ne pouvant plus boire l'eau du robinet. Les habitants stockent les packs d'eau minérale dans une grange des environs.
En cause, une pollution à l'aluminium de l'eau du captage, située quelques kilomètres plus haut. Plus d'une dizaine de sources seraient dans le même cas sur le plateau de Millevaches. Nous n'avons pas pu obtenir une liste exhaustive.
Exploitation forestière intensive
Il y a sept ans, le terrain, qui se situe au-dessus du captage d'eau de Drouillat, a fait l'objet d'une coupe rase. D'après Gilles Guibaut, chimiste et directeur du laboratoire E2LIM à l'université de Limoges, "Il y a naturellement plusieurs pourcents d'aluminium en masse dans le sol de la région. Il est peu mobile. Par contre, des conditions externes peuvent le libérer et l'amener vers l'eau."
L'exploitation forestière intensive implique une forte densité d'arbres qui génère beaucoup de matière organique. C'est en se décomposant que cette matière organique créée de l'acidité qui rend l'aluminium mobile.
À travers son étude, l'Université de Limoges a démontré que les coupes rases sont un facteur aggravant. En effet, le terrain est alors littéralement labouré par les machines, et l'aluminium est d'autant plus facilement libéré.
Nous recommandons de ne plus travailler le sol post exploitation forestière, et de ne plus effectuer de coupes rases. Il faut plutôt faire de la coupe sélective pour conserver une qualité de sol qui ne relargue pas d'aluminium.
Gilles Guibaut, directeur du laboratoire E2LIM - Université de LimogesFrance 3 Limousin
Le budget de la commune de Peyrelevade
L'autorité qui a effectué des analyses et interdit la consommation de l'eau potable de Drouillat n'est autre que l'agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine.
Elle préconise au maire de Peyrelevade de raccorder Drouillat à une autre source. Malheureusement, le hameau se situe à trois kilomètres du reste du réseau. La petite commune de 830 habitants devrait payer 175 000 euros pour raccorder seulement une quinzaine d'habitants. Autant dire que c'est impossible et que la situation est bloquée.
Alors le maire espère secrètement que le taux d'aluminium finira par redescendre naturellement. Sept ans après la coupe rase, il est encore très élevé.
Problématique inconnue des propriétaires forestiers ?
La fédération des syndicats de propriétaires forestiers (Fransylva), dont certains adhérents exploitent la forêt limousine, affirme ne pas connaître la problématique de pollution à l'aluminium.
Pourtant, cet aluminium entrave le bon développement des jeunes arbres replantés, selon les mêmes chercheurs :
L'aluminium est toxique pour les nouveaux plants et empêche leur croissance.
Gilles Guibaut, directeur du laboratoire E2LIM - Université de LimogesFrance 3 Limousin
Autant dire que les exploitants forestiers auraient tout intérêt à tenir compte des recommandations de l'Université de Limoges.
L’aluminium, consommé à trop forte dose par l'être humain, pourrait provoquer des maladies neurodégénératives, comme Alzheimer.
Le lien entre l'aluminium et Alzheimer fait cependant l'objet d'une controverse scientifique.