Face à la polémique sur le programme d’élagage en Corrèze mené depuis plusieurs mois, le conseil départemental revoit sa copie tout en assumant cette opération « d’entretien des bords de route ».
Dans une lettre adressée ce jeudi 5 avril à la fédération départementale Corrèze environnement, aux membres des collectifs CRAAC et AGIRR et à Bernard Combes, président du groupe Corrèze à gauche au conseil départemental, le président du département Pascal Coste revient sur le programme d’élagage engagé depuis septembre 2017 qui fait polémique.
28 000 propriétaires riverains d’une route départementale ont ainsi reçu un courrier l’an dernier pour élaguer les arbres sur leurs terrains afin de faciliter l’entretien des bords de route et la pose de la fibre dans certains secteurs.
Face aux accusations d’associations environnementales et même de professionnels de l’élagage qui ont dénoncé les préconisations du Département, Pascal Coste a souhaité lâcher du lest.
Le département a donc décidé de faire évoluer la méthode « en passant d'un programme contraint (sur les délais et les procédures) à un contrat de confiance et d’engagement avec les propriétaires pour atteindre l'objectif d’élagage dans les trois années à venir » avec cinq mesures énoncées par la collectivité :
1) Nous n'engagerons pas la procédure d'exécution d'office des travaux en 2018
2) Nous allons faire la preuve par l'exemple en réalisant prioritairement, sur l'automne-hiver 2018/2019, l'élagage du domaine public départemental et la première tranche d'opération groupée avec l'ASAFAC qui réunit déjà 3 200 propriétaires, selon un cahier des charges qualitatif départemental concerté avec nos partenaires,
3) Nous demandons à chaque propriétaire de s'engager à travers ce contrat de confiance sur la date à laquelle il va réaliser les travaux d'ici 2021, en nous signifiant les éventuels points de blocage,
4) Nous continuons à conseiller et promouvoir l'opération groupée,
5) Nous allons finaliser le guide des bonnes pratiques de l'élagage, en concertation avec nos partenaires, et l'adresser aux propriétaires souhaitant réaliser les travaux par eux-mêmes.
Des anti-élagage ont évoqué le « massacre » de 10 000 arbres coupés ces six derniers mois au bord des routes dont des chênes centenaires. Face à ces accusations, Pascal Coste indique à France 3 Limousin regretter « l’abattage de 3000 arbres par les propriétaires avec des forestiers » et ajoute :
Nous ne cautionnons pas les travaux réalisés de façon anarchique, tout comme les abus pratiqués par quelques professionnels peu scrupuleux et nous en avons d'ailleurs interpellé certains. Le Conseil départemental appelle chacun à pratiquer un élagage raisonné et durable, sans abattre les arbres à intérêt patrimonial et paysager, même si nous respectons le droit de propriété de chacun.
Mais pour autant, le patron du département précise qu’il faut relativiser les 10 000 arbres coupés face « au 1,5 million d'arbres qui sont abattus chaque année en Corrèze pour l'exploitation et la valorisation forestière ».
Il se coupe chaque année 1 000 à 1 500 hectares de forêt en Corrèze, soit 0,5 % de la surface boisée, ce qui assure une gestion durable de la forêt malgré l'impression, parfois, de voir les coupes rases se développer.
Enfin, la collectivité indique que « des groupes de travail techniques, notamment autour de l'élaboration du cahier des charges et du guide des bonnes pratiques, continueront à se réunir, ainsi que le comité de pilotage » auxquels les destinataires du communiqué ont la possibilité de participer.