Les éleveurs de veaux sous la mère comptent sur la réouverture des restaurants pour relancer la filière

Le syndicat agricole MODEF alerte sur la situation des éleveurs de veaux sous la mère avec la crise du Coronavirus. Les prix de certaines catégories de viandes ont nettement baissé, faute de débouchés. Réactions en Corrèze, premier département français pour cet élevage.   
 

Avec 20% des débouchés assurés par la restauration, les éleveurs de veaux sous la mère n’ont pas été à la fête avec la crise. La fermeture des établissements les a laissés dans la panade. Pour certaines catégories de ces veaux, les prix qui stagnaient déjà  autour de 8 € le kilo ont baissé de 2 à 2,50 € le kilo.

 Le veau rosé et les classes en dessous ont nettement baissé. Fabien Marcilloux, éleveur et président du MODEF en Corrèze.


« Le prix baisse et je crains qu’il ne continue à baisser » s’inquiète Valérie Chabrerie, éleveuse à Saint-Yrieix-le-Déjalat, en Haute-Corrèze. En Corrèze, premier département français producteur de veau sous la mère(*), certains éleveurs sont donc en difficulté.

Dans un communiqué, le MODEF du département pointe la concurrence des veaux de boucherie moins difficiles à produire. Le syndicat agricole demande donc au gouvernement de prendre des mesures :
- un étiquetage précis
- un prix plancher à 8,50 € le kilo
- l’arrêt des importations
- une campagne de communication pour faire connaître le veau sous la mère
- l’exigence de préférer le veau sous la mère au veau de boucherie lors de la réouverture des restaurants.

Les consommateurs font de moins en moins la différence entre le veau de lait et le veau de boucherie. Fabien Marcilloux.


"Il faut que les supermarchés mettent en place un étiquetage spécifique. Même dans certains grands restaurants, ils utilisent des veaux de boucherie au lieu de prendre les nôtres. Il faut que nous ayons un prix plancher qui permette de vivre et qui prenne en compte le coût de production. Sinon des éleveurs qui vivaient correctement jusqu’à présent ne vont plus s’en sortir » explique M.Marcilloux.
 

 

Filière exigeante

Le veau sous la mère est une filière particulièrement exigeante comme l’explique Valérie Chabrerie. « Le matin on fait téter les veaux. On lâche ensuite les vaches dans le pré. Le soir on les rattache pour une nouvelle tétée ». 
Il faut que les veaux sortent le moins possible pour que la coloration de leur viande reste blanche. Pas de vacances pour ces éleveurs car les services de remplacement manquent de personnel compétent pour leur offrir un peu de répit. Par contre, côté avantage, c’est une production mieux valorisée. Elle ne nécessite ni un élevage gigantesque, ni beaucoup de terres. Les veaux partent à l’abattage âgés de trois à cinq mois. Il n’est donc pas toujours aisé d’installer de nouveaux éleveurs dans ce type de production. Fabien Marcilloux craint que la crise actuelle n’en dissuade encore plus de faire ce choix.

 

Le haut de gamme bien moins touché

Une baisse qui a cependant été moins ressentie dans le haut de gamme comme le confirme Michel Queuille, éleveur et président de l’association du veau sous la mère, basée à Brive. Il ne partage pas totalement le constat du MODEF. 

« J’ai fait sortir les données, entre le 1er mars et le 30 avril 2018 nous étions en moyenne à 8,32 prix payé producteur pour 145 kilos de carcasse. Cette année c’est 8,18 pour 146 kilos. Le haut de gamme s’est maintenu. La demande a changé. Nous n’avions plus les restaurants mais les boucheries traditionnelles sont venues nous voir. La demande de nombreux consommateurs s’est orientée vers la qualité. Si on m’avait dit au début de la crise que ça se passerait ainsi, j’aurais signé tout de suite. Cela doit inciter tous les éleveurs de veau sous la mère à aller vers plus de qualité. Il y a une demande qui s’est manifestée mais il faut continuer à être au rendez-vous ».

Des dérogations ont été demandées et accordées pour que la collecte aille jusqu’à 180 jours. L’idée étant de ne pas pénaliser les éleveurs qui auraient du mal à expédier les bêtes vers l’abattoir. Pour le président de l’association, il n’y a donc pas eu de catastrophe.

« J’ai eu surtout peur en début de crise. Peur que les abattoirs ferment. Ça aurait été terrible pour nous. Ce qui me fait peur maintenant c’est que les entreprises intermédiaires qui achètent et commercialisent ne soient trop fragilisées et mettent la clé sous la porte. Il faudra être très vigilant » s’inquiète Michel  Queuille.

Sans partager le constat du MODEF, il plaide lui aussi pour une surveillance particulière de la filière. « Il faut qu’il y ait un œil particulier sur la production. Cette filière permet de faire vivre beaucoup d’éleveurs et d’entretenir les paysages dans des zones de faible montagne. Il faut la faire perdurer ! Il faut que la PAC soit orientée pour aider ce genre de production à taille humaine » conclut-il.

(*) En 2018, 1112 éleveurs corréziens ont produit 21 769 veaux sous la mère selon la chambre d’agriculture départementale.  
 
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