Exécution de 47 soldats allemands en 1944 en Corrèze : on vous explique les fouilles qui seront organisées à Meymac

À la suite du témoignage de l'ancien résistant Edmond Réveil, des fouilles vont être organisées à Meymac, du 27 au 29 juin, pour confirmer ou non ses révélations : le 12 juin 1944, 47 prisonniers allemands et une femme française de la Gestapo auraient été exécutés sommairement par des résistants du groupe des Francs-tireurs et partisans.

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C'est un lourd secret qui pourrait bientôt être confirmé. Le 16 mai dernier, l'ancien résistant Edmond Réveil levait le voile sur le plus lourd secret du mouvement de résistance des Francs-tireurs et partisans de Meymac, en Haute-Corrèze. Le 12 juin 1944, il affirme avoir assisté à l'exécution sommaire de 47 soldats de la Wehrmacht et d'une jeune Française de la Gestapo. Ils avaient été capturés après l'attaque de l'école normale des filles de Tulle, le 7 juin 1944.

L'homme s'était déjà confié en décembre 2019, pendant une réunion de l'Association Nationale des Anciens Combattants, mais son récit n'avait pas été relayé à l'époque, ni par l'association ni par les médias. 

À lire aussi : Révélations sur les soldats allemands exécutés en 1944, un secret connu des habitants de Meymac. 

Trouver les potentielles dépouilles 

Après ce témoignage, relayé cette fois, une campagne d'analyse des sols est organisée par l'ONACVG Corrèze (Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre), et le VDK (Organisme allemand chargé de l'entretien des tombes de guerre allemandes), sous l'autorité du préfet de la Corrèze. 

Pendant quatre jours, du 27 au 30 juin, le VDK va fournir un géo-radar pour venir explorer et "scanner" la zone sur laquelle les soldats exécutés auraient vraisemblablement été enterrés : "il s'agit d'une sorte de brouette sur roues qui permet de localiser s'il y a une cavité dans le sol, ou s'il a été bougé dans les cent dernières années", explique Xavier Kompa, directeur de l'Office National des Anciens Combattants de la Corrèze, "nous avons délimité un périmètre en fonction de ce que nous ont dit les témoins vivants". 

Les soldats auraient été enterrés dans deux fosses : l'une a été ouverte en 1967, onze corps avaient été retrouvés. Une seconde fosse, avec les autres corps, devrait se trouver à une centaine de mètres de la première.

Dans le courant de l'été, de nouvelles recherches seront menées pour exhumer les corps, s'ils sont retrouvés. Quid de leur identification ? Les soldats auraient été recouverts de chaux, mais "à priori, les services anthropologiques devraient pouvoir retrouver leur identité, car ils avaient été tués et enterrés avec leurs uniformes et leurs plaques d'immatriculation. Leurs cheveux et leurs ossements nous permettront également de les identifier", poursuit Xavier Kompa. 

Ensuite, les services allemands pour les sépultures de guerre analyseront les résultats de la géolocalisation, mais ils attendront d'avoir des certitudes sur cette fosse avant de les communiquer. 

Enfin, au courant du mois d'août, si les dépouilles sont effectivement retrouvées, elles seront exhumées par des archéologues et des anthropologues, notamment des étudiants marseillais. Il reviendra ensuite au VDK de procéder à leur ré-inhumation dans un cimetière militaire. Soit dans celui de Berneuil (près de Saintes, en Charente-Maritime), où les onze premiers corps ont été inhumés. Soit, dans un autre cimetière militaire en France, ou en Allemagne : "l'objectif est d'aider les familles de ces soldats à les retrouver et de connaître leur histoire", conclut Xavier Kompa.

La guerre, que l'on en soit victime, ou bourreau, c'est un mal pour tout le monde.

Philippe Brugère

Maire de Meymac

Un devoir de mémoire essentiel pour le maire de Meymac, Philippe Brugère : "les familles de ces militaires allemands ont aussi le droit de se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres. Il faut prendre conscience que la guerre, que l'on en soit victime, ou bourreau, c'est un mal pour tout le monde". 

Cela à quoi Xavier Kompa ajoute : "l'Allemagne a fait son travail de mémoire. Ils sont à vifs sur ce type de questions, car cela les touche énormément. Nous devons restituer ces corps, c'est inscrit dans la convention de 1966" (Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre, titre II : Restitution des corps et sépultures perpétuelles, NDLR). 

L'Histoire n'est pas figée.

Xavier Kompa

Directeur de l'Office national des anciens combattants de la Corrèze

Ces possibles découvertes permettront également aux historiens de faire évoluer leur travail, comme le précise Xavier Kompa : "l'Histoire n'est pas figée, ces travaux permettent d'éclaircir certains faits peu connus ou inconnus". 

Les yeux du monde entier rivés sur Meymac 

Depuis le témoignage d’Edmond Réveil, les articles de presse se sont multipliés, et pas seulement dans les médias français. Selon Philippe Brugère, les médias du monde entier s’y intéressent. Il y a eu le Tagesspiegel, le Die Welt, le Der Spiegel, la BBC, le Guardian, El Paíset même la Télévision tchèque : "ils veulent connaître le contexte de l'exécution, son déroulement, les raisons qui y ont conduit, et s'ils pourront assister aux fouilles et filmer la fosse", explique-t-il. 

D'ailleurs, une cinquantaine de médias (français et étrangers) seront présents ce mardi 27 juin lors de la conférence de presse organisée à la mairie de Meymac. Parmi eux, la plupart des correspondants nationaux des médias cités : "au niveau européen, tous les pays sont représentés. Cinq médias allemands seront présents", d'après Xavier Kompa. 

La Corrèze, haut lieu de résistance, n'a pas fini de faire parler d'elle. 

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