Le témoignage d'Edmond Réveil a fait grand bruit ce mardi 16 mai. Cet ancien résistant corrézien de 98 ans a révélé l'exécution de 47 prisonniers allemands en juin 1944 à Meymac. Dans un ouvrage intitulé "Maquis de Corrèze", publié dans les années 70, le sort de ces prisonniers, ainsi que le cheminement ayant conduit à ces exécutions y sont précisément évoqués. Explications.
Le témoignage d'Edmond Réveil a fait grand bruit ce mardi 16 mai. Cet ancien résistant corrézien de 98 ans a évoqué l'exécution de 47 prisonniers allemands en juin 1944 à Meymac, capturés après l'attaque de la ville de Tulle par le maquis les 7 et 8 juin.
Cependant, si l'affaire fait aujourd'hui parler d'elle, elle n'était plus un secret depuis longtemps, ni pour les habitants, ni pour le collectif Maquis de Corrèze.
Le collectif ne peut pas tolérer que l'on utilise aujourd'hui un événement en le décontextualisant, en donnant l'impression qu'on a sorti un scoop, alors que les faits étaient connus.
Nathalie Sage-Pranchère
Nathalie Sage-Pranchère est historienne. Elle est aussi la fille de Pierre Pranchère, résistant des Francs-tireurs et partisans et fondateur du collectif "Maquis de Corrèze", ayant rassemblé, depuis 50 ans, 300 témoignages des acteurs de ce moment d'histoire.
Parmi eux, la parole de Marcel Godefroy, appelé "Colonel Rivière", dans la clandestinité. Il était notamment commissaire aux affaires interrégionales de la FTP. Dans un témoignage, il écrit : "je donne l'ordre suivant. Il sera demandé à chaque prisonnier qui sera opposé à Hitler, qu'il est prêt à se joindre à nous, à se battre contre les nazis. Ceux qui accepteront seront intégrés isolément dans nos unités. Les autres devront être passés par les armes".
"Une décision locale "
Le détail des exécutions n'est pas donné, mais l'information est là. Noir sur blanc, comme l'indique Nathalie : "C'est une décision locale, ce n'est absolument pas une décision qui viendrait du national, encore moins des alliés qui n'avaient aucune autorité militaire sur la résistance intérieure".
La résistance a assumé sa responsabilité, mais a constaté que des décennies durant, ni les autorités locales, ni l'État, ni les anciens combattants, ne se sont saisis du dossier. "Le collectif ne peut pas tolérer que l'on utilise aujourd'hui un événement en le décontextualisant, en donnant l'impression qu'on a sorti un scoop, alors que les faits étaient connus, assumés. En revanche, lorsque l'on décontextualise, finalement, on vient cracher sur cet engagement qui a été celui de la Résistance, on vient salir des situations abominables."
La mise au point est aussi claire que le sujet est sensible. Depuis hier, l'État s'est officiellement engagé à lancer une opération pour retrouver le charnier des soldats exécutés.