En marge du procès de l'affaire Tarnac qui se tient au tribunal correctionnel à Paris entre le 13 et le 30 mars 2018, deux prévenus, Mathieu Burnel et Benjamin Rosoux évoquent avec nous le regard qu'ils portent sur la perception et la répression de l'activisme aujourd'hui.
Dans l'affaire Tarnac, Mathieu Burnel et Benjamin Rosoux sont poursuivis pour "refus de se soumettre à un prélèvement biologique". Ils comparaissent, depuis le 13 mars 2018, devant la XIVe chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris avec 6 autres prévenus dont Julien Coupat, accusé notamment du sabotage d'une ligne SNCF en 2008. Tarnac, un village de Corrèze qui a donné son nom à ce groupe d'activistes et de militants qui a traversé 10 années de procédures avant ce procès. Mathieu Burnel et Benjamin Rosoux portent un regard, leur regard, sur le militantisme d'aujourd'hui, avec le recul de leur expérience.
En 10 ans, la répression s'est accentuée
Pour Mathieu Burnel, aujourd'hui, la politisation rapide et intense de la jeunesse peut faire peur aux gouvernants. Concernant le groupe de Tarnac, il rappelle que l'accusation de terrorisme a été abandonnée, mais conteste que le fait que l'affaire de Tarnac se soit dégonflée". Il estime que depuis 10 ans, depuis leur arrestation, "des militants, des activistes, de simples manifestants" sont de plus en plus nombreux à être "inquiétés". Pour lui, "les techniques de répression se sont accrues." Aujourd'hui, le procès est fatigant mais il pense que leur défense est entendue.
Avoir les moyens de se défendre
Tout comme pour Mathieu Burnel, Benjamin Rosoux insiste sur le fait qu'ils ont eu les moyens de mener leur contre-enquête, les soutiens nécessaires pour préparer leur défense. Il nous confie que, selon lui, sans ce réseau d'aide, les personnes poursuivies dans le cadre de la loi antiterroriste qui a remplacé l'état d'urgence, sont totalement perdues aujourd'hui. "Il faut être nombreux, avoir le temps de travailler à cette défense, et avoir des gens autour de soi qui trouvent écho à ce qu'on fait [...]. On est en train de démontrer lors de ce procès que quiconque, à part nous, dans cette situation-là, serait sans doute en prison".