Témoins et experts vont se succéder à la barre de la cour d’assises de Tulle avant le début des plaidoiries en fin de journée.
Serena a-t-elle été sédatée par sa mère ? C’est par cette question qu’a débuté l’audience du jeudi 15 novembre avec l’audition d’un expert toxicologique.
L’analyse des cheveux du bébé ont mis en évidence la présence de plusieurs molécules :
- Le tramadol, qui est un puissant antidouleur qui peut être donné à un enfant, mais uniquement en milieu hospitalier.
- Le midazolam, qui est un produit utilisé pour les anesthésies et certains cas d’épilepsie. Il peut être donné à un bébé sous forme de sirop, mais dans des cas rares et très exceptionnels.
Lors de son interrogatoire, Rosa Da Cruz a reconnu avoir donné une seule fois du doliprane à Serena, parce qu’elle toussait.
Les concentrations capillaires montrent que le tramadol a été administré plusieurs fois au bébé. En revanche, on ne trouve que des traces de midazolam. Pour l’expert, ces deux médicaments n’ont pas été administrés en milieu hospitalier. En revanche, il n’exclut pas la possibilité d’une contamination externe par la sueur d’une personne tierce ou pendant la grossesse.
#Serena L'expert explique que le tramadol s'est peut-être "incorporé aux cheveux de l'enfant de manière externe, il existe toujours une possibilité de transfert manuporté", via la sueur par exemple. En gros une contamination et non une administration
— Catherine Fournier (@cathfournier) 15 novembre 2018
Le président de la cour d’assises pose une question simple à l’expert : « Est ce que le tramadol a été utilisé par la mère pour sédater l’enfant régulièrement et éviter qu’elle fasse du bruit ? » Réponse sans ambiguité : « Non ! ».
Les scellés
Les pièces à conviction sont traditionnellement entreposées au centre de la cour d’assises afin d’être présentées aux jurés.Ce jeudi 15 novembre, les cartons sont ouverts pour sortir la nacelle retrouvée dans le coffre à côté du bébé. Le greffier présente un couffin maculé de taches brunes qui font penser à des excréments.
« Pas trop près de la cour, car il semble qu’il est encore très odorant », insiste le président.
Le biberon de Serena est aussi présenté, ainsi que 3 petits jouets en plastique. Les jurés sont manifestement dégoûtés. L’accusée ne réagi pas.
#Serena Les biberon à la tétine fendue sont également présentés à la cour, l'intérieur est jaunâtre. L'accusée se dissimule toujours derrière sa main.
— Catherine Fournier (@cathfournier) 15 novembre 2018
Les psychiatres confirment le déni de grossesse
Les experts psychiatres affirment que l’accusée est indemne de toute pathologie psychiatrique et est donc apte à être jugée.Cependant, ils pointent du doigt son « immaturité affective ». L’identité féminine de Rosa Da Cruz serait floue. Elle ne se mettrait pas en valeur par ses vêtements et ne bénéficierait d’aucun suivi dentaire ou gynécologique. Elle serait très introvertie.
La mère de Serena aurait été dans l’impossibilité psychique de se savoir enceinte. L’accouchement aurait été improvisé sans la moindre préparation.
Les experts qui témoignent devant la cour d’assises parlent d’un déni de grossesse total avec plusieurs signes très caractéristiques :C’est sorti, j’ai attrapé, ça m’a rappelé mon 2eme fils, je ne voulais pas revivre ça.
- L’inconscience de l’état de grossesse.
- L’absence de signes physiques de grossesse.
- Des antécédents similaires.
#Serena "Il ne s'agit pas pour moi de faire un déni du déni. Vous n'observez pas vos missions d'expertise pour en faire une tribune ! Je vous le dis car d'autres vont vous le reprocher (les parties civiles)", prévient l'avocat général
— Catherine Fournier (@cathfournier) 15 novembre 2018
L'avocat général dénonce un certain parti pris de la part de l'un des experts au sujet du déni de grossesse.