Des éleveurs de volailles en plein air ont fait irruption dans la cité administrative de Tulle ce lundi. Ils dénoncent les lourdeurs de la réglementation anti grippe aviaire.
« Les volailles en plein air ! », c’est avec ce cri que les éleveurs de volaille corréziens ont fait irruption dans la cité administrative de Tulle ce jour-là. Avec une bousculade musclée avec les forces de l’ordre à l’entrée.
Symboliquement ils ont emplumé le hall, pour dénoncer l'impact (économique et moral) des mesures sanitaires liées à la grippe aviaire sur leur exploitation.
« Moi, j’ai perdu 15.000 euros l’année dernière, parce que je n’ai pas pu prendre le poulet. Il y a un collègue, il est en déficit, parce qu’il n’a pas réussi à avoir de jeunes poulets et ça, tout le monde s’en fout ! On est déplumés ! On est déplumés au sens propre en fait ! », rage Camille, l'un des éleveurs présent dans le hall de la cité administrative.
Un peu plus tôt dans la matinée, la centaine de manifestants a investi une grande surface tulliste pour une opération de ré-étiquetage des produits élevés en plein air devenus mensongers. Car, depuis le 11 novembre en France, toutes les volailles sont confinées.
Joignant le geste à l’action, l’un des éleveurs s’empare d’un poulet en barquette pour montrer l’objet de sa colère « on voit sur les étiquettes poulets élevés en plein air, mais ce n’est pas vrai ! Ils ne sont pas élevés en plein air, ils sont enfermés ! On se doit d’informer le consommateur » argumente Cyril Vorobioff, éleveur de chèvres et de poules pondeuses, tout en continuant d’apposer des étiquettes prévues pour la circonstance.
Alléger les protocoles de confinement
C’est aussi un appel à alléger les protocoles de confinement pour les petites exploitations soumises aux mêmes règles que les élevages intensifs. A l’appel de la confédération paysanne et du Modef, ces petits éleveurs contestent des protocoles sanitaires identiques pour toutes les exploitations, qu’elles soient intensives ou familiales.
« Les petits éleveurs autarciques comme nous, on a des bâtiments qui ne sont pas adaptés pour que les poules restent enfermées, et là, on nous oblige à reconfiner les volailles dans des bâtiments qui ne sont pas adaptés. Ce qui fait que les poulets vont souffrir. C’est la question du bien-être animal qui nous préoccupe, en fait », explique Jonathan Auzou, maraîcher et éleveur de poules pondeuses .
En creux, chez tous ces éleveurs de volaille en plein air, cette manifestation est une manière d'émettre une critique de l'élevage industriel et de ses pratiques.
« On fait porter la crise de la volaille sur plein air, alors qu’il n’est pas du tout responsable de la diffusion de la grippe aviaire ! Cette diffusion, elle est essentiellement dûe au transport et à la densification des élevages » affirme Olivier Thuret, membre de la confédération paysanne (23).
Un message porté en préfecture où les éleveurs ont réclamé un protocole sanitaire plus souple pour leurs exploitations.