À Tulle, les habitants d'un bâtiment géré par Corrèze Habitat n'ont plus le droit d'accéder à leurs balcons. Des entrebâilleurs ont été posés pour bloquer l'ouverture des fenêtres. Depuis plusieurs mois, l'immeuble laisse apparaître des signes inquiétants de dégradation. Locataires et propriétaires sont en colère.
Ce matin-là, c'est la dernière fois que Colette prend l'air sur son balcon. Depuis vingt-cinq ans, cette petite "sortie" constituait un rituel. Même son bouledogue Marley semblait attaché à cette habitude ! "On est bien dessus, relate-t-elle. Pour le linge... L'été, on est bien !" Dans quelques jours, l'ouverture de sa baie vitrée sera condamnée.
Dans ce bâtiment de Tulle géré par Corrèze Habitat, l'accès à l'extérieur a déjà été bloqué dans plusieurs appartements. Quelques étages au-dessus de Colette, un entrebâilleur a été posé sur la porte-fenêtre de Matthéo. Cette entrave inquiète cet adolescent : "C'est vraiment dangereux parce qu'en cas d'incendie, si jamais il y a un feu, on est au huitième étage. On n'a pas le temps de descendre par les escaliers. On devra attendre la grande échelle sur le balcon ? Mais on ne peut plus. Donc, on crame dans l'appartement ?"
Une inquiétante vétusté qui dure
Depuis plusieurs mois, la façade montre des signes inquiétants de dégradation. Le béton s’effrite et laisse apparaître de la ferraille. Des traces de moisissure s'étendent sur de larges portions défraîchies. Les quarante-huit balcons de la résidence HLM s'avèrent en piteux état.
En octobre dernier, un courrier du syndic de copropriété, envoyé par le bailleur social Corrèze Habitat, avait avisé propriétaires et locataires d'une "interdiction formelle" d'utiliser les balcons. "Le syndic déclinera toute responsabilité en cas de non-respect de cette consigne", précisait la lettre. Cette interdiction avait été réitérée au mois de décembre.
La législation nous oblige à empêcher physiquement l'accès aux balcons.
Jean-Marie PequignotResponsable du patrimoine chez Corrèze Habitat
La pose soudaine des entrebâilleurs a tout de même pris tout le monde de court. "On nous prévient du jour au lendemain, s'indigne Muriel, locataire au neuvième étage. On vient nous mettre un truc. On ne peut plus ouvrir les fenêtres. Mais on ne connaît pas le problème. Ils ne nous disent rien. Il va y avoir des travaux ? Quand vont-ils être faits ? On est au courant de rien !"
Corrèze Habitat reconnaît et regrette ce défaut d’information. L'organisme invoque une mesure conservatoire par peur de l’accident. "Administrativement, les gens ont bien reçu le courrier, mais ils continuent à aller sur leurs balcons, ce que l'on peut comprendre, c'est toujours difficile de s'en priver, explique Jean-Marie Pequignot, responsable du patrimoine au sein du bailleur social. Mais là, il fallait vraiment que l'on agisse. La législation nous oblige à empêcher physiquement l'accès."
Une démolition probable des balcons
Des devis seraient à l’étude pour décider du devenir de ces balcons. "La consolidation est aujourd'hui envisagée, mais peu probable, poursuit Jean-Marie Pequignot. On s'oriente plutôt vers une démolition de ces balcons."
Dans cette hypothèse, Corrèze Habitat promet une remise sur les loyers à titre de compensation. Un autre problème risque de se poser à l'avenir : celui du linge. Dans ces logements déjà vétustes à cause de l'humidité, il devra désormais sécher en intérieur.