Une trentaine de fermetures de classes, autant de postes d'enseignants supprimés, la carte scolaire annoncée fin janvier a soulevé la colère dans les trois départements limousins. Les arbitrages définitifs devaient être validés ce 13 février au rectorat. Les syndicats de l'éducation nationale appelaient à un rassemblement pour contester cette nouvelle carte. Son annonce a finalement été reportée au début du mois de mars.
"Touche pas à mon école","Touche pas à ma classe", "Pas d’économies sur le dos de nos enfants", les slogans se multiplient sur les pancartes et les casserolades résonnent devant les préfectures à l'approche de l'annonce officielle de la carte scolaire.
Les zones rurales fragilisées
Devant la préfecture de Tulle ce 13 février au matin, ce sont les enseignants, parents d'élèves et élus du village de Lagarde-Marc-la-Tour qui s'étaient regroupés. Ils craignent que les regroupements de niveaux envisagés nuisent aux apprentissages de leurs enfants. Prisca Many a deux enfants scolarisés dans cette école : "Mon fils qui est en petite section actuellement, quand il sera en CP, sera dans une classe surchargée. On a un effectif à plus de 24 élèves sur la rentrée 2026, donc une répartition qui va être quasi ingérable. Notre directrice va aussi perdre son temps de décharge de direction, donc elle va avoir une surcharge de travail énorme et humainement pour nos instituteurs c'est catastrophique."
Devant l'école d’Arnac-La-Poste dans le nord de la Haute-Vienne, une banderole est déployée depuis une semaine. Dans ce village d’un peu plus de 950 habitants, une classe devrait être supprimée à la rentrée prochaine, il n'y aurait plus que 2 postes d’enseignants au lieu de 3 pour 49 enfants. "Si on perd une classe, j’ai peur de ne plus pouvoir répondre aux attentes des familles. Je crains qu’elles ne veuillent plus venir s’installer chez nous", explique Sophie Drieux, maire d’Arnac La Poste.
Verdict attendu en fin de journée
L'annonce ce 23 janvier de la carte scolaire pour la rentrée de septembre, avait immédiatement cristallisé les tensions.
La rectrice de l'académie de Limoges, qui gère les trois départements de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze, annonçait que 743 élèves de moins feront leur rentrée en Limousin en 2024, avec pour conséquence la suppression de 34 postes d'enseignants, et d'une trentaine de classes. "Ce sont des conditions d'enseignement et d'encadrement qui sont tout à fait favorables et qui resteront favorables à la rentrée prochaine", avait affirmé Carole Drucker-Godard, rectrice de l'académie de Limoges.
"Le scandale aujourd’hui, c’est qu’il y a des suppressions de postes, alors qu’il devrait y avoir des créations. Pourquoi, parce que les élèves n’ont pas de remplaçants, et cela trop souvent, dans les classes. Il devrait y avoir des ouvertures parce que les RASED n’existent quasiment plus, donc le travail en direction des élèves en difficulté ne peut pas se faire dans la plus grande partie du territoire et il y a aussi des classes qui sont trop surchargées", conteste Fabrice Prémaux de la FSU Snuipp87.
La carte définitive reportée
300 manifestants se sont rassemblés devant la préfecture de la Haute-Vienne ce 13 février à 14h, répondant à l'appel des syndicats enseignants FSU, UNSA et FO. Élus et syndicats ont refusé de siéger au CDEN (conseil départemental de l'éducation nationale) de ce jour qui devait permettre d'entériner la carte scolaire définitive pour la rentrée prochaine. Prévue pour être dévoilée dans l'après-midi, elle a été reportée au début du mois de mars, après les vacances scolaires. Une mesure d'apaisement qui n'engage à rien : le CDEN est une instance consultative. La décision des ouvertures et fermetures de classe revient au directeur académique des services de l'éducation nationale.