La perte des spécialistes s’accélère avec le départ du dernier pédiatre du bassin de Tulle. Il avait déjà quitté l’hôpital il y a un an, mais c’est désormais son cabinet qui va fermer ses portes. Il laisse derrière lui une trentaine de patients qui devront se reporter sur le CHU.
Quand nous les rencontrons dans leur maison au cœur de Champagnac-la-Prune, nous avons à faire à des jeunes parents inquiets. Leur pédiatre a annoncé son départ en septembre, sans aucun remplaçant pour le suivi de leur petite fille de huit mois.
"Comme pour tous les nouveaux nés, il y a des rendez-vous obligatoires pour faire les vaccins et pour s’assurer qu’il y a une bonne croissance. Nous avons aussi besoin de conseils aussi pour les jeunes parents sur la diversification alimentaire, sur le sommeil", s’inquiète Jennifer Matas, mère de Maya.
Pour tenter de s’opposer à ce départ, elle décide d’écrire au maire de la ville de Tulle et de lancer une pétition. Mis en ligne, le texte a récolté 123 signatures sur les 200 qu’elle espérait.
« Quand j’ai fait cette lettre, j’avais espoir d’être entendue, et que le message soit relayé. Et que quelque chose se passe. Et plus les jours passent, plus le défaitisme s’installe. J’aurai une solution personnelle, ça va être de me tourner vers mon médecin généraliste, mais combien de parents auront cette possibilité ? », s’inquiète Jennifer Matas, mère de Maya.
Pour l’Ordre des médecins, cette lente érosion des spécialistes, toutes disciplines confondues, inquiète. "Il y a des patients qui sont en déshérence, et quelques fois des patients qui ont des pathologies chroniques graves, qui nécessiteraient un suivi régulier, et qui n’en bénéficient pas", s’alarme Jean-Marie Chaumeil, président de l’Ordre des médecins de Corrèze.
Concernant la pédiatrie, les parents peuvent toujours se tourner vers l’hôpital de Tulle. Les services ont été réorganisés pour faire face à un surplus de consultations. "Nous avons une activité, et une équipe qui est assez stable, ce qui nous permet d’assurer, tous les mois, une fois par semaine, la présence de trois pédiatres, et deux internes en médecine générale, et très prochainement, nous aurons des pédiatres de spécialité", rassure le Docteur Tibelo, chef du service de pédiatrie de Tulle.
Dernière solution : emmener ses enfants chez son propre docteur. Un surplus de consultations qui accentue la pression sur ces professionnels, alors que 20% des Corréziens n’ont pas de médecin généraliste.
(Récit : Nassuf Djailani avec Lisa Gamonet)