Les avocats des parties civiles vont se suivre devant la cour d’assises de Tulle, avant les réquisitions de l'avocat général et la défense de Rosa-Maria Cruz, la mère de Séréna, l’enfant de 2 ans retrouvée dans le coffre d’une voiture en 2013.
Après les expertises, les plaidoiries ont débuté.
Au dernier jour de son procès devant la cour d’assises de la Corrèze, ce vendredi 16 novembre 2018, Rosa-Maria Da Cruz est arrivée seule, toujours aussi mutique, le visage fermé.
Elle a une nouvelle fois refusé de répondre aux questions des nombreux journalistes toujours présents dans l’attente du verdict de ce procès hors norme.
"Première mondiale"
Un déni de grossesse qui se poursuit pendant 2 ans par un déni d’enfant serait "une première mondiale" : c'est ce qu'a souligné ce matin Rodolphe Constantino avocat de l’association "La voix de l’enfant" dans sa plaidoirie. "On juge quelqu'un sur ses actes, et on sait que Mme Da Cruz savait parfaitement ce qu’elle faisait. Elle a été privée de sa parole pour coller à sa ligne de défense. car je suis sûr qu’elle avait créé des liens avec cette enfant".
"Elle s’est occupée de cet enfant, elle l'a fait vivre"
C’est aussi l’avis de maître Isabelle Faure-Roche, l’avocate du Conseil départemental de la Corrèze : "Le déni c’est l’ignorance totale, la dénégation, c’est je sais mais je ne veux pas savoir. C’est une pensée magique qui cesse lors du premier cri de l’enfant. Lorsque Mme Da Cruz donne naissance à cet enfant, elle a levé le déni. C’est l’hypothèse à laquelle j’adhère car elle s’est occupée de cet enfant, elle l'a fait vivre. Elle aurait pu faire découvrir son enfant mais ne sachant pas comment faire, elle a fait primer son intérêt avant l’intérêt de l’enfant. Mes derniers mots vont pour celle qui n’en a pas et qui n’en aura jamais pour dire les choses (Séréna ndlr)"
"Seul votre jugement permettra de lui rendre de la lumière"
Très théâtrale, l’avocate de l'association "Innocence en danger" se met tour à tour dans la peau de Rosa-Maria Da Cruz et de Séréna : "Je suis dans ce couloir, derrière cette porte, ça gratte, ça gémit, ça respire... Il faut ouvrir cette porte. Elle a mal, elle a faim, elle a froid. Vous fermez cette porte. Mais elle, elle est encore là. Vous avez un doute, vous y retournez..."
L'avocate poursuit : "Depuis 5 jours, je cherche de la lumière chez Rose mais elle se cache avec son poing. Rose, je ne l’ai pas rencontrée (...). Cette odeur vous l’avez sentie ? Moi dans ce coffre, j’ai l’impression qu’on y est encore. Séréna, on ne l'a pas libérée, elle reste enfermée dans son monde. Dans ces ténèbres, seul votre jugement permettra de lui rendre de la lumière."
Le verdict est attendu dans la soirée.
Rosa-Maria Da Cruz risque vingt ans de réclusion pour violences suivies de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant.