Plusieurs communautés de communes de Corrèze s'associent pour cartographier les zones humides du territoire. À long terme, ce travail colossal permettra de mieux préserver ces précieuses ressources en eau et d'adapter les plans d'urbanisme.
Tarières en main, bottes aux pieds, ils arpentent les terrains de l'est de la Corrèze depuis plusieurs jours. Tourbières, forêts, marais ou prés-salés : les deux pédologues sont à la recherche de zones humides, ces terrains caractérisés par une forte présence d'eau, en surface ou au sol, abritant d’innombrables espèces de plantes et d’animaux. Ces spécialistes des sols s'acheminent vers une prairie située à Bassignac-le-Haut. Après une cartographie par satellite et le passage d’un botaniste, leur mission consiste à délimiter les contours du fragile écosystème localisé dans cette zone. "Nous, on vient définir si cette prairie-là, à la limite de la végétation, est humide ou non sur le critère du sol", annonce Pierre Bouscary, le chargé d'étude.
Cent cinquante zones humides localisées en Xaintrie
Pour ce faire, les experts réalisent des carottages du sol jusqu'à cent vingt centimètres de profondeur. Ils doivent détecter de l'oxyde de fer, autrement dit des traces de rouille. Verdict ? "On n'a trouvé aucune trace d'oxydation, de réduction de fer dans ce profil, décrit Pierre Bouscary. Donc, on peut conclure que c'est non humide. J'ai noté toutes les informations sur ma tablette et pris des photos. Ensuite, il faut continuer sur la zone pour voir s'il n'y a pas des sols de zones humides ailleurs."
Quelques mètres plus bas, il répète l'opération. Cette fois, c'est la bonne. Les résidus de rouille apparaissant dans l'échantillon de terrain extrait ne laissent aucun doute. Mission accomplie. Samuel Barnabé, technicien, explique : "On peut définir qu'il y a une limite qui est nette, entre un sondage humide et un sondage non humide. Ensuite, on peut définir une limite cartographique à appliquer sur les documents d'urbanisme plus tard."
Repérer, carotter puis reboucher. Cette opération doit être répétée dans cent cinquante autres zones humides prélocalisées en Xaintrie. Cet inventaire colossal est mené par trois communautés de communes du bassin-versant de la Maronne, une rivière du Massif central : Xaintrie Val Dordogne, en Corrèze, Pays de Salers et Châtaigneraie cantalienne, en Auvergne. Cette entente vise à préserver ces précieuses ressources en eau.
Une urbanisation plus adaptée
"Ici, ces zones humides jouent vraiment un rôle d'éponge, détaille Samuel Barnabé. Ça permet, dans des secteurs où on a une capacité de rétention faible, et où on a des épisodes de sécheresse sévères, comme ici, en Xaintrie, d'essayer d'être un peu plus résilient, et de lutter plus efficacement face aux impacts du réchauffement climatique, comme le manque d'eau, à la fois dans nos robinets et dans tous nos usages du bassin-versant."
À terme, ces atlas des zones humides permettront de mieux utiliser les zones humides. Par ricochet, elles se retrouveront mieux protégées. Certaines parcelles, par exemple, pourront être déboisées pour une remise en pâture. Enfin, les systèmes d'abreuvement seront adaptés.