Le Corrézien Clément Salle n’en revient pas. Depuis le 1er jour du déconfinement, ce réparateur de cycles ambulant n’a jamais aussi bien travaillé. Le désir collectif de revenir à l’essentiel et de se rapprocher de la nature dope son activité
Dans la série "j’en apprends tous les jours", savez-vous ce qu’est un vélociste ? Et bien c’est une personne qui vend et répare des vélos. Comme Clément Salle. Un professionnel un peu à part dans ce domaine : il travaille en mode ambulant. Et depuis le déconfinement, il a carrément changé de braquet.
Tiens, par exemple, ce jour-là, à Uzerche en Corrèze. Notre homme y est présent chaque samedi matin, jour de marché.
Un engouement qui se vérifie aussi sur les cinq autres marchés où il monte son atelier. Comme par exemple Egletons, Le Lonzac ou encore Bugeat. De quoi enthousiasmer ce trentenaire, reconverti depuis 2019 dans la réparation et l’entretien des vélos, après une carrière comme régisseur son. "Cette envie m’est venu lorsque j’étais bénévole dans deux associations d’ateliers cycles, à Clermont-Ferrand et à Tulle. C’est là que l’idée d’en faire mon métier a mûri. Je suis passionné de petite mécanique".Je suis presque dépassé par les événements. Depuis deux semaines, ça n’arrête pas. Les clients sont beaucoup plus nombreux. Et comme je suis seul, je ne peux réparer en moyenne que deux vélos. J’ai déjà des rendez-vous sur trois semaines.
Tout comme a mûri dans l’esprit de beaucoup de Français confinés le désir d’un retour aux sources, d’un retour à soi. Et le vélo véhicule cette image de simplicité et de respect de la nature. "Cela a commencé avec le vélo électrique notamment grâce à l’aide accordée par l’État lors de l’achat. Aujourd’hui, ce coup de pouce concerne aussi les réparations sur les bicyclettes en général avec 50 euros d’aide. Je suis référencé dans ce dispositif. Cela donne un véritable effet de levier. Ca marche du tonnerre. Le vélo est dans l’air du temps. C’est un secteur qui connaît une progression à deux chiffres".
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— Programme Alvéole (@alveoleCEE) May 5, 2020
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Chez vous... aussi !
Clément Salle en connaît un rayon. Il n’intervient pas que sur les marchés. Il se rend aussi à domicile, sur les lieux de travail ou n’importe où en cas de panne en Corrèze. Pour aller au secours de tous les vélos, qu'importe la marque, l’état ou l’âge. Il vérifie chaque jour cette nouvelle dynamique de ressortir son deux-roues de la cave et de le remettre en état pour sillonner la ville, emprunter les routes ou les chemins de traverse. «La clientèle me plaît. C’est un univers de passionnés, mais aussi actuellement de nouveaux pratiquants qui veulent redécouvrir le vélo, sa simplicité, le fait d’agir pour l’environnement. Pendant que je répare, il y a vraiment un échange entre nous, les gens ont envie de discuter.
Au fait, comment fait-on pour le joindre ? Et bien sur son site Internet : vsmc19.fr. Quatre initiales pour Velosservices-Massif Central. L’une des associations au sein desquelles le réparateur ambulant a pris goût au métier se nomme A bicyclette. Elle est basée à Tulle. Son credo : promouvoir l’utilisation d’un déplacement propre, à la force des mollets. C’est le cas de le dire : la préfecture de la Corrèze est surnommée la cité aux sept collines.
L’association anime des ateliers de réparation dans ses locaux, mais aussi régulièrement à Brive. Et elle loue depuis juin 2019 en collaboration avec l’agglo tulliste pas moins de 27 bicyclettes, dont 4 à assistance électrique. Laurent Hollécou, son coordinateur, confirme la dynamique. Avec modération : "L’atelier ne désemplit pas. Il y a une semaine d’attente. Avec la prime, le gouvernement a envoyé un signal, les gens y répondent. Mais pour que le vélo se développe vraiment, il faudrait que les collectivités locales accentuent leur communication et agissent pour réaliser des aménagements cyclables. Pour l’instant, leur politique reste encore orienté vers la voiture".
Le vélo, c’est bien beau, mais la volonté des municipalités et des agglomérations joue effectivement un rôle crucial dans l’augmentation des pratiquants au sein des villes. Strasbourg en est le bon exemple, avec des pistes cyclables sans interruption, pour offrir un déplacement sécurisé aux deux-roues. Problème : ces aménagements appellent souvent une réduction des voies automobiles. Et la voiture, c’est un peu comme la fourmi, elle n’est pas prêteuse. Aujourd’hui l’effet bicyclette se fait sentir. Rien ne dit qu’il atteindra des sommets.