Au mois de janvier 2022, le conseil départemental de Corrèze lançait son plan Santé Animale. Objectif : palier le manque criant de vétérinaires dans certaines zones rurales en facilitant l'installation de jeunes diplômés. Rencontre avec l'un d'entre eux, installé à Luberzac.
"On a une clientèle qui s'étend sur trois départements, de la Haute-Vienne, à la Dordogne et jusqu'en Corrèze", lâche, pressé, Thomas Besse, au volant de sa voiture pour se rendre chez un éleveur inquiet pour son veau.
Diplômé depuis deux ans, Thomas Besse a choisi sa Corrèze d’origine pour exercer en libéral. Sur ce secteur, ils sont deux vétérinaires à suivre les animaux d’une centaine d’éleveurs, soit 10 000 bovins. Chaque jour, le vétérinaire en milieu rural parcourt jusqu’à trois-cents kilomètres.
Des ordres de grandeur vertigineux, que le département tente de gommer, grâce au Plan Corrèze Santé Animale. Celui-ci finance l’installation des jeunes vétérinaires et en contrepartie, ils s’engagent à exercer cinq ans en Corrèze.
"Dans l'heure qui suit, il est là"
Attaché à ce qu'il appelle "le relationnel éleveur", Thomas Besse s'est installé au mois de juillet 2023 dans un cabinet voisin, en libéral. Pour le plus grand soulagement des éleveurs : "quand vous avez un veau qui a la diarrhée à 36 heures, si c'est six heures après, ça ne peut pas aller. Ce vétérinaire, dans l'heure qui suit, il est là, ça marche très bien. En milieu rural, dans les années à venir, le manque de vétérinaires va devenir un gros gros soucis" grince Jean-Pierre Feydel, agriculteur à la retraite.
La moitié des vétérinaires corréziens ont plus de 50 ans
En Corrèze, le département compte quatre mille exploitations agricoles pour moins de cent vétérinaires, âgés de plus de cinquante ans pour la moitié d'entre eux.
L'objectif du plan corrézien est donc aussi d'éviter leur désertion. "Tout l'enjeu de notre dispositif, c'est d'attirer les vétérinaires, leur faire connaître le milieu rural et la profession de vétérinaire auprès d'animaux de production" précise Hélène Rome, Vice-présidente (DVD) du conseil départemental de Corrèze.
Ce plan corrézien peut être un moteur pour faire venir des gens dans le département, mais aussi un moyen pour garder les gens dans le département.
Thomas BesseVétérinaire à Lubersac
Sur cinq ans, la Corrèze a débloqué 1,2 million d'euros pour couvrir les frais des jeunes professionnels, et peut-être, les inciter à exercer dans le département.