L'éventuelle prolongation de l'autorisation du glyphosate divise en Limousin

La commission européenne a proposé hier aux 27 États de renouveler pour 10 ans supplémentaires l’autorisation d’utilisation du glyphosate. Une bonne nouvelle pour certains agriculteurs et danger pour les défenseurs de l’environnement et de la santé.

C'est une information très clivante. En juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) affirmait dans un rapport ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher l'autorisation du glyphosate. S'appuyant sur cette nouvelle étude, la commission européenne a proposé mercredi 20 septembre aux États de renouveler pour 10 ans l'autorisation du produit controversé.

Une clarification bienvenue pour le président de la chambre d'agriculture de Haute-Vienne, membre de la coordination rurale : "On n'est pas des gros utilisateurs de glyphosate sur la région, mais on a des herbes résistantes qui nous posent des problèmes, en particulier le liseron, le chardon, l'avoine et le chiendent. Cette année par exemple pour la moisson, il y avait beaucoup de liseron qui empêche de moissonner. Il vaut mieux passer un ou deux litres de glyphosate à l'hectare plutôt que de ne pas pouvoir produire. On est dans une impasse technique. On n'est pas des fous, on n'en utilise pas sans raison et il faut qu'on en retrouve un usage plus libre qu'aujourd'hui" plaide Bertrand Venteau. 

Depuis longtemps, les agriculteurs conventionnels dénoncent une absence d'alternative au glyphosate, qui occasionne une distorsion de concurrence. Pour eux, ce qui n'est plus produit en France à cause de ces restrictions est importé d'autres pays où les concentrations utilisées sont bien supérieures. C'est ce que dénonce également Jean-Baptiste Moreau l'ancien député agriculteur de la Creuse devenu lobbyiste.

Pourtant, des études de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) soulignent la menace du glyphosate pour la biodiversité et pour la santé. Les médecins alertent : 40 à 98% de la population serait contaminée au glyphosate. Ils appellent la France à s’opposer à la proposition européenne.

Pierre-Michel Périnaud préside l'association « Alerte des médecins sur les pesticides », créée en Limousin en 2013. Il dénonce la méthode de l'agence européenne qui estime le glyphosate sans danger : "L'EFSA continue de juger sur les documents qui lui sont fournis par les industriels, sans prendre en compte la littérature scientifique. Or cette littérature est abondante et ses conclusions confirment tous les arguments avancés. La cancérogénicité du glyphosate en matière de Lymphome, la génotoxicité et un nouvel élément, la perturbation endocrinienne. L'Europe étudie la substance active, mais pas l'entièreté du produit versé dans les champs. Le glyphosate, c'est un tiers des pesticides épandus dans le monde. Les études montrent qu'il y a 40 à 98% de la population qui est contaminée, pas seulement exposée, mais contaminée par le glyphosate".

La proposition de la commission sera examinée ce vendredi par les représentants des 27 États membres. Ils devront ensuite la valider lors d’un vote le 13 octobre prochain.

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