C’est un sport peu commun sur les terres du Limousin et plus généralement dans toute la Nouvelle-Aquitaine : un seul et unique club permet de découvrir la "balle au tambourin". Cette discipline traditionnelle typique de l’Hérault est pratiquée depuis 25 ans maintenant à Monceaux-sur-Dordogne en Corrèze.
Niché au cœur de jolies collines corréziennes, un grand terrain de 80 mètres de long sur 20 mètres de large, en terre battue, entouré de filets, interpelle à l’approche du petit village de Monceaux-sur-Dordogne, 600 âmes. Plusieurs fois par semaine, le son des balles en caoutchouc y résonne. Elles tapent sur le fameux objet qui a donné son nom à ce sport un peu étrange, en tout cas peu connu : le tambourin. Il ressemble à l’instrument de musique, les cymbalettes en moins bien évidemment…
« C’est une toile synthétique posée sur un cercle en plastique, avec une tige en ferraille dedans, pour le solidifier, détaille Antoine Bonnel, joueur et président du Tambourin Club de Monceaux. On met la main sur la toile, on enfonce les quatre doigts dans la poignée et on joue avec le pouce sur la toile. »
Un sport traditionnel héraultais... ou italien
La discipline est née au milieu du XIXᵉ siècle et sa paternité est revendiquée à la fois par le département de l’Hérault et par l’Italie. À l’instar du jeu de paume, ce sport compte parmi les ancêtres du tennis. Le principe est donc le même : renvoyer la balle dans le camp adverse. Chaque équipe se compose de cinq joueurs : deux cordiers (près de la ligne centrale), le tiers (au milieu du terrain) et deux fonds (à l’arrière du terrain). L’équipe gagnante est la première qui totalise treize jeux.
C’est très technique et la force ne fait rien. C’est vraiment la gestuelle, la technique et le placement qui font tout.
Antoine Bonnel, président du Tambourin Club de Monceaux
Monceaux dans l'élite
Le Tambourin Club de Monceaux évolue aujourd’hui au plus haut niveau national, alors que ce sport compte une dizaine de divisions en France. Et le club corrézien compte parmi les cinq meilleures formations françaises. Dans cette commune, le tambourin est aujourd’hui une institution, un pan du patrimoine local.
Je suis tombé dedans tout petit ! Mon père y jouait, mon grand frère y jouait, donc tous les week-ends, je venais voir les matches et me voilà maintenant dans l’équipe première.
Baptiste Maugein, joueur
Un homme à l'origine de "l'importation"
Et si le tambourin se transmet de génération en génération à Monceaux-sur-Dordogne, c’est grâce à un seul homme : Laurent Zumello. Dans les années 90, il pratiquait la balle au tambourin dans son université dans le département du Nord. Car si ce sport se pratique traditionnellement dans l’Hérault, il a été exporté dans le nord, où il compte quelques pratiquants. Puis, en 1998, Laurent Zumello est muté en Corrèze.
J’en parlais à quelques amis, autour de chez moi, et un jour, ils m’ont dit "Bah tiens, montre-nous ! C’est quoi ton truc ? Comment on joue au tambourin?"
Laurent Zumello, importateur du tambourin en Corrèzeà France 3 Limousin
Alors Laurent Zumello initie ses copains. À l’origine, ils jouaient sur une ancienne piste d’aviation, mais intrigué, le maire leur fait rapidement construire un premier terrain. Depuis, à Monceaux-sur-Dordogne, l’engouement pour ce sport insolite n’a jamais faibli. Au contraire…
Ce qui est assez valorisant pour moi, dont je suis un peu fier, c’est que nous sommes un des clubs qui a eu la plus grande progressivité dans le milieu du tambourin. En dix-huit ans, on est passés du niveau le plus bas, au niveau national le plus haut.
Laurent Zumello, importateur du tambourin en Corrèze
Les enfants jouent aussi !
Pour ancrer ce sport encore plus durablement dans ce village, les dirigeants du club veulent assurer la relève. Il y a un an, une section enfant a donc été créée, et pour attirer les petits, le Tambourin Club de Monceaux a eu l’idée de passer par l’école de la commune : le club y propose des cycles d’initiation. Et ça marche : certains enfants qui ont découvert le tambourin à l’école, sont désormais inscrits au club.
Ce qu’on cherche, c’est que les gens d’ici s’approprient cette pratique. Et c’est ce qui est en train de se produire.
Philippe Marchegay, entraîneur des enfants au Tambourin Club de Monceaux
"Pour les enfants de Monceaux, le sport « traditionnel », c’est la balle au tambourin et quand on parle de balle au tambourin aux gens, ils pensent à Monceaux maintenant. Donc c’est un peu dans les deux sens » ajoute le coach.
6000 licenciés pratiquent aujourd’hui le sport-tambourin en France. D’autres pays y jouent aussi, comme l’Italie, l’Espagne, le Bénin, le Brésil, ou l’Égypte. Les Français sont actuellement champions du monde. Un jour, peut-être, un jeune corrézien sera sacré du titre suprême, alors il viendra forcément de Monceaux-sur-Dordogne.