Les thés dansants du dimanche après-midi ont disparu avec la crise sanitaire. En Limousin, les amoureux du piano à bretelle commencent à trouver le temps long.
Vendredi 21 mai, le conseil d’état a rejeté les demandes d’exploitants de discothèques qui réclamaient leur réouverture d’ici au 30 juin, jugeant que “l’interdiction de circuler entre 21h00 et 6h00 du matin à compter du 19 mai n’apparaissait pas disproportionnée au regard de la situation sanitaire du pays”.
De fait, les thés dansants qui animent le Limousin pâtissent de cette décision car ils sont régis par la même législation. Or, ils se déroulent le dimanche après-midi.
Chaque semaine, le dancing de Maison rouge accueille 150 invétérés du musette à Bonnac la Côte. Claude Morange, le propriétaire, s’interroge : “On parle beaucoup des actifs qui vont en discothèque, mais peu des retraités en milieu rural. Le thé dansant, c’est souvent la seule sortie de la semaine pour nos 60/85 ans. Ça les oblige à s’habiller, se pomponner. Ils viennent de perdre deux années précieuses. Et à cet âge, chaque moment compte".
Convivialité
Auparavant, l’accordéon animait les balloches du samedi soir en Limousin. Ceux qui apprécient cette musique ont vieilli. Ils préfèrent désormais venir s’amuser le dimanche après-midi, parce que c’est moins fatiguant.
Avant la crise sanitaire, on comptait une dizaine de thés dansants chaque weekend en Corrèze. Bernard Rual et son orchestre animaient pas moins de 80 après-midi festifs par an. Pour garder un lien avec la musique, il s’apprête à enregistrer un album et un DVD. Mais celui qui est aussi maire de la petite commune de Chamberet sait bien que la crise sanitaire et la disparition de ces moments privilégiés de rencontres ont rompu un lien social.
On ressent que cette population fidèle n’a plus trop le moral.
REPORTAGE : Un thé dansant animé par Bernard Rual le 23 janvier 2019
Chantale a 71 ans. Elle a travaillé toute sa vie en usine et vit aujourd’hui seule près de Limoges. La semaine, elle randonne beaucoup. Mais pour se faire des amis, c’est la danse qu’elle préfère : “Je suis vaccinée contre la Covid 19. Quand on passe 5 heures au thé dansant, c’est un bon sport et ça me manque”.
Jean Paul et son épouse éprouvent eux aussi beaucoup de joie à écouter la musique de leur jeunesse : “Je ne suis pas un super danseur, mais ça me permet de rester en contact avec des gens et c’est un petit entretien physique”.
Alex Dessassis est le kinésithérapeute de Chamberet. Ses patients lui parlent souvent de ces thés dansants qui ont disparu : “Ça les préoccupe beaucoup. C’est une activité physique en moins chez les séniors, mais c’est surtout au niveau social que ça semble poser un gros problème”.
En attendant, tous les fans de musette espèrent retrouver le son de l’accordéon cet été lors d’éventuelles courses cyclistes cet été.