Alors que le maire de Tulle dit "non à l'ouverture des écoles" le 11 mai, expliquant "ne pas être en mesure de garantir la sécurité sanitaire aux enfants et aux personnels" à cette date, que pensent d'autres élus limousins ? Tour d'horizon de différentes positions en Creuse et en Haute-Vienne.
Tandis-que l'Association des Maires de France réclame aux autorités "un plan de déconfinement précis au niveau national", certains élus s'insurgent contre la réouverture des classes le 11 mai prochain.
À Tulle
C'est le cas notamment de Bernard Combes, le maire (PS) de Tulle. Il dénonce l'incohérence d'ouvrir les écoles alors que l'on empêche les gens de se rassembler dans des restaurants, au cinéma ou autre.
Bernard Combes demande au Chef de l'Etat de bien réfléchir à cette mesure. La ville de Tulle accueille entre 900 et 1000 élèves, une centaine d'enseignants et près de 80 agents. Impossible pour l'élu de compromettre la santé de toutes ces personnes.
"Je ne suis pas en mesure de garantir la sécurité sanitaire aux enfants et aux personnels".
Le 11 mai, il n'y aura donc pas d'ouverture généralisée des écoles à Tulle. Le maire dit quand même se pencher sur la question même s'il dénonce un double discours de la part du gouvernement.
"Il y a d'une part une volonté de rétablir l'égalité des chances à l'école pour les enfants en difficulté, mais il y a aussi une absence d'objectif de scolarité. Les enfants ne sont pas en mesure de respecter les gestes barrières. Nous allons les mettre en danger"
De façon régulière, des parents inquiets téléphonent à la mairie de Tulle. Certains ne souhaitent pas que leurs enfants reprennent tout simplement l'école dans ces conditions sanitaires si particulières et anxiogènes. D'autres parents, eux, s'inquiètent car, à partir du 11 mai, ils vont sans doute reprendre le travail et ils n'ont pas de solution de garde pour leurs enfants.
Bernard Combes s'engage à proposer à ces parents un dispositif de garde élargi à ces enfants (pas seulement ceux du personnel soignant) pour que les parents puissent reprendrent le travail.
Contactée à plusieurs reprises, la Préfecture de la Corrèze n'a pas donné suite à nos demandes d'interview par téléphone à propos du parti pris de Bernard Combes de ne pas vouloir rouvrir les écoles de la ville le 11 mai prochain.
À Saint-Junien
En Haute-Vienne, la commune de Saint-Junien attend les directives du gouvernement.
"Si on nous demande de prendre tous les enfants en même temps, les mesures barrières ne seront pas respectées. Et puis on ne sait pas comment on va gérer la partie repas" déclare Pierre Allard, le maire (PC) de Saint-Junien.
Dans cette commune haut-viennoise, environ 900 élèves sont accueillis dans les écoles primaires, et plus de 2000 dans les collèges et lycées.
Avant le confinement, toutes les classes avaient bénéficié d'un grand nettoyage. Si les enfants doivent être accueillis le 11 mai prochain, "toutes les classes et les cours de récréation seront désinfectées par précaution" ajoute le maire de Saint-Junien.
Depuis le début du confinement, dans l'école de Saint-Junien, où les enfants des personnels soignants sont accueillis, les classes sont désinfectées tous les jours.
"Je ne juge pas de l'opportunité de la mise en place de cette date du 11 mai par le gouvernement. Je comprends qu'il fallait donner une date aux gens pour les rassurer. Et puis, cette date a été établie par le gouvernement avec l'aide d'un comité scientifique. Moi je ne suis pas médécin ni scientifique pour juger cette décision", assène Pierre Allard.
À Guéret
Dans la plus grande ville de la Creuse, Michel Vergnier, le maire (PS) de Guéret s'est dit surpris par cette date du 11 mai."Je ne m'attendais pas une reprise de l'école aussi rapide. Il me semblait qu'une rentrée au mois de septembre aurait été plus raisonnable. Nous sommes déjà au mois d'avril. Le gouvernement nous demande, on fera !" déclare Michel Vergnier.
Quant au décrochage scolaire de 20% des élèves pendant le confinement, l'élu pense qu'il y avait d'autres solutions pour essayer de les rattraper plutôt que de faire rentrer ces enfants le 11 mai.
"J'ai été maître d'école pendant 30 ans, je pense savoir de quoi je parle. J'ai bien du mal à comprendre la situation. Combien d'élèves vont reprendre le 11 mai ? Et lesquels ? Sur quels critères ? Même l'Inspecteur de l'Académie de la Creuse, pour lequel j'ai un grand respect, ne sait rien" ajoute-t-il.
Michel Vergnier a l'impression que c'est l'économie qui dicte cette date du 11 mai.
"Quant aux maires qui disent ne pas vouloir rouvrir leurs écoles, je réponds que l'école est obligatoire. Mais le gouvernement va devoir éclairer notre lanterne et on a du pain sur la planche. Mais il faudra exécuter ce qu'on nous demandera. À moins qu'il y ait un un mouvement de contestation général chez tous les maires de France"
En résumé, après avoir contacté par téléphone plusieurs maires du Limousin, on sent bien que nombreux sont ceux qui se sentent un peu perdus face à cette date du 11 mai.
Tous réclament aujourd'hui un plan de déconfinement précis au niveau national. Les élèves devront-ils porter des masques, y en aura-t-il pour tout le monde ? A cette heure, beaucoup de questions subsistent.