Depuis le 1er janvier 2022, les candidats ont l’obligation de fournir leur propagande électorale en format Facile à lire et à comprendre (FALC). En Creuse, l'établissement et service d'aide par le travail (ESAT) vient de mettre en place un atelier FALC et les premières commandes de candidats commencent à arriver.
Adapter le programme électoral de l'un des candidats creusois en FALC, comprenez Facile à lire et à comprendre. Voilà ce qui occupe ces travailleurs de l'ESAT d'Ahun et leur monitrice Mame N' Dagh Faye .
"Une main tendue avec la planète, ça vous parle ?", demande Mame N' Dagh Faye aux 4 travailleurs du jour. Eux-mêmes atteints de déficience intellectuelle, ils pointent les zones d'ombres, d'incompréhension, dans ce programme pour adapter son contenu et donc le rendre plus accessible.
En Creuse au sein de l'ESAT, 12 personnes ont été formées spécifiquement au FALC. Chaque jour, ils travaillent par groupes de quatre avec leur monitrice, ce qui leur permet de se relayer à cette tâche qui demande beaucoup d'attention. L'atelier est "composé de tel sorte que ce soit les personnes en situation de handicap qui valident ce texte (...). Avoir des personnes avec des niveaux différents permet d'avoir des degrés de lecture différents ", développe la monitrice.
Pour ce faire, "On utilise 53 règles sur lesquelles on s’appuie pour faire cette transcription qui n'est pas une traduction, ça n'a rien à voir."
On utilise des phrases simples, du vocabulaire d'usage courant et on s'appuie aussi sur des pictogrammes.
Mame N' Dagh Faye, monitrice de l'atelier FALC.
Un dispositif créé le 16 mai dernier par l'ESAT23, l'une des structures de l'ADEI23, qui oeuvre pour l'inclusion des personnes déficientes intellectuelles notamment par le travail.
Christian Bechet, l'un des travailleurs de l'atelier ce matin constate lui-même l'importance d'inclure des personnes en situation de handicapes au dispositif : "C'est plus évident pour nous de voir et de comprendre ce qu'ils lisent. Moi ça me permet d'apprendre des choses aussi. Il y a certains documents sur les lois que j'ai pas comprises et comme on travaille en équipe, ça permet de comprendre le document (...) parce que des fois en lisant juste le titre du document ça nous donne même pas envie de la lire ! "
Faisant encore figure d'exception, la transcription de ce type de document en FALC relève néanmoins d'un véritable enjeu pour un débat démocratique et inclusif, comme le souligne Mame N' Dagh Faye : "L’intérêt c'est que toute personne puisse se saisir d'un document qui a quand même une sacrée importance et pour la personne et pour le pays en tant que citoyen."
C'est important de savoir ce qu'il y a dans les programmes pour pouvoir mieux voter, pour les personnes qu'on veut !
Abigaelle Pelangeon, travailleuse au sein de l'atelier FALC.
Bien consciente de cette problématique, se former à cela semblait évident pour Christian Bechet : "Moi, j'aime bien aider les autres, leur expliquer, mais c'est quand même plus facile avec un document très simple et surtout avec beaucoup moins de pages !"
L'écriture facile à lire et à comprendre ne se limite évidemment pas aux personnes atteintes de déficience intellectuelle mais elle est également un outil de taille pour les personnes ayant des difficultés à comprendre la langue française.
Personnes sourdes et malentendantes : traduire les débats en langue des signes
Toujours dans cette perspective d’inclusion des personnes en situation de handicap, la traduction des débats politiques à la télévision est un enjeu-clé pour les personnes malentendantes ou sourdes. Si cette pratique progresse, elle n'est pas obligatoire contrairement aux sous-titres.
Ils ne vont pourtant pas l'un sans l'autre,"c'est complémentaire, les sous-titres sont utiles pour des personnes qui ont perdu ou qui perdent l'audition et qui vont lire les échanges. Alors que la langue des signes, c'est une langue comme l'anglais, l'espagnol, l'italien... donc c'est vraiment une traduction dans une langue." développe Marie Rouanet qui interprète en langue des signes Française-Francais les débats des législatives pour France 3 Limousin.
Et pour cause, selon une étude réalisée par l'Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et Média'Piprès en juillet 2021, 70 % des personnes sourdes et malentendantes estiment que les sous-titres sont de qualité insuffisante pour suivre les débats politiques.