Creuse : Adhémar Vialle et Jessy Fatowiez condamnés à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Kevin Gentil

18 ans pour les deux meurtriers de Kevin Gentil, c'est le verdict des Assises de la Creuse de ce vendredi 16 octobre. Adhémar Vialle et Jessy Fatowiez sont reconnus coupables d'assassinat et de complicité d'assassinat pour fourniture d'armes et instructions.

Le verdict vient de tomber : 18 ans de réclusion pour Adhémar Vialle, reconnu coupable d'assassinat de Kevin Gentil, et 18 ans pour Jessy Fatowiez, reconnu coupable de complicité d'assassinat. Kevin Gentil a été abattu place Bonnyaud à Guéret le 14 juillet 2016. La qualification d’assassinat est retenue pour Adhémar Vialle et la complicité d'assassinat pour fourniture d’armes et instructions. Est prononcée une peine identique de 18 ans de réclusion dont 9 de sûreté contre Adhémar Vialle et Jessy Fatowiez. Avec une obligation de suivi socio-judiciaire pendant 8 ans.

Réquisitions


Un peu plus tôt dans la journée, c'est une peine de 20 ans de réclusion criminelle qui avait été requise pour les deux accusés. Au 5è et dernier jour du procès, l’avocat général avait également demandé un suivi socio-judiciaire de 10 ans. Il avait suggéré aux jurés de ne pas faire de différence entre les deux accusés. Adhémar Vialle qui a tiré "ayant été chauffé à blanc pas son mentor".
Pour lui, si on a tourné en rond autour des raisons de leurs actes, "ce drame est arrivé sur fond d’un contentieux de trafic de stupéfiants, ce même trafic dont l’instruction arrive bientôt à son terme et qui sera bientôt jugé devant le Tribunal Correctionnel".
"Alors oui Kévin Gentil n’était pas un enfant de cœur et ce n’est pas faire injure à sa mémoire, mais sans doute parce qu’il a 4 ans de plus, sans doute parce qu’il a un caractère à ne pas se laisser faire, il va vouloir faire cesser les gamineries du jeu de ces deux-là. Mais personne ne mérite de mourir ainsi".
 

Les responsabilités des accusés

Une peine identique de 20 ans de réclusion criminelle requise contre celui qui "avait le doigt sur la gâchette et celui qui conduisait la BMW, et qui est allé jusqu’à l’arrêter pour ne pas manquer sa cible", a souligné l’Avocat général.
Parce qu’Adhémar Vialle a été chauffé à blanc par son maître à penser, son mentor qui était Jessy Fatowiez a rappelé l’avocat général, estimant même que "ce dernier aurait dû comparaître comme co-auteur et non comme complice pour fourniture de moyens".
Une peine lourde à l’encontre de ces deux jeunes âgés aujourd’hui du même âge que leur victime. 24 ans.
L’avocat d’Adhémar Vialle quant à lui a commencé sa plaidoirie en se tournant vers la mère, la grand-mère et la famille de Kevin Gentil :
"Oui, Adhémar reconnaît sa culpabilité. Oui, Adhémar a tué votre fils et votre petit-fils".
Mais se tournant ensuite vers la Cour et les jurés, il a ensuite demandé :
"Mais de quelle culpabilité parle-t-on ? Aucune préméditation ne peut être retenue dans l’esprit d’Adhémar, comme il n’y a pas eu d’ailleurs de démonstration de préméditation par l’avocat général", conclut-il.

Ce vendredi, Me Guillaume Viennois qui défend Adhémar Vialle, déclare que "nous avons tous été consternés d’apprendre que personne, aucun des témoins, amis de Kévin Gentil, n’avait appelé la Police quand les coups de feu ont été tirés. Mais parce que personne n’a eu vraiment peur !" Et Me Viennois de poursuivre que "les insultes, les doigts d’honneur, les SMS provoquants sont le mode de fonctionnement entre tous ces jeunes. Aucun des amis de Kévin ne va se sentir en danger, pas même Kévin". Pour l’avocat d’Adhémar Vialle "personne n’appelle la police par ce que personne ne ressent une intention de tuer chez ces deux là, pour tout le monde c’est une intention d’impressionner. Or l’intention de tuer doit se prouver".  "Apporte t-on la preuve de l’intention de tuer ? interroge encore Me Viennois. Non, de faire peur ? Oui. Alors une préméditation peut-elle constituer une preuve de l’intention de tuer ? Non.
Se tournant vers les jurés Me Viennois avance : "alors aux questions qui vous sont posées, Adhémar a-t-il volontairement donné la mort à Kévin Gentil ? Non. S’est-il rendu coupable de violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner ? Oui".
L'avocat de Jessy Fatowiez a plaidé en dernier. Celui-ci a également démontré que "les deux accusés n'ont toujours eu qu'une seule intention, celle d'impressionner, celle de faire peur, jamais celle de tuer".
"Comme Me Viennois je plaide aux Assises depuis 20 ans, poursuit Me Philippe Lefaure, qui plaide pour Jessy Fatowiez, au volant de la BMW, poursuivi pour complicité. Et j'ai rarement confronté à une affaire aussi atypique. Aucune émotion des témoins, amis de Kévin".
Me Lefaure poursuit "on a des mensonges, des non-dits, tous inconscients, qui ont poursuivi leur soirée après les 2 coups de feu en l’air en plein centre, c’est surréaliste ! Des histoires de gamins disent-ils ! Ils sont hors réalité !"

Les accusés ont tenu à s'exprimer avant que la Cour ne se retire pour présenter une nouvelle fois leur pardon aux membres de la famille de Kevin Gentil. Adhémar Vialle a même rappelé qu'il était particulièrement marqué par la relation que Kevin avait avec sa grand-mère. Lui-même ayant été élevé aussi par sa grand-mère.

Pour rappel

Aux assises de la Creuse, Adhémar Vialle et Jessy Fatowiez sont jugés pour assassinat et complicité d'assassinat sur la personne de Kevin Gentil, dans la nuit du 14 juillet 2016.
Le meurtre jugé depuis lundi par la Cour d'Assises de la Creuse a eu lieu en plein centre de Guéret, sur la place même du Palais de Justice, la place Bonnyaud. Un assassinat qui a ému toute la Creuse, l'un des départements les plus sûrs de France. Pas un seul meurtre n'avait été recensé en 2015. 
C'était le soir du 14 juillet, il y a 4 ans. Il faisait beau, il y avait du monde sur les terrasses. Une BMW blanche aux vitres teintées circulait bruyamment, se faisant remarquer à plusieurs reprises. Et quand elle revient vers 1h du matin, c'est pour un drame. Adhémar Vialle, 20 ans, sort par le toit ouvrant. Quelques mots sont échangés, et le voilà qui vise Kevin Gentil, 24 ans qui arrive vers lui. Il tire avec une arme de type fusil de chasse. A moins de 8m. En pleine tête. Plusieurs témoins sont alors choqués. La victime décède huit heures plus tard au CHU de Limoges.
L'enquête révèle que plus tôt dans la soirée, Adhémar Vialle cherchait activement Kevin Gentil dans la ville. Des coups de feu en l'air étaient même tirés devant le bar Rochefort, à 300 mètres de la place, où ses amis prenaient un verre. Personne cependant n'avait appelé la Police.
Les policiers arrêtent l'auteur du tir mortel trois jours plus tard à la gare des Bénédictins à Limoges. Le conducteur de la BMW,  lui, également 20 ans, n'est interpellé que deux mois après les faits, à Orléans.
Ils comparaissent pour assassinat et complicité d'assassinat. 
Des querelles futiles, un mobile difficile à cerner.

Les accusés, aujourd'hui âgés de 24 ans, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. 



 
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