A Aubusson, le premier tour n'avait pas donné de verdict définitif. Le 28 juin, il restera à départager les trois candidats qui restent potentiellement en lice : Catherine Debaenst (divers droite 21,81%), Michel Moine, le maire sortant (divers gauche 32,8%) et Jean-Luc Léger (divers centre 36,63%).
L'annonce du second tour est à peine tombée que l'on se demande si à Aubusson il y a vraiment eu une trêve entre les candidats qui restent en course pour la mairie. L'atmosphère, déjà particulièrement lourde avant le premier tour, ne semble pas s'être apaisée. En témoigne, cet arrêté du 15 mai par lequel le maire Michel Moine a retiré leurs délégations à deux de ses adjoints dont l'un est engagé dans une liste concurrente (celle de Jean-Luc Léger) et dont la seconde avait confessé qu'elle ne voterait pas pour lui.
Pas d'union sacrée à Aubusson pour faire face à la crise ? C'est en tout cas ce que déplorent de concert Jean-Luc Léger (dont la liste DVC est soutenue par le député LREM Jean-Baptiste Moreau) et Catherine Debaenst (qui a pris la tête de la liste DVD suite au retrait de Jean Auclair).
"Depuis le premier tour, la maire sortant mène une campagne très violente à mon égard. C'est une façon très particulière de faire de la politique. Peut-être a-t-il été déçu des résultats du premier tour. En tout cas, contrairement aux autres communes, ici, il n'y a pas eu d'union sacrée pour faire face au virus" déplore Jean-Luc Léger.
Pas d'union sacrée à Aubusson
" C'est vrai qu'il n'y a pas eu d'union. Il me semble pourtant que, pendant les crises graves comme celle que nous traversons, il faudrait pouvoir travailler tous ensemble, mettre les compétences en commun, c'est ce que nous portions dans notre programme" affirme de son côté Catherine Debaenst.
Des affirmations balayées par l'ancien socialiste Michel Moine. "L'union, personne ne me l'a proposée. J'ai envoyé plusieurs messages à Jean-Luc Léger qui sont restés sans réponse. Cette crise a été révélatrice. Elle a montré le vrai visage de ceux qui sont capables de prendre les bonnes décisions et ceux qui prennent des mauvaises décisions de manière solitaire ou qui continuent à faire campagne de manière un peu pathétique. " Nul besoin de répartir les rôles dans ces sous-entendus…
A la question de savoir s'il est pertinent d'organiser le vote fin juin, le maire sortant se montre dubitatif.
Tout ça est un peu bâclé. On voit bien que le gouvernement veut sortir de cette séquence initiée avec le premier tour et dont il ne sait pas comment se dépêtrer. J'aurais souhaité que le scrutin se déroule dans de meilleures conditions de sécurité sans que les électeurs craignent de se contaminer et que le résultat en soit ainsi influencé.
Michel Moine
"Quand faut y aller, faut y aller !" pour Catherine Debaenst
Pour ses concurrents en revanche, il est temps d'aller au bout. Jean-Luc Léger veut que les commandes publiques pour les entreprises qui sont en attente de travaux puissent être relancées. Il y pose en revanche des conditions de sécurité sanitaires.
Résignée, Catherine Debaenst estime de son côté qu'il faut y aller.
"En tant que soignante, je me fie à l'avis du conseil scientifique explique Catherine Debaenst. Il faut qu'on apprenne à vivre et donc à voter avec ce virus. Le maire a eu aussi toute latitude pour communiquer pendant la crise alors que nous, nous étions confinés".
Comment faire campagne ?
Pas question de faire du porte-à-porte. La candidate de droite est donc résolue à se rabattre sur son téléphone. Dans le camp de Jean-Luc Léger la question est à l'étude, quand dans celui de Michel Moine, on ne "préfère pas dévoiler à nos concurrents notre façon de faire campagne".
Les points de vue partagés par Jean-Luc Léger et Catherine Debaenst annonceraient-ils un rapprochement entre les deux listes pour faire face au maire sortant ? C'est trop tôt pour le dire. Si la décision semble arrêtée dans le camp de la candidate de droite, elle attend une réunion de ses colistiers en début de semaine pour faire le point et annoncer publiquement sa décision de se maintenir pour une triangulaire ou de se rapprocher d'une autre liste.
Nous avons pu discuter avec Messieurs Moine et Léger. Nous donnerons notre avis définitif mardi. J'ai bien conscience d'être en position d'arbitre ou d'épine dans le pied. On va décider si on se maintient ou pas.
Catherine Debaenst
Une union des deux listes, c'est ce que Jean-Luc Léger appelle de ses vœux. "Nous avons déjà commencé à faire l'union sur notre liste dès le premier tour et nous sommes prêts à continuer. Nous allons également prendre en compte les effets de la crise dans notre programme en insistant encore plus avec la relocalisation de la production que l'on peut aussi porter au niveau local".
Michel Moine anticipe quant à lui une candidature maintenue de Catherine Debaenst et se prépare donc à une triangulaire. Il devrait également préciser son programme en milieu de semaine prochaine.
"J'ai du mal à reprendre le rôle du candidat. En tant que maire, j'ai été mobilisé et j'ai tâché de faire le boulot pendant ces 55 jours psychologiquement éprouvants" explique encore le maire sortant.
Il faudra donc attendre un peu pour savoir quelles forces seront en présence. Une élection qui visiblement ne se jouera pas grâce aux consignes de vote et à l'arbitrage du quatrième candidat Jean-Luc Pissaloux (divers droite 8,74%), injoignable et qui n'a pas donné beaucoup de signes de vie depuis le premier tour…